Les individus ayant reçu un diagnostic de cancer sont considérés comme présentant un risque élevé de tomber gravement malades s’ils contractent la COVID-19. Les données provenant de différentes études illustrent que le type de cancer et son stade, l’âge de la personne, son état de santé et d’autres facteurs font varier le degré de risque auquel fait face un patient. De plus, le type de traitement qu’une personne reçoit et la durée de son dernier traitement peuvent également se répercuter sur l’issue de la maladie. Parallèlement, quelques études ont démontré que les patientes atteintes de cancer du sein s’en tiraient mieux que les patients atteints d’autres formes de cancer.
Ces études sur le risque que courent les patientes atteintes d’un cancer du sein et de la COVID-19 sont restreintes et fondées sur un faible nombre de participantes. Cela signifie qu’il est difficile d’évaluer adéquatement le niveau de risque d’une personne. Pour alléger le fardeau qui pèse sur les hôpitaux et pour protéger les populations vulnérables, de nombreux centres de cancérologie ont dû modifier leurs normes de soins. Ils ont également dû trouver un juste équilibre entre les dangers que représentent le cancer lui-même, le risque de contracter la COVID-19 et les complications supplémentaires qui peuvent en découler. Ces changements peuvent se traduire par un report des opérations prévues, provoquant ainsi une incertitude et une anxiété bien justifiées. Le RCCS a rédigé ce blogue pour apaiser certaines inquiétudes que pourraient éprouver des patientes atteintes de cancer du sein dont les traitements et opérations sont remis à plus tard. Nous y fournissons des données de recherches qui ont évalué l’impact des traitements et des opérations sur le système immunitaire d’une personne, pendant combien de temps certaines interventions peuvent être retardées et quelles procédures peuvent être remplacées de façon sécuritaire par d’autres interventions. Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive puisqu’elle ne contient que les informations disponibles actuellement.
L’effet d’une opération ou d’un traitement du cancer du sein sur le système immunitaire
- Pour les patientes atteintes d’un cancer métastatique qui suivent une endocrinothérapie (hormonothérapie), les traitements administrés par voie orale comme le tamoxifène ou les inhibiteurs de l’aromatase ne devraient pas affecter le système immunitaire1.
- Chez les patientes atteintes d’un cancer du sein HER2+, le trastuzumab (associé ou non au pertuzumab) peut être utilisé en contexte néoadjuvant ou adjuvant et le trastuzumab-emtansine, en contexte adjuvant, avec une immunosuppression moindre* 2.
Reports et substitutions possibles pour les opérations et traitement contre le cancer du sein
Selon le type de cancer du sein
- ER positif/HER2 négatif
- L’endocrinothérapie néoadjuvante ou de transition (principalement le tamoxifène) s’avère une option qui permet de reporter une intervention chirurgicale de 6 à 12 mois*1.
- Si une chimiothérapie est préconisée, elle peut être administrée en contexte néoadjuvant (préopératoire)*1.
- L’endocrinothérapie néoadjuvante rend possible, à court terme, le report d’une opération définitive3.
- HER2 positif
- Les patientes âgées qui présentent des comorbidités ou celles ayant des cancers à faible risque peuvent cesser le traitement anti-HER2 adjuvant (trastuzumab) après 6 mois au lieu de 12*1.
- Le trastuzumab, le pertuzumab et les conjugués anticorps connexes peuvent être administrés moins fréquemment, c’est-à-dire selon des intervalles posologiques plus longs3.
- Carcinome canalaire in situ
- Les tumeurs dont le grade est bas ou intermédiaire, les carcinomes lobulaires, les cancers présentant une analyse génomique de risque faible ou de type luminal-A
- Les chimiothérapies néoadjuvantes ou adjuvantes ne présentant aucun avantage substantiel, les patientes peuvent suivre une endocrinothérapie administrée seule*3.
Selon le traitement ou l’opération
- Chimiothérapie
- Dans le cas d’un cancer métastatique, les traitements par voie orale peuvent parfois être utilisés **1.
- Ils peuvent cependant continuer de supprimer la fonction immunitaire
- Les traitements d’inhibition de l’activité ovarienne (des injections sous-cutanées d’analogues de la LHRH) peuvent être administrés tous les 3 mois au lieu d’une fois par mois et, dans certains cas, à domicile par du personnel infirmier formé **1.
- Dans les cas où une chimiothérapie néoadjuvante a été administrée, reporter l’opération jusqu’à 8 semaines après la chimiothérapie pourrait ne pas nuire à la survie3.
- Dans le cas d’un cancer métastatique, les traitements par voie orale peuvent parfois être utilisés **1.
- Radiothérapie adjuvante
- Chez les patientes ménopausées ou celles présentant des comorbidités, la radiothérapie peut être retardée de 3 à 6 mois*4.
- La radiothérapie n’affaiblit pas le système immunitaire et peut être administrée de façon sécuritaire dans les délais prescrits si la COVID-19 n’est pas endémique au centre de cancérologie
- Les conséquences d’un report de 20 semaines d’une radiothérapie après une chirurgie mammaire conservatrice se comparent à celles observées lors d’un retard de 4 à 8 semaines*3.
- Radiothérapie
- Peut parfois être administrée avant une chimiothérapie adjuvante sans nuire à la survie (surtout dans les cas de cancer du sein ER positif et HER2 négatif) 2
* Le rapport mentionne expressément les patientes à un stade précoce de la maladie.
** Le rapport mentionne expressément les patientes atteintes d’un cancer métastatique.
Ressources par CBCN
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