Par Erin Richard
Typiquement, un cancer triple négatif de stade IV est accompagné de métastases aux os, aux poumons, au foie ou au cerveau. Ce n’était pas le cas pour moi. Mes métastases se situaient seulement au sein gauche, dans les ganglions lymphatiques de mes deux aisselles, sur le côté gauche de mon cou où il y avait deux bosses et à deux endroits sur ma cage thoracique près des poumons.
Après une chimiothérapie, une intervention chirurgicale et une radiothérapie, j’eus droit à 10 mois et demi sans progression. En novembre 2017, mon docteur souhaitait qu’un autre tomodensitogramme soit effectué parce que mes marqueurs tumoraux étaient à la hausse et qu’il entendait quelque chose de très discret quand j’inspirais. Lors de ma première opération en mars 2017, mon médecin m’avait recommandé de ne pas me faire enlever mon ganglion lymphatique du côté droit même si la chimiothérapie n’avait causé qu’un rétrécissement inférieur à un centimètre. Il voulait s’en servir pour déceler si le cancer récidivait ou se propageait. Pouvoir sentir au toucher un ganglion lymphatique lui permettrait de savoir que quelque chose avait changé.
Mon ganglion semblait normal, mais les résultats du tomodensitogramme reçus en décembre indiquèrent une croissance du ganglion. Mon docteur m’envoya en janvier à Halifax pour subir une tomographie par émission de positrons (PET) qui ne révéla qu’un gonflement du même ganglion. Le 31 janvier 2018, je rencontrai le chirurgien pour me le faire enlever. En tout, seize ganglions lymphatiques furent retirés, dont trois s’avéraient positifs.
Je découvris également que mon rapport de pathologie fit l’objet d’une révision puisque ma récidive était survenue au bout de dix mois et demi, c’est-à-dire moins que les deux années habituelles.
Il s’agissait d’une récidive régionale, soit une récidive qui réapparaît dans les ganglions lymphatiques. Seulement deux pour cent des cancers du sein répondent aux critères d’une vraie récidive régionale, c’est-à-dire que les cellules cancéreuses ne trouvent à aucun autre endroit dans la région mammaire ET qu’il ne s’est pas propagé à d’autres parties de votre corps. Dans des cas très rares, le cancer du sein récidivant se retrouve dans les ganglions lymphatiques axillaires du côté qui n’avait pas été précédemment traité.
Le rapport de pathologie conclut que j’avais deux types de cancer. Le premier était triple négatif. Mon cancer circulait maintenant dans mon système sanguin et il était HER2 positif dans une proportion de cinq pour cent. Mon oncologue affirma que je devais subir une chimiothérapie. Puisque les cellules cancéreuses se trouvaient dans mon sang, elles pouvaient se fixer à n’importe lequel de mes organes en quelques jours, semaines ou mois en l’absence de traitement. Les cinq pour cent de cellules tumorales surexprimant HER2 devaient eux aussi faire l’objet d’un traitement pour éviter toute propagation.
Mon oncologue me rapporta que lors de la discussion de mes résultats et de mes options de traitement avec l’oncologue en chef à Halifax, il s’était fait dire de ne plus me traiter. Il avait ensuite passé outre à son supérieur et avait parlé au meilleur oncologue canadien qui avait accepté de le laisser me traiter si tel était mon souhait. Le traitement consistait en une chimiothérapie prophylactique avec des anticorps (Herceptin et Perjeta). Je subis six cycles pour chacun. À la suite d’un tomodensitogramme concluant en août 2018, je ne reçois maintenant que du Herceptin et du Perjeta pour une période indéterminée.
Tout va bien et je me sens en forme. Je demeure optimiste et active en marchant tous les jours.
En février 2018, je participais au programme Art of Living offert par mon centre anticancéreux. J’y travaillais avec un artiste qui m’aidait à raconter l’histoire de mon cancer par l’art. Je réussis à en faire un récit succinct et précis qui expliquait mon type de cancer et mon expérience.
Depuis, je continue à peindre des tableaux que je vends. L’argent ainsi recueilli est remis au Cancer Patient Care Fund de mon centre local de lutte au cancer.
Apprenez-en davantage sur la vie d’Erin avec le cancer du sein métastatique en lisant son dernier billet de blogue intitulé « Le cancer du sein métastatique fit de moi une battante ».