Par Christiane Constantineau
Quand on m’a appris que j’avais un cancer du sein, j’ai vu mon monde s’effondrer devant moi. Bouleversée, vulnérable et impuissante, je devais me préparer à vivre une terrible expérience. Je suis une entrepreneure expérimentée et, à ce titre, j’ai dû relever de nombreux défis dans ma vie, mais rien ne pouvait me préparer à un tel niveau d’angoisse. Pour la première de ma vie, j’avais peur de l’inconnu et j’avais peur de tout perdre : ma santé, ma qualité de vie, mon entreprise et tout ce que je possédais. Comment arriver à endurer tout cela?
Se battre contre le cancer est, sans aucun doute, l’un des défis les plus formidables auxquels on puisse être confronté. Cela ressemble souvent à une force incontrôlable et, jour après jour, cela nous force à faire des choix difficiles malgré l’incertitude de la situation. Je crois, selon mon expérience, que la clé pour pouvoir aborder cette épreuve avec résilience est d’adopter un esprit d’entreprise. C’est pourquoi j’ai décidé de partager avec vous ce que j’ai appris et de vous guider afin que vous puissiez atteindre un degré de résilience qui vous permettra d’aborder toute forme d’adversité.
Vous trouverez, ci-dessous, mes six conseils découlant de mon expérience avec le cancer du sein.
- N’ignorez pas les signes précurseurs : pour faire face à l’adversité, vous devez la reconnaître.
L’adversité peut se présenter sous plusieurs formes, mais la forme la plus dévastatrice est, peut-être, l’événement inattendu. Les signes précurseurs de la maladie sont apparus cinq ans avant mon diagnostic et j’ai décidé de les ignorer. Juste avant mon voyage à Monaco, j’ai commencé à avoir de la difficulté à respirer ainsi que des douleurs aiguës sur le côté droit. Déterminée à ne rien laisser compromettre mon voyage, j’avais réussi à convaincre mon médecin de me laisser partir pourvue de tout un tas de médicaments. Puis, j’ai oublié ce qu’il s’était passé jusqu’à ce que la douleur revienne cinq ans plus tard, annonçant un cancer du sein de stade III. Peut-être que si, cinq ans auparavant, j’avais fait des analyses, la gravité de la situation aurait été moins effrayante. Au lieu de cela, j’ai dû me confronter à une dure réalité.
- Trouvez une source d’inspiration le plus tôt possible : adoptez une attitude positive dès le départ
La période qui s’écoule entre le moment où votre médecin suspecte un cancer du sein et la confirmation du diagnostic — des semaines, voire des mois — peut être particulièrement stressante. Cette incertitude compromet votre bien-être. C’est pour cela que je vous recommande de trouver une source d’inspiration le plus tôt possible afin d’établir et de maintenir une attitude positive. J’ai trouvé mon inspiration dans mon plus jeune fils, qui, à l’adolescence, avait été atteint d’une grave maladie. Il avait alors choisi de vivre dans le présent et de ne pas se laisser gagner par la victimisation ou le déni. C’est cette résilience qui l’avait mené à la guérison et qui m’a servi de guide. J’ai choisi d’adopter sa philosophie et de faire face à mon cancer dans le moment présent, tout en continuant de gérer mon entreprise. En tant qu’entrepreneure, il n’était pas question que je mette fin à tout ce que j’avais bâti grâce à un travail acharné. De plus, je détenais plus de 40 % des parts de mon entreprise et cela m’aurait empêché de bénéficier de l’assurance-emploi. Je devais donc trouver un équilibre entre ma santé et mes responsabilités professionnelles. Je suis très reconnaissante à toute ma famille, qui s’est tout de suite mobilisée pour me soutenir pendant cette période difficile.
- Confrontez votre peur en vous exposant à d’autres peurs : vainquez la peur dans un environnement contrôlé.
