La neutropénie fébrile est un effet secondaire fréquent et potentiellement grave de la chimiothérapie.
Les neutrophiles sont un type de globules blancs qui ont pour rôle d’aider à combattre les bactéries et les infections. « Neutropénie » signifie que le nombre de neutrophiles dans le sang est plus faible que la normale. De nombreuses personnes atteintes d’un lymphome présentent une neutropénie à un moment ou à un autre de leur traitement1. « Neutropénie fébrile » désigne un faible nombre de neutrophiles dans le sang ACCOMPAGNÉ de fièvre.
Le principal symptôme de la neutropénie fébrile est une température corporelle élevée, supérieure à 38 degrés Celcius. La fièvre est souvent le premier signe d’une infection. Si la numération des neutrophiles est très faible, il y a plus de chances que l’organisme combatte une infection grave qu’en présence d’une fièvre lorsque la numération des neutrophiles est normale ou presque normale. Tous les patients devraient recevoir des directives claires sur les mesures à prendre et qui appeler en cas d’apparition d’une fièvre durant la chimiothérapie. La seule façon de savoir si un patient présente une neutropénie fébrile est qu’il subisse une analyse sanguine pendant l’épisode de fièvre.
La neutropénie fébrile peut causer d’autres symptômes qui augmentent le risque de complications, notamment2:
- Frissons
- Transpiration
- Toux ou essoufflement
- Maux de gorge ou ulcères dans la bouche
- Rougeur ou enflure autour de lésions sur la peau ou rougeur et enflure de la peau
- Difficulté à uriner ou envie fréquente d’uriner ou sensation de brûlure lors du passage de l’urine
- Écoulement vaginal ou démangeaisons vaginales
- Symptômes ressemblant à ceux de la grippe, comme des douleurs dans tout le corps et une très grande fatigue
Nous avons demandé à trois experts d’expliquer la neutropénie fébrile : ce qu’elle est, ses répercussions sur les résultats du traitement et comment la prendre efficacement en charge. Voici nos experts :
Dr Daniel Rayson, M.D., FRCPC
Oncologue, QEII Health Sciences Centre
Halifax (Nouvelle-Écosse)
Dr David MacDonald, M.D., FRCPC
Hématologue, QEII Health Sciences Centre
Halifax (Nouvelle-Écosse)
Dr Jawaid Younus, M.D., FRCPC
Oncologue, London Health Sciences
London (Ontario)
- Quelle est la cause de la neutropénie fébrile?
La neutropénie fébrile peut être une conséquence de la majorité des chimiothérapies contre tous les types de cancer. Le risque de présenter une neutropénie dépend surtout de l’intensité de la chimiothérapie et de l’état de la moelle osseuse du patient, dans laquelle les neutrophiles sont formés. Les personnes âgées ou malades, que ce soit en raison du cancer ou d’autres maladies, sont les plus susceptibles de présenter des complications découlant de la neutropénie fébrile.
- Dr Rayson
- La neutropénie fébrile est-elle courante?
Les cas de neutropénie fébrile sont fréquents dans ma pratique; ils sont plus fréquents que les taux publiés. La bonne nouvelle, c’est qu’elle peut être traitée et, parfois, le risque peut être réduit grâce à un traitement médicamenteux.
- Dr MacDonald
- Quelles répercussions la neutropénie fébrile a-t-elle sur le pronostic du patient et l’évolution de son traitement?
La neutropénie fébrile peut avoir des répercussions chez le patient, car il est nécessaire de retarder le traitement afin de permettre à la numération des neutrophiles de revenir à la normale.Si une personne présente une complication ou une infection grave causée par la neutropénie fébrile, le traitement pourrait devoir être modifié ou arrêté complètement.En général, les résultats thérapeutiques sont optimaux lorsque la chimiothérapie peut être administrée à sa dose habituelle et selon le calendrier prévu. La neutropénie, fébrile ou non, peut commander des modifications de la dose et du calendrier d’administration qui, dans certains cas, pourraient avoir des répercussions sur les résultats de la chimiothérapie.
