By continuing to use our site, you consent to the processing of cookies, user data (location information, type and version of the OS, the type and version of the browser, the type of device and the resolution of its screen, the source of where the user came from, from which site or for what advertisement, language OS and Browser, which pages are opened and to which buttons the user presses, ip-address) for the purpose of site functioning, retargeting and statistical surveys and reviews. If you do not want your data to be processed, please leave the site.

La voix des personnes atteintes d'un cancer du sein

Éducation

blogue À nous la parole

La teigne, un effet indésirable caché du tamoxifène

Par Adriana Ermter

Dans notre rubrique mensuelle, la rédactrice en chef et auteure Adriana Ermter raconte son expérience du cancer du sein.

J’ai développé une tache de teigne. Pour la deuxième fois.

La première fois que j’ai découvert une tache ronde rose et au pourtour blanc de la taille d’un abricot sur ma peau — environ un pouce en dessous de mon sein gauche, sur le côté, c’était pendant un voyage professionnel de trois semaines au Rwanda. J’y étais pour une ONG pour laquelle je travaillais et pour qui je devais interviewer des enfants sur l’inégalité des sexes dans leurs communautés et sur l’importance pour tous d’avoir accès à une éducation de qualité. Entre les déplacements chaque jour d’un village à un autre, les journées de 12 heures de travail sous un soleil de plomb et l’humidité étouffante des salles de classe, j’étais submergée par la sueur de la tête aux pieds.

Emprisonnée entre ma brassière, mon T-shirt en coton et mon pantacourt, la sueur se mélangeait à la poussière et à la crasse avant d’être absorbée par mes vêtements, puis par ma peau. Les deux douches froides que je prenais chaque jour — une aux aurores, avant de partir pour la journée, et l’autre le soir, juste avant de me glisser sous un drap fin pour la nuit — n’y faisaient rien, la teigne s’est quand même développée.

À mon retour à Toronto, j’ai pris rendez-vous avec mon médecin qui m’a prescrit une crème que j’ai commencé à rigoureusement appliquer sur la tache et, après quelques semaines, celle-ci avait disparu et j’ai oublié l’incident. Enfin, jusqu’à ce que j’aie un cancer du sein.

Comme beaucoup de femmes qui ont eu un cancer du sein à qui l’on prescrit du tamoxifène pendant cinq ans, on m’avait prévenue que je pouvais avoir des effets indésirables dus au médicament, comme des douleurs aux articulations, de la sécheresse vaginale et de constantes nausées. En revanche, personne ne m’avait parlé de la possibilité de développer une dermatomycose. Les autres effets indésirables de ce médicament antihormonal ne m’ont pas épargnée, en particulier les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes. Une fois par heure, avec la régularité d’un métronome, ces vagues de chaleur m’envahissaient comme si on m’aspergeait d’essence et qu’on allumait le feu, me laissant grelottante, épuisée et dégoulinante de sueur. Ce n’était pas la même sueur que celle que l’on produit après une heure de classe de cardiovélo. Non, ç’aurait été trop facile. Les sueurs dues au tamoxifène, qu’elles surviennent pendant la journée ou la nuit, vous donnent l’impression de sortir d’une douche très chaude sans vous être essuyée. Et comme depuis mon opération, je ne pouvais passer une journée ou aller me coucher sans porter mon inélégante brassière, épaisse et douce, qui me rassurait — mes seins me paraissaient trop exposés et vulnérables sans elle, la sueur s’y accumulait à mesure que les heures défilaient. Et ce qui devait arriver arriva.

La teigne refit son apparition.

Cette fois-ci, la tache de teigne, qui n’est pas un vers, mais une dermatomycose, un champignon de la peau, était plus petite et se trouvait un peu plus haut, sur mon côté gauche. Je ne l’ai pas tout de suite remarquée, car elle était cachée par la bande de la brassière qui fait le tour de la poitrine et qui s’attache dans le dos. Grâce à mon expérience au Rwanda et à mon expérience avec les bouffées de chaleur, je sais maintenant que c’est la sueur qui est en cause. Même en changeant régulièrement de vêtements et les draps de mon lit, et en prenant régulièrement des douches avec du savon, le tamoxifène m’a rendue sujette aux dermatomycoses. Comme si les autres conséquences du cancer du sein ne suffisaient pas!

Bizarrement, l’omniprésence de ce champignon m’a rappelé la personne que j’étais avant le cancer. J’étais une personne courageuse et déterminée, qui avait choisi de parcourir le monde pour rendre compte des histoires des autres peuples. Et pourtant, aujourd’hui, j’arrive aussi à accepter qu’une condition cutanée, aussi dégoûtante soit-elle, soit une bonne chose — oui, je me dois d’y voir le côté positif — qui me permet de me souvenir de ce que je suis maintenant : une survivante dotée d’un nouvel avenir. Même si je n’ai présentement qu’une envie, me débarrasser de cette tache de teigne — et j’aurais aussi aimé qu’on me prévienne de cet effet secondaire, aujourd’hui j’ai aussi le choix. Le choix de témoigner de mon expérience avec le cancer du sein et d’éclairer d’autres femmes sur certains aspects de la maladie. En plus de cette tache, c’est quelque chose à laquelle je vais certainement réfléchir davantage pendant les quatre prochaines semaines au cours desquelles je dois appliquer la crème que mon médecin m’a prescrite.

Adriana Ermter est une auteure et rédactrice primée. Vous pouvez lire ses écrits dans Living Luxe, Figure Skater Fitness et IN Magazine, ainsi qu’en ligne sur les sites 29Secrets.com, RethinkBreastCancer.ca, Popsugar.com et AmongMen.com. L’ancienne chroniqueuse beauté du magazine FASHION et rédactrice en chef de Salon et Childview habite à Toronto avec ses deux chatons, Murphy et Olive. Vous pouvez la suivre sur Instagram (@AdrianaErmter).

Les points de vue et les expériences exprimés à travers les histoires personnelles sur le blog Our Voices sont ceux des auteurs et de leurs expériences vécues. Ils ne reflètent pas nécessairement la position du Réseau canadien du cancer du sein. Les informations fournies n’ont pas été examinées médicalement et ne sont pas destinées à remplacer un avis médical professionnel. Demandez toujours conseil à votre équipe de soins lorsque vous envisagez vos plans et objectifs de traitement.