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La voix des personnes atteintes d'un cancer du sein

Éducation

blogue À nous la parole


L’humour en temps de crise

Il s’agit d’un billet de blogue en deux parties sur l’utilisation de l’humour dans les situations où le rire et l’humour sont, au mieux, considérés comme inappropriés et, au pire, comme macabres. Bien que l’humour soit subjectif, beaucoup de gens trouvent qu’en situation difficile, « il vaut mieux en rire que pleurer ». Dans la deuxième partie de ce billet, l’auteure Anne Kristiansen partagera un extrait de son mémoire satirique sur son cancer du sein, The Angel in the Marble.

On rencontre rarement les termes « cancer du sein » et « humour » dans la même phrase. Quand on apprend que quelqu’un a un cancer du sein — ou n’importe quel autre cancer, cela suscite souvent de la sympathie, de la compassion, de la colère, du déni, de la pitié ou de l’empathie, jamais de l’humour ou du rire. Et si ces émotions sont considérées comme tout à fait valables vis-à-vis de quelqu’un qui a le cancer, faire de l’humour à ce sujet est souvent considéré comme de mauvais goût ou irrespectueux. En général, l’humour a mauvaise presse en temps de crise, qu’il s’agisse d’une catastrophe naturelle, comme un ouragan, ou de quelque chose de plus personnel, comme un cancer du sein. Et pourtant, il a été prouvé que le rire aide à mieux gérer les événements tragiques, en particulier quand il est partagé avec d’autres personnes.

En comédie et dans les études sur le rire, il y a un dicton qui dit que la comédie est résultat de la tragédie dans le temps. Or, pour certaines femmes, la tragédie, c’est le présent. Certaines comédiennes, comme Wanda Sykes et Tig Notaro, puisent dans leur expérience personnelle avec le cancer du sein pour en faire de l’humour sur scène et à la télé. La journaliste du New York Times Suleika Jouad et son amie, Kristen Howard, ont tissé des liens pendant leurs traitements contre le cancer et s’en sont inspirées pour créer une série de vidéos satiriques, intitulée « Real Housewives of Chemotherapy ». Les mémoires satiriques tournant autour du cancer abondent, ainsi que les caricatures, les guides, les cartes de vœux et même les comédies musicales. Ce type d’humour, appelé « humour noir », permet de traiter des sujets tabous, douloureux ou morbides, et est souvent utilisé pour faire rire et déstabiliser le public, mais aussi pour susciter de la réflexion.

Dans les relations entre patient(e) et médecin, l’humour peut également servir à réduire l’angoisse ou la gêne qui peut accompagner certaines questions ou examens de nature personnelle. Pour les personnes atteintes d’un cancer du sein, cette relation peut s’étendre dans le temps, mais aussi aux autres membres de leur famille. Être capable de faire de l’humour comme moyen compensatoire permet de créer des liens avec son oncologue et de se rappeler, qu’au-delà de son rôle de thérapeute, un médecin est avant tout un être humain.

Le rire n’est peut-être pas le meilleur remède, mais il a été prouvé qu’il agit, sur les plans physique et psychologique, comme un adjuvant. Le stress chronique et prolongé causé par le diagnostic de cancer du sein, les traitements et le temps passé à attendre les résultats des analyses et des examens médicaux peut avoir un impact négatif sur le système immunitaire et le métabolisme. Cela est dû, en partie, à la suractivité du cortisol, une hormone qui joue un rôle important dans la régulation du stress ainsi que dans plusieurs autres réactions métaboliques. Le rire libère des endorphines, soulage la tension et l’anxiété, et facilite la parole autour de sujets tabous, comme le cancer du sein et autres sujets délicats. Enfin, faire preuve d’humour en temps de crise peut donner un sentiment de contrôle lorsque l’on se trouve dans une situation qui semble échapper à tout contrôle. Cela peut faciliter la création de liens entre personnes vivant les mêmes expériences et permettre de normaliser ces expériences.

Photo par Tangyart sur Unsplash.

Les points de vue et les expériences exprimés à travers les histoires personnelles sur le blog Our Voices sont ceux des auteurs et de leurs expériences vécues. Ils ne reflètent pas nécessairement la position du Réseau canadien du cancer du sein. Les informations fournies n’ont pas été examinées médicalement et ne sont pas destinées à remplacer un avis médical professionnel. Demandez toujours conseil à votre équipe de soins lorsque vous envisagez vos plans et objectifs de traitement.