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La voix des personnes atteintes d'un cancer du sein

Éducation

blogue À nous la parole

Courir sa chance

Par Mary Gauvreau

Mary GauvreauC’est bien de se fixer des objectifs ambitieux.

Je disputai mon premier marathon l’année où je fêtai mes 50 ans. J’en terminai un autre deux ans plus tard. J’adorais poursuivre des objectifs de mise en forme qui me forçaient à me dépasser physiquement. Courir régulièrement me faisait sentir forte et en bonne santé. En novembre 2015, je me donnai un nouveau but : courir un marathon à l’automne 2016 suffisamment rapidement pour me qualifier pour le marathon de Boston.

Ce mois de novembre 2015 était également le mois de ma mammographie de dépistage. Contrairement à ce qui se passait les années précédentes, je subis une deuxième mammographie et une biopsie du sein. La veille de Noël cette année-là, mon infirmière praticienne me téléphona pour m’annoncer mon diagnostic de cancer du sein.

Ce fut un Noël difficile pour moi. La nouvelle suscita chez moi de la tristesse, de la colère et de la peur. À cause des Fêtes, je dus attendre près de trois semaines avant de rencontrer mon chirurgien. Je ne connaissais pas la gravité de mon cancer ni le plan de traitement à venir. J’affrontai cette période d’incertitude en me concentrant sur des activités de plein air en compagnie des membres de ma famille. Je fis du ski de fond avec mon mari et mes deux filles d’âge adulte.

Ma rencontre avec le chirurgien eut finalement lieu. J’en ressortis rassurée. J’y avais obtenu les réponses à toutes mes questions et des explications limpides. Une tumorectomie et une exérèse du ganglion sentinelle, prévues en février, seraient suivies par de la radiothérapie. Apparemment, les choses reviendraient rapidement à la normale.

L’opération permit de déceler des cellules cancéreuses dans mes ganglions lymphatiques et les marges chirurgicales. Je souffrais d’un carcinome lobulaire et canalaire de stade II avec récepteurs hormonaux positifs.

Mon plan de traitement fut modifié. Je subirais d’abord huit cycles de chimiothérapie, soit une fois toutes les deux semaines entre avril et juillet 2016. Une mastectomie suivrait en août. La radiothérapie quant à elle aurait lieu en octobre et en novembre.

Il s’agissait là d’un grand changement dans mon plan de traitement. Ce dernier affecterait ma vie plus que je ne l’avais prévu. Mon souhait de terminer un marathon à l’automne pour me qualifier pour celui de Boston fut remis à plus tard. Je me fixai un nouvel objectif : suivre les traitements, reprendre des forces et retrouver la forme pour ensuite participer à un autre marathon.

Le premier obstacle à franchir fut la chimiothérapie. Je voulais demeurer aussi active que je le pouvais durant le traitement et j’étais convaincue que passer du temps à l’extérieur serait salutaire pour ma santé mentale. Je me donnai comme but de sortir dehors tous les jours pour marcher. Je pus courir ou nager à de nombreuses reprises. Même lors des moins bonnes journées, j’allais faire une courte promenade à pied avec un ami. Me concentrer sur le tableau d’ensemble m’aida également : je ne perdais pas de vue le fait que la chimiothérapie s’avérerait très bénéfique à long terme en ce qui a trait à ma santé. Mon mantra devint : « Passe au travers et cours un autre marathon. »

Durant les quelques mois qui suivirent, je continuai à bouger malgré la chimiothérapie et la mastectomie. Je commençai la radiothérapie en octobre 2016 et ce fut à ce moment que la fatigue accumulée liée à mes traitements se fit sentir. Il devint de plus en plus difficile pour moi de franchir la porte et de demeurer active. Je restais convaincue des avantages de l’exercice physique, mais je constatais que j’avais besoin d’aide pour maintenir ma motivation. Puisque j’étais incapable de m’entraîner avec mon groupe de coureurs habituel, je me joignis à Start Smart, un groupe de marche et de course pour les débutants créé par le Ottawa Running Club. Ainsi, je devais me lever le matin, chausser mes souliers de course et rencontrer les autres participants, et ce même si je ne me sentais pas bien. Cette source de motivation extrinsèque devint primordiale pour moi à ce moment. Peu importe à quel point les choses allaient mal, je savais que je devais sortir et bouger pour rester en forme et demeurer positive.

La fin de mon traitement représenta l’étape la plus difficile de mon parcours contre le cancer. J’espérais qu’après ma dernière séance de radiothérapie, en novembre 2016, tout reviendrait rapidement à la normale, mais je me retrouvai épuisée avec un cerveau embrumé lié au cancer. Quelques mois plus tard, j’étais non seulement fatiguée, mais démoralisée. Je me sentais frustrée puisque je n’avais pas pris conscience que je devais me battre longtemps et avec acharnement pour recouvrer mon énergie et ma cognition d’avant.

Une fois encore, je me tournai vers l’exercice physique pour m’aider à vaincre les effets secondaires persistants de mon traitement. Mon rêve de marathon me semblait inatteignable. J’optai alors pour de plus petits objectifs. Je me trouvai de nouveaux partenaires de course et je m’inscrivis à des courses plus courtes pour demeurer fortement motivée. 

J’attribue à l’activité physique le mérite d’avoir contribué à lutter contre la fatigue, le cerveau embrumé et l’état dépressif qui m’accablaient. Cependant, l’exercice n’était pas le seul facteur à considérer. Je reçus également du soutien de la part de ressources locales. Le coaching en matière de cancer du Centre Maplesoft  s’avéra précieux. Recourir à ce service gratuit se révéla une de mes meilleures décisions. Mon coach en matière de cancer m’aida à trouver les ressources dont j’avais besoin, à régler des problèmes et à prendre des décisions. La fin du traitement et le retour au travail furent facilités par des séances de coaching en groupe. Le Centre de cancérologie intégrative d’Ottawa m’appuya par l’entremise d’un groupe de soutien d’une durée de six semaines. Je trouvai rassurant d’entendre les témoignages d’autres femmes qui vivaient la même chose que moi.

Avec le temps, je pus courir sur des distances toujours plus longues. À la fin du mois de mars 2017, je disputai une course de 5 km. En avril, j’entrepris une course de 10 km. En mai, je courus un demi-marathon et en octobre 2017, je menai à bien mon objectif de faire un autre marathon complet.

L’exercice demeure une priorité dans ma vie. Cet automne, j’ai ajouté à mon programme de course et de nage deux cours de conditionnement physique offerts par Breast Cancer Action. Je suis déjà inscrite à deux courses en 2018. Je ne cours pas aussi vite qu’avant mon diagnostic de cancer du sein, mais je peux tout de même essayer. Être à la fois forte, en forme et en santé demeurera toujours pour moi un objectif, que je participe ou non au marathon de Boston.

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  • 2018-02-05

    La fatigue liée au cancer dépasse largement la lassitude éprouvée après une longue et dure journée. Votre traitement contre cette maladie peut provoquer une impression d’épuisement physique complet. Vous devenez si exténuée qu’il vous est impossible de sortir du lit. Peu importe le temps passé à vous reposer, votre énergie ne revient pas.


Les points de vue et les expériences exprimés à travers les histoires personnelles sur le blog Our Voices sont ceux des auteurs et de leurs expériences vécues. Ils ne reflètent pas nécessairement la position du Réseau canadien du cancer du sein. Les informations fournies n’ont pas été examinées médicalement et ne sont pas destinées à remplacer un avis médical professionnel. Demandez toujours conseil à votre équipe de soins lorsque vous envisagez vos plans et objectifs de traitement.