Par Nicole Neidig
J’ai appris que j’avais un cancer du sein en décembre 2019. J’avais 47 ans et j’étais en bonne santé, heureuse et au summum de ma carrière. Juste au moment où je venais de dire à mon mari, avec qui j’étais mariée depuis 25 ans, que la vie est merveilleuse, notre vie s’est arrêtée : « vous avez un cancer du sein ».
Après de nombreux shots et de nombreuses bières — que faire d’autre quand on apprend qu’on a le cancer? – j’ai été happée dans un tourbillon : double mastectomie avec ablation des ganglions lymphatiques, six rondes de chimiothérapie éreintantes, deux semaines et demie de séances quotidiennes de radiothérapie, qui devront être suivies de 10 ans de traitement hormonal. J’ai dû renoncer à ma carrière en tant que directrice de la gestion de l’information en santé pour me concentrer sur ma santé. J’avais perdu ma magnifique chevelure blonde. J’avais perdu mes seins. J’avais perdu tout espoir.
Alors que je commençais à m’ajuster à ce nouveau corps meurtri et défiguré, et que je me préparais mentalement à commencer la chimiothérapie, la pandémie de COVID-19 et les mesures sanitaires mises en place un peu partout ont ravivé mes peurs et mon anxiété. Mon fils obtenait son diplôme de fin de secondaire en plein milieu du confinement, sans ses amis et sans cérémonie. Et pour couronner le tout, mon mari et lui se faisaient tous les deux mettre à pied par leur employeur. Un mal pour un bien, puisque cela signifiait qu’ils seraient là, tous les deux, à la maison pour s’occuper de moi. C’est donc avec beaucoup de larmes, mais aussi beaucoup de rires que nous avons affronté ce cancer en famille.
Nous sommes tellement reconnaissants à nos amis et à la famille pour leur soutien, leurs visites, les services rendus, les bons petits plats et leur amitié. J’ai eu également la chance d’avoir une équipe médicale exceptionnelle pour me soutenir dans mes traitements que j’ai dû faire toute seule, puisque les visiteurs n’étaient pas autorisés en raison de la pandémie. Mon arrivée au centre d’oncologie commençait généralement par des nausées et des haut-le-cœur dus à l’anxiété tandis que mon mari attendait, stressé, mes textos, dehors, dans le camion.
Alors que nous nous remettons mentalement, physiquement et spirituellement de cette aventure, mon mari et moi avons décidé de nous faire tatouer ce mot que nous nous répétons plusieurs fois par jour : « respire ». Chaque tatouage est écrit par la main de l’autre. Ils nous rappellent qu’il faut parfois faire une pause et respirer...
J’ai encore devant moi plusieurs opérations, des années de traitement médicamenteux et d’effets secondaires, mais mon mari et mon fils seront là, à mes côtés. Mes cheveux commencent à rependre de l’épaisseur et à reboucler, et j’ai repris ma carrière bien aimée. Le cancer est juste un mot, pas une phrase, alors vous aussi : respirez !