« J’ai décidé de subir une opération de reconstruction après les fiançailles de mon fils. Le mariage avait lieu à la plage. Aucun des vêtements que j’avais essayés ne convenait pour ce type de mariage étant donné que je n’avais plus de seins. Une de mes amies m’a parlé d’une nouvelle sorte de prothèse d’expansion qui ne devait pas être retirée puis remplacée lors d’une intervention chirurgicale. Notre famille venait de passer au travers de cinq ans d’opérations et de rendez-vous à l’hôpital. L’idée d’avoir une opération de moins me plaisait vraiment.
Lorsque j’ai rencontré le chirurgien, il m’a expliqué la procédure d’“installation”, soit la réouverture de la cicatrice de la mastectomie pour y insérer un petit disque dans lequel l’eau salée serait injectée. J’ai pu choisir la taille et la forme de la prothèse. J’ai opté pour une prothèse un peu plus grosse que la “version originale” que la nature m’avait donnée et le modèle le plus souple parmi les deux offerts. Le chirurgien m’a indiqué que je devrais me rendre à la clinique chaque semaine environ pour qu’elles soient gonflées. Lorsque le volume maximal serait atteint, la valve serait simplement retirée et je retournerais vaquer à mes occupations.
L’étape du remplissage n’a pas été horrible : une petite piqûre avec une seringue dans la valve qui était légèrement décentrée par rapport à mes nouveaux seins. Suffisamment d’eau était ajoutée pour étirer la peau. La sensation produite me rappelait l’engorgement provoqué par la montée laiteuse après la naissance de mes enfants : mes seins étaient fermes et tendus. Par coïncidence, la journée au cours de laquelle les valves devaient être retirées correspondait à la date et l’heure auxquelles j’avais subi ma mastectomie quatre ans plus tôt. Je n’étais pas dans une salle d’opération. Il s’agissait simplement d’une pièce dans la clinique dans laquelle il y avait une civière. Deux médecins ont enlevé une partie de l’eau saline dans mes seins pour les ramollir. Cela s’est traduit par des seins moins gros que ce que j’avais choisi au départ et, bien honnêtement, ils ne sont pas vraiment moins fermes. Puis ils enduisirent ma poitrine d’antiseptique avant de me piquer pour geler cette région. Pendant qu’un médecin me tenait couchée en appuyant sur mes épaules, l’autre faisait une incision pour retirer les valves. Je devrais dire arracher puisqu’ils ont dû faire plusieurs tentatives, au point de presque me soulever de la civière. Cela a été un moment très émotif pour moi et le chirurgien qui enlevait les valves avait très peu de tact, sinon aucun. Alors que des larmes coulaient sur mes joues, il s’est arrêté pour me dire : “On ne pleure pas en chirurgie.” S’il souhaitait alléger l’atmosphère, c’était raté.
On m’a mis un bandage et je suis retournée à la maison. J’étais traumatisée. On m’a expliqué que mes seins ramolliraient avec le temps. Cela fait six ans maintenant et je ne peux toujours pas dormir sur le ventre. Mes seins sont durs et ne ressemblent pas à des seins naturels. Ils sont comme deux demi-sphères, deux demi-pamplemousses en fait. Il y a un espace entre les deux qui aurait été moins grand, d’après ce que j’ai compris, si les prothèses avaient été entièrement gonflées.
Certains de mes problèmes découlent directement du chirurgien, de son manque de clarté et de tact. Je ne crois pas que la sensibilité au toucher ou l’apparence de mes seins aurait été différente si j’avais eu un autre chirurgien.
Lorsque ces prothèses ne seront plus bonnes, ce qui devrait arriver dans les prochaines années (leur durée de vie est de 5 à 6 ans), je ne prévois pas de les remplacer. Cependant, puisque ma peau a été étirée, je ne sais pas si cela sera possible. Je devrai avoir cette discussion avec un autre chirurgien étant donné que celui qui m’a opérée ne pratique plus dans ma ville. »
~Peggy~