- Dr Rayson
Lorsqu’un patient est exposé à un risque élevé de neutropénie fébrile ou présente cette affection, son médecin lui prescrira des médicaments visant à réduire le risque d’infection, comme le G-CSF ou des antibiotiques. Ces médicaments peuvent favoriser la poursuite de la chimiothérapie comme prévu chez le patient. Si ce dernier continue de présenter un risque élevé de neutropénie fébrile malgré ces mesures, son médecin pourrait devoir modifier le traitement chimiothérapeutique, ce qui pourrait retarder le rétablissement du patient.
- Dr Rayson
Dans ma pratique, par exemple, si un patient demeure neutropénique ou s’il continue de prendre des antibiotiques pour traiter la neutropénie ou une infection, nous arrêtons sa chimiothérapie pendant une semaine, puis nous réévaluons son état une semaine plus tard. La neutropénie peut donc effectivement avoir des répercussions, en retardant le calendrier de chimiothérapie du patient.
- Dr MacDonald
- Comment cerner la neutropénie fébrile et la traiter?
Il est primordial que votre état soit surveillé étroitement par votre équipe soignante lorsque vous recevez une chimiothérapie afin de déceler l’apparition de signes de neutropénie fébrile. Au cours du traitement, les patients doivent s’attendre à subir des analyses sanguines systématiques afin de mesurer leurs concentrations de globules blancs3.
Lorsqu’un patient a de la fièvre accompagnée de symptômes de neutropénie fébrile, les professionnels de la santé lui demanderont ses antécédents médicaux, lui feront subir un examen physique, prélèveront un échantillon de sang pour mesurer la concentration de globules blancs (neutrophiles) et réaliseront une radiographie des poumons et une analyse d’urine pour déterminer le foyer d’infection. Le patient pourrait avoir besoin de recevoir des injections systématiques d’un médicament qui stimule la croissance et la production des globules blancs et réduit ainsi le risque de neutropénie fébrile. Si nécessaire, des antibiotiques pourraient également être administrés.
- Dr Younus
Comme certains patients sont exposés à un risque accru d’apparition d’une neutropénie fébrile, il est important que les patients sous chimiothérapie fassent l’objet d’une surveillance étroite par leur équipe soignante afin de déceler les signes de neutropénie fébrile. Au cours du traitement, les patients doivent s’attendre à subir des tests sanguins usuels pour mesurer leurs taux de globules blancs. Généralement, les cas de neutropénie fébrile sont plus fréquents chez les patients atteints de certains types de cancer, comme le lymphome agressif. Les personnes qui ont des antécédents de maladie pulmonaire chronique et d’infection des voies urinaires sont celles qu’il faut surveiller de près et traiter.
- Dr MacDonald
Lorsque des analyses révèlent que le nombre de vos globules blancs (neutrophiles) est faible, vous pourriez être plus vulnérable aux bactéries et aux infections.Il est important de signaler la présence de tout signe d’infection à votre équipe soignante. Vous trouverez ci-dessous quelques conseils pour demeurer en bonne santé durant le traitement.
Ayez une bonne hygiène personnelle
- Lavez-vous les mains fréquemment, en particulier avant de manger et après être allé aux toilettes.
- Apportez une petite bouteille de désinfectant à mains pour nettoyer vos mains si vous n’avez pas accès à un évier.
Protégez votre peau
- Si votre peau est sèche ou crevassée, appliquez-y une lotion hydratante pour l’adoucir et l’aider à se réparer.
- Nettoyez sans tarder les coupures et les égratignures avec de l’eau tiède et du savon.
Conservez une bonne santé en général
- Reposez-vous suffisamment, ayez une alimentation équilibrée, buvez beaucoup de liquides et faites régulièrement de l’exercice.
- Cuisez les légumes et lavez et pelez les fruits pour les débarrasser des bactéries qui pourraient se trouver à leur surface. Évitez les œufs, les viandes, la volaille, le poisson et les fruits de mer crus ou mal cuits. Ces aliments peuvent contenir des microorganismes nuisibles4.
Pour en savoir davantage sur la neutropénie fébrile et la lutte contre le cancer, visitezhttps://www.youtube.com/watch?v=n3LjpmdMxEI.