On parle de carcinome lobulaire in situ lorsqu’il y a une accumulation anormale de cellules dans les lobules sans que ces cellules ne se propagent à l’extérieur des lobules. Le carcinome lobulaire in situ est similaire à l’hyperplasie lobulaire atypique en ce sens qu’ils sont tous deux caractérisés par une accumulation anormale de cellules dans les lobules. Toutefois, dans le cas du carcinome lobulaire in situ, la prolifération cellulaire est plus importante. Les études montrent qu’un carcinome lobulaire in situ est présent dans 0,5 % à 1,5 % des biopsies de tumeurs bénignes et dans 1,8 % à 2,5 % de toutes les biopsies. La prévalence des carcinomes lobulaires in situ est également plus élevée chez les femmes préménopausées, l’âge moyen du diagnostic étant de 49 ans. Bien que le carcinome lobulaire in situ soit une condition bénigne et ne soit pas considéré comme une forme de cancer du sein, les personnes atteintes présentent un risque 7 à 12 fois supérieur de développer un cancer du sein invasif. Pour les femmes atteintes d’un carcinome lobulaire in situ, le risque de développer un cancer du sein est de 10 % dans les 10 ans suivant le diagnostic et de 20 % dans les 20 ans suivant le diagnostic.
Il existe trois types de carcinomes lobulaires in situ : classique, pléomorphe et avec comédonécrose. Dans la forme classique, les cellules de la paroi des lobules sont plus petites ou de taille similaire. Une fois le diagnostic posé, le risque de développer un carcinome invasif est de 9 à 10 fois supérieur au reste de la population. La forme classique est généralement positive aux récepteurs d’œstrogènes et/ou de progestérone, et HER2-. Dans la forme pléomorphe, les cellules de la paroi des lobules sont plus grandes et ont une apparence anormale. Entre 72 % et 100 % des cas de formes pléomorphes sont positifs aux récepteurs d’œstrogènes, entre 50 % et 100 % des cas sont positifs aux récepteurs de progestérone et dans 1 % à 41 % des cas, HER2 est surexprimé. Dans la forme avec comédonécrose, les cellules de la paroi des lobules se sont développées au point de créer une masse qui, la plupart du temps, renferme des sections de cellules mortes en son centre (appelée comédonécrose).
Diagnostic
Le carcinome lobulaire in situ ne présente aucun symptôme notable. La forme classique n’est généralement pas visible à la mammographie, contrairement aux formes pléomorphe et avec comédonécrose qui le sont parfois. Quelle que soit la forme, sa présence est généralement révélée à l’occasion d’une biopsie effectuée pour d’autres raisons faisant suspecter un possible cancer, dont une mammographie.
Traitement et prise en charge
Si on vous a diagnostiqué un carcinome lobulaire in situ, il n’y a rien à faire puisqu’il ne s’agit pas d’un cancer. Toutefois, vous disposez d’un certain nombre d’options afin de réduire votre risque de développer un cancer du sein. L’option la plus appropriée dépendra de votre situation et d’un certain nombre de facteurs, dont ceux présentant un grand risque élevé de développer un cancer du sein.
Suivi étroit : On conseille généralement aux personnes atteintes d’un carcinome lobulaire in situ d’attendre de voir comment cela évolue. Aucun traitement — médicamenteux, chirurgical ou autre — n’est préconisé, si ce n’est une étroite surveillance des symptômes de cancer du sein et des mammographies plus fréquentes. D’autres méthodes de dépistage peuvent s’avérer également efficaces.
Chimioprévention et inhibiteurs de l’aromatase : Les œstrogènes sont des hormones naturelles qui augmentent le risque de cancer du sein et qui participent au développement des tumeurs mammaires. Certains médicaments ayant pour but de bloquer les effets des œstrogènes et utilisés pour les réduire le risque de cancer du sein peuvent être prescrits aux personnes atteintes d’un carcinome lobulaire in situ, comme le tamoxifène et le raloxifène. Le tamoxifène peut être prescrit aux femmes pré et postménopausées, tandis que le raloxifène est destiné aux femmes postménopausées uniquement. Bien que le tamoxifène soit plus efficace en termes de réduction des risques de développer un cancer du sein, le raloxifène présente moins d’effets secondaires.
Quant aux inhibiteurs de l’aromatase, en plus d’empêcher l’enzyme aromatase de transformer d’autres hormones en œstrogènes, ils peuvent être administrés aux femmes postménopausées atteintes d’un carcinome lobulaire in situ dans le but de réduire le risque de développer un cancer du sein. À noter que ces médicaments peuvent uniquement réduire le risque de cancer du sein ER+ et non de cancer du sein ER— . Enfin, si vous prenez des médicaments à base d’œstrogènes, comme la pilule contraceptive, il est possible que vous ne puissiez plus les prendre.
Chirurgie : Puisque la présence d’un carcinome lobulaire in situ n’entraîne pas forcément un cancer du sein, il est important de bien peser les pour et les contre d’une opération chirurgicale en guise de traitement contre cette condition. La chirurgie peut être appropriée lorsque l’on présente une forte probabilité de développer un cancer du sein en raison d’autres facteurs de risque. Que vous soyez à risque ou non, parlez-en à votre médecin pour savoir quelle option chirurgicale serait le plus adaptée à votre situation. Ces options comprennent :
- Excision par aspiration guidée par échographie : procédure non effractive qui permet d’enlever le tissu mammaire anormal. Il s’agit d’une approche commune dans le traitement des carcinomes lobulaires in situ pléomorphes et avec comédonécrose, qui ont tendance à se développer rapidement.
- Tumorectomie : extraction du tissu mammaire anormal ainsi que certaines parties du tissu environnant.
Références (en français)
Hyperplasie lobulaire atypique et carcinome lobulaire in situ : description, corrélations radio-histologiques et conduite à tenir (Imagerie de la femme)
Hyperplasie atypique du sein (Société canadienne du cancer)
Carcinome lobulaire in situ (CLIS) (MyPathologyReport.ca)
Carcinome lobulaire in situ (CLIS) (Société canadienne du cancer)