L’hyperplasie est une pathologie non cancéreuse (bénigne) où les cellules tapissant les canaux lactifères et les lobules se développent de manière anormale, entraînant la formation de couches de cellules supplémentaires.
L’hyperplasie se classe en deux types :
- Hyperplasie habituelle : le nombre de cellules augmente, mais elles semblent encore relativement normales sous un microscope.
- Hyperplasie atypique : les cellules se développent selon un schéma inhabituel et peuvent sembler irrégulières sous un microscope.
L’hyperplasie atypique est moins répandue que l’hyperplasie habituelle et elle est décelée dans environ 10 % des biopsies bénignes du sein. Bien qu’elle partage certaines caractéristiques avec le cancer du sein, il ne s’agit pas d’un cancer. Cependant, elle augmente le risque de développer un cancer du sein de 3 à 5 fois par rapport aux personnes qui ne présentent pas de changements mammaires, ce qui en fait une condition précancéreuse.
Facteurs de risque
Les facteurs de risque de l’hyperplasie atypique sont similaires à ceux du cancer du sein et comprennent :
- L’âge (la plupart des diagnostics sont posés après 50 ans)
- Les antécédents familiaux et les mutations génétiques (p. ex., les gènes BRCA1 et BRCA2)
- La densité du tissu mammaire
- L’utilisation d’hormones (p. ex., pilules contraceptives, thérapie de remplacement hormonal)
- Les facteurs liés au mode de vie, comme la consommation d’alcool, l’inactivité physique et l’obésité
- L’exposition antérieure à des radiations thoraciques
Types d’hyperplasie atypique
L’hyperplasie atypique peut se manifester sous deux formes :
- Hyperplasie ductale atypique (HDA) : on la trouve dans les canaux mammaires; elle partage certaines des caractéristiques du carcinome canalaire in situ (CCIS), mais c’est une lésion bénigne avec un risque accru de cancer du sein pour l’avenir.
- Hyperplasie lobulaire atypique (HLA) : on la trouve dans les canaux mammaires; elle est similaire au carcinome lobulaire in situ (CLIS), ce qui augmente le risque de cancer du sein futur.
Un test permettant de rechercher l’E-cadhérine dans un échantillon de tissu peut être mené pour aider à distinguer la HDA et la HLA, car les cellules de la HDA produisent généralement cette protéine, à l’inverse des cellules de la HLA.
La HDA et la HLA présentent des risques de progression similaires vers un cancer du sein au fil du temps. Les recherches indiquent que le risque absolu de développer un cancer du sein après un diagnostic d’hyperplasie atypique est d’environ 1 % par an, ou environ 30 % sur un suivi de 25 ans. Plus une personne est jeune au moment du diagnostic, plus son risque de développer un cancer du sein plus tard dans la vie est élevé.
Diagnostic de l’hyperplasie atypique
L’hyperplasie atypique ne cause généralement pas de symptômes notables, bien que certaines personnes puissent ressentir rarement des douleurs mammaires. On la détecte le plus souvent lors d’examens d’imagerie mammaire de routine, comme les mammographies ou les échographies, où elle peut apparaître sous forme de minuscules dépôts de calcium (microcalcifications).
Une biopsie mammaire est nécessaire pour confirmer un diagnostic d’hyperplasie atypique. Parfois, des techniques d’imagerie supplémentaires peuvent être utilisées pour aider à détecter d’éventuelles anomalies.
Traitement et prise en charge
Les options de traitement pour l’hyperplasie atypique varient en fonction de facteurs tels que le niveau de risque individuel et l’accès à des soins spécialisés. Les stratégies courantes de prise en charge comprennent :
Une surveillance étroite
On conseille souvent d’adopter une approche attentiste (« attendre pour voir ») qui comprend des mammographies fréquentes et, possiblement, des examens d’imagerie supplémentaires, tels que des tests de dépistage par IRM ou des échographies, pour une surveillance plus étroite.
Des médicaments pour diminuer le risque
Votre prestataire de soins pourrait vous recommander des médicaments pour vous aider à diminuer le risque de développer un cancer du sein. Ces médicaments agissent en faisant baisser les niveaux d’œstrogènes ou en bloquant leurs effets puisque les œstrogènes peuvent encourager la croissance de certains types cellules du cancer du sein. Les médicaments courants comprennent :
- Le tamoxifène (pour les personnes pré- et postménoposées)
- Les inhibiteurs de l’aromatase (pour les personnes postménoposées)
- Raloxifène (pour les personnes postménoposées)
L’effet de ces médicaments sur le risque de cancer du sein varie selon les études. Lorsqu’on combine les résultats, ces médicaments réduisent le risque de cancer du sein récepteur des œstrogènes (ER) positif d’environ 40 %. Cependant, ils ne sont pas efficaces pour prévenir le cancer du sein ER-négatif.
Si vous prenez des médicaments contenant des œstrogènes, comme certaines pilules contraceptives, votre prestataire de soins de santé pourrait vous recommander d’arrêter afin de réduire davantage votre risque.
L’intervention chirurgicale
Dans certains cas, des options chirurgicales peuvent être envisagées, en particulier chez les personnes ayant des facteurs de risque élevé supplémentaires. Elles comprennent :
- L’exérèse assistée par aspiration sous guidage échographique : une procédure minimalement invasive qui permet de retirer le tissu mammaire anormal.
- La tumorectomie : ablation du tissu anormal ainsi que du tissu sain environnant.
- La mastectomie prophylactique : ablation du ou des seins, généralement pour les personnes avec une hyperplasie atypique dans plusieurs régions du sein ou celles ayant des facteurs de risque élevé supplémentaires, comme des antécédents familiaux de cancer du sein ou les seins denses.
Révision médicale par la Dre Roochi Arora, MD, FRCPC, août 2025