En matière de diagnostic de cancer du sein, on s’entend souvent dire qu’il faut faire confiance à son intuition et chercher à obtenir un deuxième avis médical si l’on a des doutes quant aux informations que l’on a reçues. Ce conseil, qui part souvent d’une bonne intention, n’est pas toujours facile à appliquer. Dans d’autres pays, comme les États-Unis, l’obtention d’un deuxième avis est relativement simple, contrairement au Canada, où cela peut être particulièrement délicat.
Le système de santé canadien offre de nombreux avantages d’ordre financier : les frais médicaux relatifs aux consultations médicales et aux passages en salle d’urgence sont pris en charge, ainsi que la plupart* des traitements standard contre le cancer du sein. Mais lorsque l’on a des doutes sur son diagnostic ou sur le traitement proposé, l’obtention d’un deuxième avis médical peut s’avérer difficile et décourageante.
À qui s’adresser lorsque l’on souhaite un deuxième avis médical?
Au Canada, pour obtenir un rendez-vous avec un spécialiste, il faut être référé(e) par un autre médecin. La première étape consiste donc à en parler avec son médecin de famille, ce qui peut être délicat. En effet, si l’on cherche à avoir un autre avis sur une décision ou un diagnostic émis par son propre médecin de famille, il peut être difficile de lui demander de nous référer à un autre médecin. Mais si vous pensez vraiment avoir besoin d’un second avis, c’est une importante discussion que vous devez avoir avec votre médecin. Soyez ouvert(e) et honnête quant à vos préoccupations, et expliquez-lui les raisons pour lesquelles vous souhaitez avoir un deuxième avis médical. Afin de bien cibler et articuler vos besoins et vos souhaits, vous pouvez appliquer les conseils contenus dans notre Trousse numérique de défense des droits et de communication narrative.
Selon le Code d’éthique et de professionnalisme de l’Association médicale canadienne, les médecins doivent « respecter les demandes raisonnables des patients qui désirent obtenir un deuxième avis auprès d’un autre expert médical reconnu ».[i] Cela signifie que vous avez droit à une deuxième opinion, et ce, même si vous cherchez à vous rassurer quant à votre diagnostic. Selon l’Association canadienne de protection médicale, « le fait qu’un patient cherche à obtenir une seconde opinion ne devrait pas être interprété comme une détérioration de la relation entre un patient et son médecin. »[ii]
Vous pouvez également demander au médecin spécialiste que vous voyez déjà de vous référer. Bien que la conversation puisse s’avérer tout aussi délicate, beaucoup de spécialistes comprennent le désir des patients d’avoir un deuxième avis.
Si vous n’avez pas de médecin de famille ou si vous n’avez pas pu être référé(e) à un autre spécialiste, vous pouvez vous adresser à un médecin d’une clinique sans-rendez-vous ou d’une clinique de soins d’urgence. Même s’il ne dispose pas de votre dossier médical au complet, vous pourrez lui expliquer votre situation et les raisons pour lesquelles vous souhaitez aller voir un spécialiste. Assurez-vous de lui apporter les documents dont vous disposez, ainsi que les résultats des analyses et des tests que vous avez faits, afin qu’il ait le plus d’informations possible pour pouvoir prendre une décision éclairée.[iii]
Enfin, vous pouvez vous adresser à votre compagnie d’assurance pour savoir si elle peut vous référer à un spécialiste pour une seconde opinion.[iv]
Lorsque vous demandez à un médecin de vous référer à un spécialiste, il peut s’avérer utile d’avoir déjà le nom d’un spécialiste. Demandez à vos amis, à vos collègues, aux autres patient(e)s de vos groupes de soutien s’ils n’ont pas quelqu’un à vous recommander. La personne recommandée ne sera peut-être pas disponible, mais cela vaut la peine d’essayer.
Lors du rendez-vous pour un deuxième avis médical
Il peut s’écouler un certain temps entre le moment où l’on vous réfère à un second médecin et le jour de votre rendez-vous. Le jour J, le second médecin pourra confirmer ou infirmer le diagnostic et les traitements préconisés par votre premier médecin. Si vous le pouvez, enregistrez votre discussion, cela s’avérera bien pratique si les recommandations émises par le second médecin diffèrent de celles du premier médecin.
Si les recommandations sont les mêmes, vous serez rassuré(e) quant à votre prise en charge médicale. Dans le cas contraire, vous serez certainement encore plus confus(e). Il est important que les résultats ou que les recommandations qui découlent du rendez-vous avec le deuxième médecin soient transmis à votre équipe traitante — qu’il s’agisse de votre médecin de famille ou de votre médecin spécialiste principal — et de lui en parler afin de décider de la voie à adopter.
L’obtention d’un deuxième avis médical requiert de se battre pour défendre ses droits et ses intérêts. N’hésitez pas à vous faire entendre et à vous battre pour ce qui vous paraît nécessaire et important.
*Au Canada, la prise en charge de certains traitements médicamenteux diffère selon la province ou le territoire où vous résidez. Beaucoup de patients doivent faire preuve d’ingéniosité pour trouver les fonds nécessaires à l’achat de leur traitement, voire même payer de leur poche. Pour en savoir plus, consultez l’article que nous avons rédigé sur la question : Traitements du cancer du sein au Canada : accès et financement.
[i] Code d’éthique et de professionnalisme de l’Association médicale canadienne (page 7)
[ii] Deux opinions valent-elles mieux qu’une?, Association canadienne de protection médicale
[iii] What to do if your doctor won’t send you for a second opinion, Sunnybrook Health Sciences
[iv] Demander un deuxième avis médical, Société canadienne du cancer