Par Maureen Moyer
Je suis issue d’une longue lignée de survivantes du cancer du sein. Je n’ai donc pas du tout été surprise de recevoir un diagnostic de cancer du sein en 2008. Je n’avais que 50 ans et j’avais célébré ce jalon important avec ma sœur jumelle en février 2007. Quelques mois plus tard, en décembre de la même année, je savais que quelque chose clochait. Une mammographie passée au centre Sunnybrook, en octobre je crois, n’avait rien révélé. Ni elle ni le minutieux examen des seins subis au même hôpital n’avaient permis de déceler une tumeur extrêmement petite près de mon aisselle gauche, enfouie profondément près d’un ligament. Elle était indétectable à ce moment. Plus tard cet automne-là, j’ai remarqué un pli dans mon sein alors que je séchais le bas de mon corps après une douche au gymnase. J’ai tout de suite su de quoi il en retournait et j’ai pris rendez-vous avec mon médecin à la clinique spécialisée dans le dépistage des personnes à risque élevé de souffrir d’un cancer du sein du centre Odette.
Une échographie et une biopsie par forage ont été effectuées en janvier, puis une tumorectomie en février. Puisque nous ne savions pas à ce moment si le cancer s’était étendu à mes ganglions lymphatiques, ma chirurgienne a procédé à une biopsie pendant l’opération. Mon cancer s’était propagé à quatre de mes dix-huit ganglions lymphatiques. Ils ont tous été retirés. Ma chirurgienne est venue me voir et je l’ai remerciée d’avoir été aussi consciencieuse. C’était il y a douze ans. Je doute qu’aujourd’hui on enlève tous les ganglions, mais c’était ce que ma médecin et son équipe avaient recommandé à l’époque.
L’opération a été suivie par six séances de chimiothérapie à six semaines d’intervalle, puis par 25 doses de radiothérapie. Je me suis procuré plusieurs prothèses capillaires lavables pendant mon traitement en plus de prendre les moyens nécessaires pour améliorer davantage mon excellente forme physique. Une équipe de télévision m’a filmée pour documenter mon plan d’entraînement et ma vision positive des événements et honnêtement, je pense avoir très bien géré le tout. Je bénéficiais du soutien de ma merveilleuse famille et de mes amis, des employés de l’hôpital Sunnybrook et de mon incroyable équipe d’oncologie. Je me suis engagée dans les activités de Wellspring, j’ai suivi des cours et je suis devenue bénévole pour la Westerkirk House. Six années après ma tumorectomie, j’ai subi une fantastique reconstruction mammaire grâce au personnel formidable de Sunnybrook. Je n’aurais pas pu être plus choyée.
Même si je savais que le lymphœdème était un effet secondaire possible de mon traitement contre le cancer, je n’ai relevé aucun signe de cette affection pendant des années. Le lymphœdème est apparu une première fois après m’être fait mordre par un insecte à quelques endroits sur le bras gauche pendant une randonnée en Espagne. Mon bras est évidemment devenu très enflé. Le frottement du sac à dos sous les bras et l’utilisation continuelle de bâtons de marche ont exacerbé le problème et j’ai dû solliciter une aide médicale au beau milieu d’une région rurale espagnole avec Google comme traducteur. On m’a donné des pilules et une piqûre. Encore aujourd’hui, je ne sais pas de quoi il s’agissait. À partir de ce moment, j’ai revêtu des chandails à manches serrées et j’ai fait transporter mon sac à dos pour alléger le poids lors de la marche. Par pure coïncidence, j’ai rencontré une Allemande en pèlerinage qui traitait des patients atteints de lymphœdème dans le cadre de son travail et elle m’a énormément aidée. À la fin du chemin, après 778 kilomètres de marche, la situation de mon bras était maîtrisée.
De retour à Toronto, ma médecin m’a dirigée vers la clinique du lymphœdème de Sunnybrook. Puisque je partais en Éthiopie et en Ouganda dans le cadre d’un autre voyage humanitaire, on m’a offert un manchon et un gantelet de compression en me recommandant fortement de les porter en avion et pendant mon périple. On m’a également suggéré de couvrir mes bras pour les protéger du soleil, d’éviter de les salir ou de me faire piquer par des insectes. Les conseils typiques quoi.
Mon bras s’est à nouveau stabilisé et je n’ai plus souffert de lymphœdème jusqu’à il y a deux ans. L’enflure est revenue, mais sans jamais disparaître cette fois. J’ai subi plusieurs massages de drainage lymphatique et j’ai appris comment me soigner manuellement ce qui, je l’avoue, s’avère dur à exécuter tous les jours de façon régulière. J’effectue un brossage à sec pendant que je regarde la télévision, je tiens mon bras dans les airs et je le secoue beaucoup. J’utilise mon bras gauche de la même façon que le droit. Je nage, je fais de la randonnée, du yoga et, plus récemment, du ski de fond et de la raquette, d’autant plus que j’habite temporairement plus au nord, à Collingwood, avec ma fille et sa famille. Je privilégie un mode de vie sain et même si j’adore manger et me gâter, je contrôle mon poids. Je crains toutefois que mon lymphœdème ne s’aggrave avec le temps. Je touche un revenu fixe, j’ai 64 ans et le traitement s’avère terriblement onéreux. La clinique de lymphœdème de l’hôpital Sunnybrook m’a suggéré de présenter une demande au Compassion Fund mis sur pied par la Lymphedema Association of Ontario pour que je puisse obtenir le traitement dont j’ai besoin.
Je suis très heureuse de pouvoir dire que ma demande a été acceptée. Cela fera une grande différence pour moi puisque mon traitement doit précéder le port de vêtements de compression pour être efficace !
Je crois fermement que pour nous toutes qui sommes atteintes de cette maladie et qui en souffrirons probablement pour le reste de nos vies, il faudrait que le gouvernement intervienne et contribue à alléger le fardeau financier que représente cette maladie chronique qu’aucune d’entre nous ne mérite. D’ici là, je vous envoie des ondes positives et pleines d’espoir. Je vous remercie d’avoir lu mon tout premier billet de blogue !