J’ai toujours eu peur de me faire opérer, même avant d’apprendre que j’avais un cancer du sein. Inspirée par l’attitude positive de mon fils, j’ai élaboré une stratégie qui me permettrait de vaincre cette peur en me confrontant à une peur encore plus intense : la peur du vide! J’ai donc réservé une séance de descente en rappel urbain où on aurait à descendre d’un immeuble de 12 étages. J’étais paralysée par la peur, mais j’ai réussi à la surmonter grâce aux encouragements de l’instructeur et à ma détermination. Cette expérience a transformé ma façon de voir les choses et a mis à jour une source insoupçonnée de courage en moi. Et puis, j’avais maintenant un souvenir précis de moi en train de vaincre une peur que je pouvais désormais utiliser dans les moments difficiles.
- Maintenez un environnement positif : entourez-vous de personnes qui vous soutiennent.
Dans les moments les plus difficiles, les gens, l’environnement et l’énergie qui vous entourent deviennent plus prononcés, et cela peut s’avérer exténuant si quelqu’un ou quelque chose n’est pas positif. Avant de subir mon opération et de commencer mes traitements, j’ai soigneusement choisi mon système de soutien. J’ai pris mes distances avec les personnes toxiques et j’ai établi des limites claires avec les personnes de ma famille qui pouvaient se montrer indiscrètes. J’ai réuni les personnes qui m’aimaient, m’inspiraient et me soutenaient, et je les ai invitées à travailler ensemble dans un objectif commun : créer un environnement optimal qui me permettrait de guérir et de travailler. Au final, ces personnes ont réussi à me soulager d’un certain nombre de tâches — professionnelles et domestiques — et à alléger ma charge émotionnelle, ce qui m’a permis de me concentrer sur les aspects importants de mon travail et de récupérer entre les traitements.
- Évaluez et planifiez vos finances : préparez-vous aux éventuelles difficultés financières à venir.
Lutter contre l’adversité sur une longue période finit par nous vider de toutes nos ressources. Cela peut affecter notre capacité à travailler et à générer un revenu à un moment où nos dépenses augmentent. Afin de me préparer à vivre des moments difficiles, j’ai analysé mes finances personnelles et professionnelles. J’ai passé en revue mon revenu, mes dépenses, mes actifs et mes passifs, et j’ai pris des décisions difficiles afin de pouvoir réussir à m’en tenir à un budget strict. Il est essentiel de comprendre sa situation financière, car cela permet d’abaisser les niveaux de stress et d’insécurité. En tant qu’entrepreneure, je crois fortement qu’investir en soi est primordial. J’ai donc restructuré mon budget de façon à pouvoir allouer une somme importante à mon bien-être et à ma santé, puisque ces deux éléments avaient un impact direct sur ma guérison. J’ai amélioré mon alimentation, investi dans des séances de physiothérapie et acheté de l’équipement de sport pour la maison, et je me suis accordé quelques petits plaisirs pour pouvoir mieux aborder les problèmes du quotidien.
- Soyez bienveillant ou bienveillante envers vous-même : acceptez votre nouvelle réalité avec patience.
Les événements capables de changer une vie, comme les accidents et les maladies graves, sont des expériences profondément traumatisantes. Ils nous atteignent au plus profond de nous-mêmes et nous forcent à lâcher prise. Perdre quelque chose d’aussi fondamental qu’une partie de son corps peut perturber notre identité. J’ai mis un an, après ma mastectomie, à m’accepter comme une personne féminine avec des cicatrices et un corps transformé. Pour parvenir à cette acceptation, il faut du temps, de l’ouverture d’esprit et s’autoriser à ressentir ces émotions. Cela implique de prendre soin de soi et d’être bienveillant envers soi-même petit à petit.
L’adversité fait partie de la vie. Je pense qu’elle nous incite à innover et à évoluer, nous transformant en quelqu’un de plus fort. C’est cet effet qu’a eu le cancer du sein sur moi. Pour vous, ce sera peut-être quelque chose d’autre. Mais, si vous acceptez l’adversité pour ce qu’elle est et que vous travaillez à plus de résilience, vous trouverez la force de surmonter n’importe quelle épreuve.
