Selon les études, certaines personnes ont plus de risque de développer un cancer du sein triple négatif si elles présentent les facteurs de risque suivants :
- Âge : les femmes en préménopause et celles de moins de 50 ans ont plus de risque de développer un cancer du sein triple négatif.
- Mutation du gène BRCA1 : environ 70 % des cancers du sein diagnostiqués chez les femmes ayant hérité d’une mutation sur le gène BRCA1 sont triples négatifs.
- Ethnicité : les femmes noires et hispaniques ont plus de risque de développer un cancer du sein triple négatif.
- Densité mammaire : une densité mammaire élevée entraîne un risque accru de cancer du sein triple négatif, en particulier chez les femmes en préménopause.
Traitements
Le traitement du cancer du sein triple négatif peut s’avérer difficile. En effet, puisqu’elles ne possèdent pas de récepteurs, les tumeurs triples négatives ne possèdent pas les protéines ciblées par les traitements communément utilisés, comme l’hormonothérapie et les thérapies ciblées, qui sont utilisés dans le traitement des cancers hormonodépendants et des cancers HER2+.
La chimiothérapie et l’immunothérapie sont les principaux traitements systémiques utilisés dans le traitement du cancer du sein triple négatif. À moins que la tumeur ne soit trop développée, les cancers du sein triples négatifs de stade I, II et III sont traités avec de la chimiothérapie, accompagnée ou non d’immunothérapie, suivie d’une opération chirurgicale. S’il reste des cellules cancéreuses au moment de l’opération, on administre davantage de chimiothérapie. Le traitement du cancer du sein triple négatif de stade IV dépend souvent de facteurs liés aux patientes, comme, par exemple, la présence d’une mutation des gènes BRCA et les types des protéines présentes sur les cellules cancéreuses. Bien heureusement, grâce à la recherche, de nouvelles options thérapeutiques contre le cancer du sein triple négatif continuent d’être développées.
Où en est la recherche?
En 2021, une étude menée par des chercheurs de la Perelman School of Medicine a permis de découvrir que les femmes noires ont trois fois plus de risques de développer un cancer du sein triple négatif, et que ces cancers ont souvent une issue peu favorable. Il s’agit-là d’une importante découverte, car les chercheurs avaient précautionneusement sélectionné les participantes en fonction de divers facteurs de risque et l’échantillon, qui contenait 29 822 femmes noires (soit 15 %), était de taille significative.
Par ailleurs, il semble que le cancer du sein triple négatif soit plus difficile à détecter par dépistage et plus susceptible d’être détecté au stade de cancer d’intervalle. Selon le Partenariat canadien contre le cancer, « les cancers d’intervalle sont des cancers diagnostiqués après un test de dépistage négatif, mais avant qu’un participant ne revienne au sein du programme pour l’examen de dépistage suivant ».
Dans le cadre d’une autre étude, ces mêmes chercheurs ont examiné davantage de facteurs de risque chez les femmes noires. Ils ont pu déterminer que la densité mammaire et l’obésité étaient davantage associées au cancer du sein triple négatif qu’un autre sous-type de cancer du sein dans cette catégorie de population.
Une autre étude américaine réalisée en 2021 a comparé les traitements et les taux de mortalité chez les femmes noires et les femmes blanches atteintes d’un cancer du sein. Selon cette étude, les femmes noires étaient :
- plus jeunes au moment du diagnostic;
- plus susceptibles de vivre dans des régions à faible revenu.
Les femmes noires avaient 31 % de chances de ne pas subir l’opération et 11 % de chances de ne pas faire de chimiothérapie que les femmes blanches, alors que chez les femmes noires :
- le cancer est le plus souvent à un stade plus avancé;
- la tumeur est le plus souvent supérieure à 5 cm;
- le cancer s’est le plus souvent propagé aux ganglions lymphatiques.
En prenant en compte d’autres facteurs, dont des facteurs démographiques et socio-économiques, les chercheurs ont découvert que les femmes noires avaient 28 % plus de chances de mourir d’un cancer du sein triple négatif que les femmes blanches. En ajustant ces facteurs aux caractéristiques des cancers, les femmes noires avaient encore 16 % plus de chances de mourir d’un cancer du sein triple négatif que les femmes blanches.
Il est donc important que davantage de femmes noires participent aux essais cliniques et autres études sur le cancer du sein, ainsi que sur les autres maladies. Une méta-analyse canadienne de 2 000 études réalisées entre 2003 et 2018 a révélé que seules 23 de ces études ciblaient la population noire. Le nombre limité de données constitue un frein à la résolution des inégalités, ce qui contribue au racisme systémique et à l’iniquité des soins dans les systèmes de santé canadiens.
Bien que le cancer du sein triple négatif présente d’importants défis, il y a toujours de l’espoir. Comprendre les facteurs de risque qui y sont associés est capital si l’on veut pouvoir le détecter tôt et le traiter à temps. Grâce aux essais cliniques et à la recherche, les options de traitement se font plus nombreuses et offrent de meilleurs résultats. Malgré leur nombre limité, les études réalisées sur les disparités constatées dans le diagnostic et le traitement du cancer du sein triple négatif, en particulier chez les femmes noires, démontrent l’importance de résoudre l’iniquité systémique de l’accès aux soins et de la participation aux essais cliniques. C’est en améliorant la prise de conscience, en intensifiant les activités de défense des droits et des intérêts des patients et en rendant la recherche plus inclusive qu’il sera possible d’améliorer les traitements et de parvenir à l’équité des soins pour l’ensemble des personnes atteintes d’un cancer du sein. Quels que soient leur race et leur statut socio-économique, toutes doivent pouvoir jouir des mêmes possibilités de dépistage précoce et d’efficacité thérapeutique.