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La Voix Des Personnes Atteintes D'un Cancer Du Sein

Éducation

blogue À nous la parole


La disparition de mon cancer du sein métastatique

Par Zuri Scrivens

Zuri ScrivensLe 19 juillet 2011, je reçus un diagnostic de cancer du sein. J’avais 33 ans et un fils de 10 mois. Je baignais encore dans cette nouvelle joie de la maternité. Lorsqu’une bosse que j’attribuais à un problème d’allaitement refusa de disparaître, je décidai d’aller consulter mon médecin. Une mammographie suivie d’une biopsie révéla que la tuméfaction en question s’avérait cancéreuse et suffisamment grosse pour justifier une mastectomie de mon sein droit immédiatement. Une masse de quatre centimètres fut retirée en même temps que 21 ganglions lymphatiques de mon aisselle droite. Trois de ces derniers étaient positifs, c’est-à-dire qu’ils contenaient des cellules cancéreuses métastatiques. Le rapport de pathologie final indiquait que je souffrais d’un carcinome canalaire infiltrant et que ma tumeur possédait des récepteurs d’œstrogènes positifs, des récepteurs de progestérone négatifs et qu’elle ne surexprimait pas la protéine HER2 (HER2-négatif). Cette nouvelle fut dévastatrice, mais j’avais la chance de pouvoir compter sur le soutien important de ma famille et de mes amis. Ils me donnèrent la force et la détermination d’entamer le combat de ma vie.

Avant de recevoir mon diagnostic, mon mari et moi avions évoqué la possibilité d’avoir d’autres enfants. Nous apprîmes cependant rapidement que la chimiothérapie changerait tout cela. Heureusement, il existait un programme pour les patientes atteintes d’un cancer et en âge de procréer. Grâce à la générosité du Pacific Centre for Reproductive Medicine (PCRM), une grande partie des coûts associés à la conservation des ovules, des spermatozoïdes ou des embryons étaient couverts. Nous sommes si reconnaissants d’avoir pu profiter de cette possibilité. Il y a trente ans, les femmes ne pouvaient même pas se poser cette question. En fin de compte, nous réussîmes à sauver huit de nos embryons. Ils sont cryoconservés au PCRM depuis six ans et y demeureront jusqu’à ce que nous décidions d’agrandir notre famille à nouveau.

Après mes traitements de fertilité, je subis six cycles de chimiothérapie : fluorouracile, épirubicine et cyclophosphamide pour les trois premiers cycles et docétaxel pour les trois qui restaient. Le tout fut suivi de quatre semaines de radiothérapie avant de terminer le traitement par la prise d’un médicament appelé tamoxifène. Ce protocole était typique pour une personne de mon âge.

Neuf mois après l’annonce de mon diagnostic, j’étais prête à poursuivre ma vie, mais par mesure de précaution, je choisis de me faire enlever le sein gauche. Un kyste présent dans ce sein qui m’inquiétait même s’il était bénin. Cet automne-là, je subis une deuxième mastectomie. Les marges s’avérèrent saines, ce qui voulait dire qu’il n’y avait pas de cancer ! Cependant, moins de deux mois plus tard, tout juste avant Noël, je découvris une minuscule bosse sous ma clavicule. Je joignis immédiatement mon médecin et une autre biopsie fut effectuée. Le 17 décembre 2012, j’appris que mon cancer était réapparu et qu’il s’était propagé à mon foie et à des ganglions lymphatiques autour de mon cou. Cette fois, je crus vraiment que j’allais mourir. Le choc initial passé, mes proches et moi nous mîmes à nouveau en mode action. Grâce à un membre de la famille, j’entendis parler d’une oncologue de Vancouver que je devais rencontrer. Elle était l’une des meilleures, sinon la meilleure. Elle avait des liens avec le milieu de la recherche et des essais cliniques, et ce partout dans le monde. De surcroît, elle se concentrait sur le cancer du sein. Il se trouve que Karen Gelmon est même meilleure que les meilleurs. Au cours de mon premier rendez-vous, elle établit les différents essais cliniques auxquels j’étais admissible. Grâce à elle, j’étais bien plus confiante dans mes chances de m’en sortir. Elle me dit de travailler sur mon bien-être mental. Ces paroles sages me restent encore en tête à ce jour.

Je commençai à transformer ma vie. M’occuper de ma santé psychologique et de mes soins personnels devint ma priorité. Je rencontrai une fabuleuse acupunctrice, Delphine Baumer, qui me fit cadeau de traitements hebdomadaires à tarif réduit. Une de mes tantes prit soin de moi assez régulièrement par le biais du Healing Touch. Une de mes plus proches et anciennes amies consacra une heure par semaine à me guider dans ma pratique du yoga. De plus, je recommençai à courir et appris à intégrer la méditation à ma vie. Je crois sincèrement que ces façons de prendre soin de mon corps et de mon esprit jouaient un rôle important dans mon habileté à aussi bien m’en tirer jusque-là.

Peu après avoir rencontré la docteure Gelmon, je devins la dixième patiente du Personalized Onco-Genomics Program (POG) de la BC Cancer Agency. Pour être honnête, je ne pense pas que je saisissais entièrement ce que voulait dire être un patient du POG à ce moment. Par contre, je savais que la docteure Gelmon et ses collègues feraient tout en leur pouvoir pour en connaître le plus possible sur mon cancer. Il existe tellement de types de cancer et d’effets sur les gens que ce genre de recherches me paraissait tout à fait sensé. Les résultats du POG au terme de six autres cycles de chimiothérapie permirent d’établir un protocole clinique final. Le Zoladex fut utilisé pour provoquer ma ménopause (puisque j’étais encore jeune), ce qui rendit possible la prise du deuxième médicament, le létrozole (pour inhiber la production d’œstrogènes). Je terminai par la metformine, un médicament expérimental qui est employé depuis longtemps pour traiter le diabète et qui semble donner de bons résultats chez les personnes atteintes d’un cancer du sein.

À l’automne 2013, seulement quelques jours après mon premier scintigramme de suivi, je reçus un appel surprenant de la docteure Gelmon. Elle me dit qu’elle ne pouvait tout simplement pas attendre à mon rendez-vous pour me faire part de la nouvelle. Mon scintigramme était beau. Complètement normal. Aucun signe de la maladie. Aucun signe de tumeurs actives. Ce fut dur à croire à ce moment, mais quatre ans et cinq autres scintigrammes normaux plus tard, je commence à assimiler la réalité de mes résultats. Néanmoins, certains jours, tout cela me semble très surréel, comme si toute cette expérience était arrivée à une autre personne. Mais je sais, au plus profond de moi-même, que cette histoire est la mienne, malgré mon combat continuel contre la peur de la récidive. Je sais que chacun de mes réveils le matin constitue un cadeau que je ne tiendrai jamais pour acquis.

Zuri Scrivens est une accompagnante à la naissance et lors du postpartum. Elle habite à Langley, en Colombie-Britannique.

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