Dans notre rubrique mensuelle, la rédactrice en chef et auteure Adriana Ermter raconte son expérience du cancer du sein.
Par Adriana Ermter
Cela vous arrive-t-il de penser que vous avez une autre tumeur? Je ne parle pas d’une récidive du cancer, mais d’une autre tumeur? Si c’est le cas, est-ce que ces pensées surviennent brusquement, à certains moments, comme lorsque vous ressentez une douleur à l’épaule ou sur le côté, ou lorsque vous prenez une grande inspiration et que vous ressentez une douleur vive au moment d’expirer? Dans ces moments-là, est-ce que vous vous dites « mince, j’ai une tumeur »! Puis, vous essayez de vous raisonner et de sortir de ce mode de pensée paranoïaque? Moi, ça m’arrive.
C’est fou comment le cancer a créé cette peur en moi. Elle s’est insinuée petit à petit et fait surface aux moments les plus inattendus. C’est fou et pourtant je sais que ce n’est pas complètement irrationnel d’avoir peur. Selon une étude (en anglais) parue dans la revue Radiation Oncology Journal, publié par le National Library of Medicine National Institutes of Health, entre 17 % et 19 % des personnes atteintes d’un cancer développent un cancer secondaire. Cela peut être attribué à diverses causes comme le tabagisme, le manque d’exercice physique, une consommation excessive d’alcool, une prédisposition génétique, la radiothérapie et la chimiothérapie. Ce risque devient encore plus réel lorsque l’on ajoute à cela la prise de tamixofène, que de nombreuses femmes ayant eu un cancer du sein — dont moi-même — ou un cancer de l’utérus (endomètre) prennent.
Attention, il ne faut pas confondre le risque de cancer secondaire et le cancer du sein métastatique, que l’on appelle aussi cancer du sein de stade IV, où des cellules cancéreuses se détachent de la tumeur d’origine pour se disperser dans le reste du corps — foie, cerveau, os ou poumons. Le cancer métastatique est bien réel, difficile à gérer mentalement et certainement épeurant. Non, je parle ici de l’incertitude et de l’angoisse générée par la peur d’avoir un autre cancer. Du fait de trouver une nouvelle grosseur ou protubérance, de ressentir de la douleur alors qu’on a été opérée et qu’on a fini les traitements et que l’on devrait être en rémission, et de se laisser happer par l’anxiété.
Ces pensées ne viennent pas à moi tout le temps, mais quand elles surgissent, cela semble si réel. Je n’aime pas ces moments. Quand ça arrive, je commence à trembler de la tête aux pieds et je me maudis de ne pas avoir encore finalisé mon testament tout en parcourant webmd.com comme une folle! Ça n’aide pas, je sais. Alors pour maîtriser ces pensées et mes émotions, j’ai entrepris de rester proactive et de me créer de nouvelles habitudes.
La thérapie
Bien que je ne puisse pas appeler ma thérapeute à tout moment, j’ai rendez-vous avec elle chaque semaine. Quand la peur commence à me gagner, je note mes pensées et mes actions dans mon journal afin d’en discuter avec elle lors de notre rendez-vous. Avoir un cancer est un traumatisme physique et psychologique, et avoir un flash-back lors d’une visite chez le cancérologue ou ressentir une grosseur près du poumon peut déclencher tout un tas d’émotions. Mais exhumer les causes profondes de mes pensées et de mon comportement — au-delà du traumatisme laissé par le cancer — avec l’aide de ma thérapeute m’a énormément aidée.
Parler de ses émotions est à la fois bizarre et puissant. Je sais que je pourrais me confier à mes sœurs ou à mes amis, mais, quelque part, parler de ses abominables sentiments d’insécurité et de peur à ma thérapeute me permet de guérir. Ayant toujours eu recours à des thérapeutes depuis que je suis adulte, je dirais que je dispose des outils nécessaires pour analyser et comprendre mes choix, dont ces pensées irrationnelles à propos d’une nouvelle tumeur. Et pourtant, j’éprouve encore le besoin de me plonger au plus profond de moi afin d’acquérir une meilleure conscience et une meilleure maîtrise de moi. Être aidée par une thérapeute dans cette tâche, et ce, même au-delà du traumatisme laissé par le cancer, me permet de réfléchir à mon comportement et à mes réactions, ce qui est fantastique.
La méditation
Cela fait maintenant plusieurs années que je fais de la méditation tôt tous les matins. Mes séances peuvent durer entre 2 et 30 minutes, mais il serait impensable pour moi de me lever à 5 h du matin sans avoir médité. Comme avec la thérapie, c’est la constance de la pratique qui m’est bénéfique et qui m’apprend à chaque fois quelque chose de nouveau sur moi. De plus, j’adore ce sentiment de quiétude que je ressens après et qui me prépare pour le reste de la journée.
Je commence mes séances de méditation en lisant une section du livre Un cours en miracles, puis en faisant la leçon qui l’accompagne. Ce n’est pas un livre facile à lire et je tâtonne encore parfois. Mais j’aime ça et ça fonctionne pour moi. Ensuite, je lis une section d’un autre des nombreux livres que j’aime — bien que j’aie plutôt tendance à me diriger vers ceux de Marianne Williamson, Wayne Dyer et Brené Brown, je médite et j’écris dans mon journal. En tout, cela me prend entre 45 minutes et une heure.
La marche
J’adore la marche et j’essaie d’en faire une chaque soir. Je ne marche pas forcément longtemps ou rapidement, mais je le fais. Ça me permet de libérer mon esprit, de respirer plus profondément et de prendre le temps de prendre conscience de mes émotions et de mes comportements. Je préfère marcher à la tombée de la nuit parce qu’il fait plus frais et voir les lampadaires de la ville s’allumer apporte une sorte de magie et me procure un sentiment d’appartenance à ma communauté et au monde. Je me sens entourée.
Du point de vue de la santé, la marche procure également des bienfaits. C’est une activité qui sollicite tout le corps : des épaules aux jambes, en passant par les fessiers. Selon l’Anxiety and Depression Association of America, la marche réduit le stress, abaisse le niveau d’anxiété et améliore l’humeur. J’y crois, parce que c’est effectivement ce que je ressens. En effet, la marche, contrairement à d’autres activités physiques, produit des endorphines, ces substances chimiques qui régulent nos émotions. Je trouve aussi que cela me permet de laisser aller mes pensées négatives et de mieux dormir la nuit. J’ai lu quelque part que les spécialistes du sommeil pensent que les activités incluant de la marche stimulent aussi la production de mélatonine, l’hormone du sommeil, qui facilite l’endormissement et permet un sommeil plus profond. La marche est, pour moi, un moyen essentiel de prendre soin de moi, de finir ma journée et de gérer mes pensées afin de les transformer en pensées positives, et créer un sentiment d’acceptation de soi et de bien-être.
Adriana Ermter est une auteure et rédactrice primée. Vous pouvez lire ses écrits dans Figure Skater Fitness et IN Magazine, ainsi qu’en ligne sur les sites 29Secrets.com, RethinkBreastCancer.ca, Popsugar.com et AmongMen.com. L’ancienne chroniqueuse beauté du magazine FASHION et rédactrice en chef de Salon et Childview habite à Toronto avec ses deux chatons, Murphy et Olive. Vous pouvez la suivre sur Instagram (@AdrianaErmter).