Par Adriana Ermter
Dans notre rubrique mensuelle, la rédactrice en chef et auteure Adriana Ermter raconte son expérience du cancer du sein.
Apprendre que l’on a un cancer du sein peut laisser littéralement sans voix, comme si on vous donnait un coup dans l’estomac et que cela vous empêchait de respirer et même, de réfléchir. C’est exactement ce qui m’est arrivé. Quand le médecin m’a dit « vous avez un cancer du sein », je n’ai ressenti aucune émotion ni aucune colère, aucune larme n’a coulé. Mon esprit et mon corps se sont tout simplement figés et tout ce qui m’entourait, y compris mon esprit, s’est embrumé. Je pense maintenant que cela était dû au choc du diagnostic, ce qui me semble une réaction raisonnable lorsque l’on reçoit une telle nouvelle qui a le potentiel de bouleverser sa vie. Et même si la brume qui s’était installée dans mon esprit a fini par se dissiper, je suis restée abasourdie par le caractère surréaliste de ma nouvelle réalité.
Pour y remédier, je suis devenue hyperactive. J’ai fait des recherches, rédigé une liste de questions et fait l’épicerie. Je me suis astreinte à rester factuelle. J’ai fait le ménage, flatté mon chat, commandé des pantalons en mou en ligne. Je suis allée chez le coiffeur. J’ai fait d’autres recherches, ajouté des questions à ma liste et je me suis forcée à continuer de vivre. Je n’ai pas pensé une seule fois à parler à quelqu’un de ce que je vivais. Même pas à mon thérapeute. Je n’y arrivais tout simplement pas. Je n’arrivais pas à exprimer ce que je ressentais. J’avais tout juste annoncé la nouvelle à une poignée de personnes — mes amis et les membres de ma famille les plus proches. J’étais en mode survie et je n’avais ni le temps ni l’énergie de gérer mes émotions ou de répondre aux gens qui me demanderaient comment j’allais. Sauf qu’en y repensant, j’aurais peut-être dû parler à un psychothérapeute, car cela m’aurait apporté un autre niveau de soutien. Et puis, j’ai fini par tout déballer à mon thérapeute. Cela a été cathartique et je me suis sentie moins seule et moins isolée.
Étant moi-même passée par là, je connais le degré de force et de résilience qu’il faut avoir pour accepter un diagnostic de cancer du sein. C’est un choc considérable, dont la suite nous laisse sans force physique et mentale. C’est pour cela qu’il est important d’avoir quelqu’un à qui l’on peut se confier, qui est à l’écoute et qui nous offre de l’empathie et du soutien.
Voici donc cinq types de ressources gratuites en psychothérapie auxquels vous pouvez accéder en tout temps lorsque vous avez besoin de soutien émotionnel :
1. Les services de soutien téléphonique : des bouées de sauvetage bienveillantes
Les professionnels des services de soutien téléphonique de la Société canadienne du cancer (1-888-939-3333) et de Rethink Breast Cancer (1-800-563-0238) vous offrent un soutien confidentiel et bienveillant. Ces services offrent un espace sécuritaire pour exprimer ses craintes et ses inquiétudes, et poser des questions. Parler avec quelqu’un qui comprend les défis uniques que représente le cancer du sein peut fournir un profond sentiment de soulagement et d’appartenance. J’aurais aimé connaître l’existence de ces services lors de mon diagnostic.
2. Les groupes de soutien : trouver sa communauté
Les groupes de soutien destinés aux personnes atteintes d’un cancer du sein sont d’une aide précieuse, car ils sont fréquentés par des personnes comme vous, qui vous comprennent et savent ce que l’on ressent lorsque l’on doit gérer cette stupide et difficile maladie. Ils sont généralement dirigés par des professionnels en santé mentale et permettent de partager avec d’autres personnes — des femmes et des hommes qui vivent ou ont vécu la même chose que vous — son expérience et ce que l’on ressent. Les organismes comme le Réseau canadien du cancer du sein (RCCS) mettent à votre disposition des listes de groupes de soutien virtuels, et proposent même leur propre groupe de soutien, afin que toutes les personnes en prise avec un cancer du sein puissent y accéder. Faire partie d’un groupe de soutien peut permettre de se sentir moins seule, de sentir que l’on reprend le contrôle et que l’on fait partie d’une communauté inclusive et sans jugement, qui prône l’acceptation et la compréhension.
