À l’annonce de son cancer du sein métastatique — un carcinome lobulaire — en 2019, Colleen Packer, qui habite à Calgary, est passée par toute une gamme d’émotions : « choc, frustration, peur, tristesse ». « J’en ai pleuré. La première année, ce diagnostic a eu d’énormes répercussions dans ma vie. Aujourd’hui, j’ai trouvé un certain équilibre. Je me sens beaucoup plus en contrôle. Mais, mes émotions restent complexes : je peux ressentir de la joie et de la tristesse, de la colère et de la gratitude, de la peur et de l’assurance, tout cela à la fois. Elles sont toutes justifiées et on doit les vivre comme il se doit, car elles font partie de l’expérience. On ne peut pas juste balayer les plus dures d’un revers de la main et adopter une sorte d’optimisme toxique où l’on se dit que tout va bien aller et que toute chose à sa raison d’être. Selon moi, toutes ces émotions que l’on ressent en même temps font partie de l’expérience. »
« Je ne pense pas m’être jamais demandé “pourquoi moi?” ou “Pourquoi Dieu a-t-il permis que j’aie ce cancer?”. Le Dieu en lequel je crois ne laisse pas de mauvaises choses arriver aux bonnes personnes. C’est juste comme ça que le monde dans lequel nous vivons est. C’est de la malchance. Ma foi me procure beaucoup de force ainsi qu’un sentiment de confort et de paix. »
« Mon travail fait également partie intégrante de qui je suis. Pouvoir continuer à travailler pendant les traitements m’a permis de garder mon identité. Je n’étais pas Colleen, celle qui a un cancer, mais Colleen, directrice du programme d’éducation international de l’Université de Calgary. Cela m’a permis de bénéficier d’un sentiment de normalité et de conserver ma raison d’être, un but dans la vie. Quelque part, le cancer s’empare de notre identité, et donc continuer à travailler m’a permis de me rappeler que j’étais plus que ça et que je pouvais continuer à vivre normalement. Le travail représentait, pour moi, un espace exempt de cancer. »
« Mais, mon travail ne me définit pas en tant que personne et ce n’est pas non plus ma seule activité. Ma perspective sur la vie a beaucoup changé depuis mon diagnostic. Ma vie professionnelle et ma vie privée sont beaucoup plus équilibrées. Avant mon diagnostic, le travail occupait une place importante dans ma vie. Aujourd’hui, j’accorde plus d’importance à mon temps personnel, que je consacre à ma famille, à mes amis et à mon bien-être. Je m’assure de rester active en marchant et en faisant des randonnées à la montagne. Je choisis délibérément de passer beaucoup plus de temps avec ma famille et mes amis — que je ne tiens plus pour acquis. »
Colleen a deux conseils pour les personnes qui viennent d’apprendre qu’elles ont un cancer du sein : « Le premier conseil est de demander de l’aide et de côtoyer des personnes qui vivent la même chose que soi. J’ai énormément appris dans les groupes de soutien et dans les groupes Facebook, ainsi qu’auprès d’autres personnes qui sont devenues mes amies et qui vivent des expériences similaires. Ces gens comprennent vraiment ce que l’on vit. »
« Mon deuxième conseil est de s’informer le plus possible. Le cancer prend souvent le contrôle. Plus on s’informe sur la maladie, les traitements, les avantages et les différentes façons dont notre vie va être impactée, plus on reste en contrôle. Plus on s’informe, plus on est à même de prendre des décisions éclairées.
« En fin de compte, il n’y a que nous qui pouvons prendre des décisions nous concernant. C’est vous qui vous vous connaissez le mieux et qui savez ce dont vous êtes capable. Plus vous vous informerez, plus vous serez capable de comprendre ce qu’il se passe et de prendre des décisions appropriées à votre situation. Pour certaines personnes, arrêter de travailler est la meilleure décision, tandis que pour d’autres, c’est le contraire. L’important, c’est de s’armer de connaissances pour savoir ce qui est le plus approprié pour vous afin de pouvoir défendre vos propres intérêts et ne pas laisser d’autres personnes vous dire quoi faire ou choisir. »
« Pour moi, le savoir est synonyme de pouvoir. Je suis le genre de personne à participer à des webinaires et à suivre des spécialistes de la recherche sur le cancer sur Twitter, en particulier pendant les conférences, lorsque de nouvelles découvertes sont présentées. Je me tiens très au courant de tout cela. Savoir que de nombreuses études sont en cours et que de nouveaux traitements ou essais cliniques sont constamment disponibles me donne de l’espoir. De même que de connaître des gens, dans mes groupes de soutien, qui sont stables et toujours vivants alors qu’ils suivent le même traitement que moi et depuis plus longtemps. »
« Lors de mon diagnostic, je ne savais pas du tout que j’allais être toujours là douze mois plus tard, et encore moins que je travaillerais toujours, que j’aurais un but dans la vie et que je bénéficierais d’une excellente qualité de vie. Savoir que ma vie ne se résume pas au cancer, qu’elle est bien remplie et que je suis capable de faire beaucoup de choses, ça aussi, ça me donne de l’espoir. »