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La voix des personnes atteintes d'un cancer du sein

Éducation

blogue À nous la parole

L’innocence d’un tout-petit et la réalité du cancer

Par Billie Fordham

Il s’agissait d’un matin comme les autres. À la maison, j’essayais d’habiller mon garçon et de le faire déjeuner avant d’aller le porter à la garderie. Au moment où j’effectuais plusieurs choses en même temps, y compris me vêtir et veiller à ce que mon fils se brosse les dents, je remarquai qu’il me regardait. Il tentait toujours de comprendre les deux grandes cicatrices sur ma poitrine. Les incisions, encore récentes, guérissent tranquillement et deviennent peu à peu des cicatrices, des cicatrices qui indiquent où mes seins se trouvaient naguère. Maintenant, c’est juste vide. Il se décida finalement à parler. « Quand tes seins repousseront-ils, maman ? », demanda-t-il si innocemment.

Le 20 février 2018, l’air me parut très froid lorsque je sortis de l’hôpital avec un diagnostic de cancer du sein de stade III. Je me mis à chercher à la dernière minute des endroits où je pourrais célébrer la fête d’anniversaire de mon fils qui aurait quatre ans quelques semaines plus tard. Je ne savais pas ce qui m’attendait et je voulais m’assurer qu’il aurait droit à une journée spéciale juste avant le début de mon traitement.

Dans les jours qui suivirent, je rencontrai mon équipe médicale et le chirurgien. Il fut décidé que nous commencerions par la chimiothérapie et elle débuterait tout juste avant que je ne fête mon 34e anniversaire de naissance.

Après le début de la chimiothérapie, mes cheveux se mirent à tomber. Je décidai de prendre le contrôle de la situation et je me rasai la tête. Mon garçon, qui était à mes côtés à ce moment, se fit lui aussi raser la tête, sans hésiter. Voir ses belles boucles blondes tomber sur le plancher s’avéra difficile pour moi, mais sa décision me rendit fière et émue.

La chimiothérapie se révéla toute une adaptation pour nous. Nos fins de semaine, auparavant remplies de commissions, d’activités et de rencontres avec les amis, disparurent pratiquement. Nous passions plus de temps à la maison, à la recherche de jeux auxquels je pouvais participer à partir du canapé ou de films à regarder. Je me sentis si coupable pendant la chimiothérapie parce que j’essayais à la fois de lutter pour ma vie et d’être la mère dont mon fils avait besoin. Ma famille fut extraordinaire et réussit avec brio à prendre le relais lorsque mon corps n’en pouvait plus.

Presque six semaines après la fin de ma chimiothérapie, on m’amena dans la salle d’opération pour ma mastectomie bilatérale sans reconstruction. Une semaine auparavant, j’avais commencé à préparer mon fils à cette étape. Cela avait inclus une crise de 45 minutes au cours de laquelle il avait crié : «  Je veux que tu gardes tes seins. » Les drains le firent paniquer : c’est difficile de comprendre pourquoi il y a du sang dans une bouteille accrochée au corps de votre mère.

Cela fait maintenant deux semaines que j’ai été opérée. Mon garçon commence très tranquillement à accepter que je ne puisse pas le porter dans mes bras en ce moment. Ses magnifiques boucles blondes ont repoussé et il a une longue liste d’activités qu’il désire faire lorsque j’irai mieux.

J’espère qu’un jour nos vies redeviendront occupées. Je souhaite aussi qu’il réalise à quel point son rire contagieux et son large sourire ont illuminé ces journées plus sombres. Je me bats pour lui.


Les points de vue et les expériences exprimés à travers les histoires personnelles sur le blog Our Voices sont ceux des auteurs et de leurs expériences vécues. Ils ne reflètent pas nécessairement la position du Réseau canadien du cancer du sein. Les informations fournies n’ont pas été examinées médicalement et ne sont pas destinées à remplacer un avis médical professionnel. Demandez toujours conseil à votre équipe de soins lorsque vous envisagez vos plans et objectifs de traitement.