3. La thérapie personnelle : une guérison en individuel
Parfois, l’approche individuelle peut s’avérer le moyen le plus efficace de gérer le fardeau émotionnel qu’entraîne un cancer du sein. C’était, pour ma part, le meilleur moyen, car cela représentait la façon la plus sécuritaire d’exprimer mes pensées les plus saugrenues et ridicules sans avoir peur d’être jugée ou, pire, que l’on essaie de me « corriger ». Plusieurs provinces canadiennes offrent un accès gratuit à la psychothérapie grâce à des programmes publics, tels que les services de santé mentale et de toxicomanie qu’offre l’Ontario. Ces services peuvent vous apporter un soutien personnalisé et vous aider à élaborer des stratégies d’adaptation, à gérer l’anxiété et la dépression, et à comprendre les complexités de la maladie et des traitements. Confidentielle, la thérapie individuelle promeut le développement et le bien-être émotionnels.
4. Les ressources en ligne : anonymat et accessibilité 24 h/24, 7 j/7
Rethink Breast Cancer et le RCCS offrent tous deux une multitude d’informations et de ressources éducationnelles (articles, webinaires, outils interactifs). Ces ressources peuvent vous aider à mieux comprendre la maladie, les traitements et la composante émotionnelle liée au cancer du sein. Ces informations m’ont été — et continuent de l’être — d’une aide incroyable, en particulier quand j’avais l’impression de toujours recevoir les mêmes réponses formatées à mes questions de la part de mon équipe médicale qui, en toute honnêteté, n’avait pas forcément le temps de me fournir des réponses détaillées. Malheureusement, beaucoup de femmes continuent d’être touchées par cette maladie qui mériterait une prise en charge personnalisée. En effet, selon la Société canadienne du cancer, 78 femmes se voient diagnostiquer un cancer du sein chaque jour. Je pense que chercher à en savoir le plus possible sur la maladie et les traitements permet de se sentir plus en contrôle tout au long des traitements et, par conséquent, de voir son avenir sous un meilleur jour.
5. La méditation : un traitement psychologique à s’administrer soi-même
Le corps et l’esprit entretiennent une relation puissante, que la méditation peut permettre de maîtriser. Cet outil de transformation permet de gérer le stress et l’anxiété. Du moins, c’est ce qu’il représente pour moi. Je ne pratique pas la méditation avec des « om », mais chaque matin, dès le réveil, je passe 15 à 90 minutes à me concentrer sur ce que je veux ressentir pendant la journée. Je lis des pages de livres, pour la plupart des autobiographies de personnes qui m’inspirent, j’écris dans mon journal, j’ajoute quelques gouttes de mes huiles essentielles favorites dans mon diffuseur et je me représente l’avenir tel que je veux le vivre. Et tout cela, sans avoir quitté mon pyjama! Ce temps pour moi me permet de me « configurer » pour la journée, de m’imprégner d’idées positives et de me donner un sentiment de paix. Je ne peux pas contrôler ce qui se passe dans mon corps, mais je peux choisir, de manière proactive, la façon dont je pense et ce que je ressens. De nombreux organismes, dont la Société canadienne du cancer, offre des séances guidées et gratuites de méditation et de pleine conscience, qui vous permettront de retrouver une certaine sérénité, de réduire les effets indésirables des traitements et d’améliorer votre bien-être général.
Adriana Ermter est une auteure et rédactrice primée. Vous pouvez lire ses écrits dans Living Luxe, Figure Skater Fitness et IN Magazine, ainsi qu’en ligne sur les sites 29Secrets.com, RethinkBreastCancer.ca, Popsugar.com et AmongMen.com. L’ancienne chroniqueuse beauté du magazine FASHION et rédactrice en chef de Salon et Childview habite à Toronto avec ses deux chatons, Murphy et Olive. Vous pouvez la suivre sur Instagram (@AdrianaErmter).