Connaître les différentes mutations génétiques pouvant entraîner un cancer du sein est nécessaire pour comprendre les facteurs de risque de la maladie, en particulier lorsqu’il s’agit des formes héréditaires. Alors que les mutations des gènes BRCA1 et BRCA2 sont désormais largement connues, d’autres mutations génétiques qui le sont moins peuvent elles aussi grandement augmenter la probabilité de développer un cancer du sein. Comprendre ces risques génétiques permet de prendre des décisions éclairées concernant la santé, des mesures préventives aux stratégies de détection précoce. Ici, nous abordons les mutations génétiques moins connues qui peuvent aussi influencer le risque de développer un cancer du sein.
TP53 (protéine tumorale 53)
Le syndrome de Li-Fraumeni (LFS) est lié à des mutations du gène TP53. Aussi, appelé gène suppresseur de tumeur, il agit normalement comme un garde-fou pour empêcher la prolifération et la division trop rapides des cellules. Lorsque ce gène subit une mutation, la protéine qu’il produit devient inactive; les cellules tumorales perdent alors leur protection contre les changements génétiques. Par conséquent, les personnes atteintes de LFS présentent un risque très élevé — jusqu’à 90 % — de développer un ou plusieurs types de cancer avant l’âge de 60 ans, dont beaucoup avant 40 ans. Chez les femmes atteintes du LFS, le cancer du sein est le type de cancer le plus fréquent, et bon nombre d’entre elles reçoivent un diagnostic avant 40 ans. Les cancers du sein chez les femmes présentant une mutation TP53 ont plus de chances d’être des cancers du sein à récepteurs hormonaux positifs (HR+) et/ou HER2-positifs.
PTEN (phosphatase et homologues TENsin)
Le gène PTEN est un autre important gène suppresseur de tumeur, et ses mutations sont le plus souvent associées au syndrome de Cowden. Cette maladie augmente le risque de développer des tumeurs bénignes, mais augmente également la probabilité de certains cancers, y compris le cancer du sein. Les mutations du gène PTEN sont non seulement associées au cancer du sein, mais aussi aux cancers de l’endomètre, de la thyroïde, du rein et du côlon. On trouve souvent les mutations du gène PTEN dans des sous-types plus agressifs du cancer du sein, et la perte de fonction du gène PTEN a été liée à des réponses moins favorables au trastuzumab (Herceptin), un médicament utilisé pour traiter le cancer du sein HER2-positif.
CDH1 (cadhérine 1)
Le gène CDH1 est associé à un plus grand risque de deux types de cancer : le cancer gastrique diffus et le carcinome lobulaire invasif (CLI), une forme de cancer du sein. Le gène CDH1 fournit les instructions pour fabriquer une protéine, E-cadhérine, qui est essentielle pour maintenir l’unité des cellules. Lorsqu’il subit une mutation, ce gène perturbe le lien cellulaire, ce qui peut entraîner le développement du cancer. Environ 6 % des nouveaux cas de CLI sont liés à des mutations génétiques, y compris celles du gène CDH1. Les changements dans ce gène ont été associés à un risque de 55 % de développer un CLI au cours de la vie. Les tests génétiques pour les mutations du gène CDH1 sont particulièrement recommandés pour les personnes présentant un CLI précoce (avant 45 ans), un CLI bilatéral (affectant les deux seins, surtout chez les personnes de plus de 70 ans) ou un antécédent familial fort de CLI. Les critères provinciaux relatifs aux tests génétiques peuvent ne pas refléter ces recommandations, il est donc conseillé d’en discuter avec votre médecin pour savoir si vous y êtes admissible.
STK11 (kinase sérine/thréonine 11)
STK11 est un autre gène suppresseur de tumeur important, et des mutations de ce gène sont liées au syndrome de Peutz-Jeghers (SPJ). Le SPJ peut présenter des signes précoces durant l’enfance, comme des taches cutanées plus foncées autour de la bouche, des lèvres, des doigts et des orteils, et certaines personnes peuvent également développer des taches de rousseur à l’intérieur de la bouche. L’une des caractéristiques principales du SPJ est la croissance de polypes hamartomateux, qui sont des masses non cancéreuses dans le tractus gastro-intestinal. Bien que la plupart des cancers liés au SPJ surviennent dans le système digestif, les individus porteurs de mutations du gène STK11 présentent également un risque plus élevé de développer un cancer du sein, surtout en vieillissant.
PALB2 (partenaire et localisateur de BRCA2)
Le PALB2 est un gène suppresseur de tumeur qui agit en étroite collaboration avec le BRCA2 pour aider à prévenir la transformation des cellules saines en cellules cancéreuses. Les mutations du gène PALB2 sont associées à un risque élevé de cancer du sein et à un risque modérément élevé de cancer de l’ovaire et du pancréas. Les sous-types associés à la mutation du gène PALB2 sont le plus souvent récepteurs des œstrogènes positifs (ER+), mais ont également été liés aux cancers triple négatifs. Les personnes porteuses de cette mutation reçoivent aussi plus souvent leur diagnostic à un plus jeune âge.
CHEK2 (kinase de point de contrôle 2)
Le gène CHEK2 aide à réparer l’ADN endommagé et à contrôler la croissance cellulaire. Les personnes porteuses d’une mutation du gène CHEK2 sont plus susceptibles de développer un cancer du sein, souvent avant l’âge de 50 ans, et sont plus susceptibles de développer un carcinome canalaire invasif (CCI) ou un carcinome canalaire in situ que d’autres types de cancer du sein. Certaines études montrent que les personnes porteuses de mutations du gène CHEK2 pourraient présenter un risque plus élevé de récidive du cancer du sein sur une période de 10 ans.
ATM (ataxie-télangiectasie mutée)
Les mutations du gène ATM provoquent l’ataxie-télangiectasie, un trouble héréditaire rare qui affecte le système nerveux et augmente le risque de cancer du sein. Les cancers du sein liés à la mutation ATM sont plus fréquemment récepteurs des œstrogènes positifs (ER+) et peuvent être plus agressifs et plus difficiles à traiter.
Le dépistage génétique est le seul moyen de confirmer avec certitude la présence d’une mutation génétique associée au cancer. L’évaluation du risque de cancer héréditaire est un processus utilisé pour estimer la probabilité d’hériter de mutations dans des gènes liés au cancer, en se basant sur les antécédents médicaux personnels et familiaux. Cette évaluation comprend le conseil génétique, les tests et la gestion des personnes pouvant présenter un risque, les aidant à prendre des décisions éclairées sur la surveillance du cancer, les chirurgies préventives et l’utilisation de médicaments ou d’autres traitements pour réduire le risque.
Une évaluation adéquate du risque de cancer héréditaire est essentielle pour comprendre les risques personnels et familiaux de cancer du sein et d’autres cancers. Pour aider à orienter ces décisions, il est recommandé de discuter des questions clés avec les médecins; vous pouvez consulter notre fiche d’information sur le syndrome du cancer du sein héréditaire pour obtenir plus d’informations sur les tests et le dépistage génétiques ainsi que sur les soins personnalisés du cancer.