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La voix des personnes atteintes d'un cancer du sein

Éducation

blogue À nous la parole


« C’est probablement rien » : apprendre qu’on a un cancer du sein à 30 ans

Par Stacey Katsuras

Tout a commencé en juillet 2021. Un écoulement sanguin de mon mamelon m’a conduite dans le labyrinthe infernal de Google et de WebMD, lesquels, pour une fois, étaient rassurants : c’est généralement anodin. Le jour suivant, je prenais rendez-vous avec mon médecin, qui pensait pareil : c’est probablement rien, mais je vais vous prendre rendez-vous dans une clinique du sein afin d’en avoir le cœur net...

J’avais 30 ans, quelques adénofibromes bénins, mais aucun antécédent familial de cancer du sein. Je n’étais donc pas vraiment inquiète et l’oncologue ne l’était pas non plus. Les chances étaient de mon côté, c’était sûrement une tumeur bénigne. Je me rendis donc aux examens — échographie, mammographie, biopsie — en constatant, chaque fois, que les salles d’attente étaient remplies de femmes bien plus âgées que moi.

Les résultats arrivèrent enfin et, encore une fois, on me rassura en me disant que la tumeur était probablement bénigne, mais que comme il y avait des symptômes, je devrais subir une tumorectomie afin de l’enlever. Contre toute attente, les rapports de pathologie révélèrent qu’il s’agissait d’un carcinome canalaire in situ (CCIS), c’est-à-dire d’un cancer du sein au stade 0. De plus, les marges étaient positives, ce qui signifiait qu’il restait des cellules cancéreuses.

Après avoir pris le temps de digérer la nouvelle, je me mis à évaluer mes options quand une IRM révéla que la tumeur s’était bien développée et que le seul traitement possible consistait en une mastectomie unilatérale totale. Je me préparai donc mentalement pour tous les rendez-vous qui allaient s’ensuivre, notamment ceux où on était autorisé à aller accompagné même en temps de pandémie.

La mastectomie révéla que bien que la tumeur soit invasive (cancer de stade 1), les ganglions lymphatiques n’avaient pas été touchés — Dieu, merci! Je devais maintenant suivre un traitement hormonal pendant cinq ans afin de prévenir toute récidive et, bien que ce fut une relativement bonne nouvelle — pas de chimiothérapie, c’était un coup dur pour mon mari et moi, qui voulions fonder une famille et qui devions remettre notre projet à plus tard. Bien que les répercussions sur la fertilité n’eussent jamais été abordées parce que j’étais « jeune », nous avons dû nous battre et avons réussi à faire rapidement deux cycles de prélèvement d’ovules et de fécondation in vitro les 30 000 $ les plus vite dépensés de notre vie, mais ô combien nécessaires afin de pouvoir espérer voir notre projet aboutir.

Je n’ai jamais ressenti autant d’émotions en un si court laps de temps que pendant ses huit derniers mois : colère, tristesse, épuisement, anxiété, gratitude, sérénité, espoir.

Cette aventure n’a pas été facile pour ma famille et moi. Nous avons vécu chaque étape comme un jeu d’attente cruel, à mesure que les nouvelles empiraient.

Plus l’anxiété et la peur s’installaient, plus le soutien de mes proches augmentait. Être entourée de tant d’amour, de prières et de gentillesse m’a remplie d’une gratitude sans bornes. En temps de crise, il est souvent difficile de voir les choses telles qu’elles sont, mais maintenant que la situation s’est apaisée, je suis consciente de toutes les sources de gratitude que j’ai dans ma vie. Et puis, mes cicatrices sont désormais là pour me rappeler, chaque jour, que je dois profiter du plein potentiel de la vie : passer du temps avec les gens que j’aime et profiter des moments spéciaux que la vie a à offrir.

Bien que le cancer du sien soit relativement courant chez les femmes, il est rare chez les jeunes femmes et peut représenter de nombreux défis, comme ceux liés à la fertilité, à l’éducation de jeunes enfants ou à l’établissement d’une carrière. Et si le cancer est détecté à un stade avancé, les chances de survie diminuent considérablement. J’ai vraiment eu de la chance d’avoir eu ces symptômes et de les avoir pris au sérieux. C’est pour ceIa que j’encourage maintenant toutes les femmes autour de moi à être à l’écoute de leur corps, à pratiquer l’autopalpation mammaire, à parler à leur médecin, à se renseigner, et à lutter pour leurs intérêts et leurs droits lorsque cela est nécessaire.

Cela fait maintenant un mois que je suis le traitement hormonal. Je n’aurais jamais imaginé connaître des symptômes de la ménopause dans la trentaine, mais nous y voilà. D’autres les ont surmontés, j’y arriverai aussi.