La neutropénie est une maladie causée par un taux anormalement faible de neutrophiles, un type de globules blancs. Les neutrophiles combattent les infections en éliminant les mauvaises bactéries et autres agents pathogènes néfastes transmissibles par le sang.
La cause la plus commune de neutropénie lorsque l’on a un cancer du sein est la chimiothérapie, même si d’autres types de traitements médicamenteux contre le cancer peuvent en être également la cause. La chimiothérapie peut causer une neutropénie, car elle détruit les cellules qui se divisent rapidement, c’est-à-dire les cellules cancéreuses, mais aussi d’autres types de cellules, comme les globules blancs, les globules rouges et les plaquettes. Lorsqu’une trop grande quantité de globules blancs a été détruite, une neutropénie se développe, ce qui augmente le risque d’infections. Il s’agit là de la complication la plus grave pouvant survenir au cours d’un traitement chimiothérapeutique. En outre, les personnes ayant d’autres problèmes de santé, comme des maladies auto-immunes (VIH), présentent un risque accru de neutropénie.
Toutefois, qui dit chimiothérapie ne veut pas forcément dire neutropénie; et les symptômes et leur gravité peuvent varier d’une personne à l’autre. C’est pourquoi nous vous invitons à discuter de votre plan de traitement avec votre médecin ainsi que des risques de neutropénie.
Les symptômes liés à la neutropénie ne sont pas toujours visibles ni perceptibles et on peut apprendre qu’on en est atteint(e) à la suite des analyses sanguines que l’on réalise avant chaque traitement chimiothérapeutique. Ces analyses ont pour but de vérifier certaines caractéristiques sanguines importantes, comme la numération leucocytaire — nombre des globules blancs — qui permet de connaître le nombre de neutrophiles contenus dans le sang.
La neutropénie fébrile survient lorsqu’une personne atteinte de neutropénie connaît un épisode de fièvre. Le symptôme principal est donc une fièvre de plus de 38 °C accompagnée d’une faible numération leucocytaire. La fièvre est souvent le premier signe d’une infection et les risques de complication d’une infection sont accrus chez les personnes dont le taux de neutrophiles est très faible. Le taux de neutrophiles commence généralement à décroître environ une semaine après chaque séance de chimiothérapie. Puisqu’il atteint son niveau le plus bas une à deux semaines après le jour du traitement, il a plus de chances de développer une infection à ce moment-là.
Les symptômes notables sont les suivants :
- Fièvre
- Douleurs à la miction
- Douleurs lombaires
- Douleurs sinusales
- Frissons
- Rougeur, enflure, douleur ou chaleur autour d’une blessure ou d’un cathéter central
- Diarrhée
- Essoufflements ou toux
- Démangeaisons ou pertes vaginales inhabituelles
- Maux de gorge
- Extrême fatigue
Les personnes en chimiothérapie doivent faire l’objet d’une étroite surveillance par leur équipe médicale afin de détecter tout signe de neutropénie fébrile. Elles doivent régulièrement faire l’objet d’analyses de sang pour évaluer leur numération leucocytaire. En cas de fièvre associée à des symptômes de neutropénie, l’équipe médicale doit analyser les antécédents médicaux de la personne, effectuer un examen physique, faire une prise de sang pour évaluer la numération leucocytaire et réaliser des radios ainsi qu’une analyse urinaire afin de déterminer le lieu de l’infection.
La neutropénie peut également être causée par d’autres traitements contre le cancer, comme :
- La radiothérapie
- Certains traitements ciblés :
- l’olaparib (Lynparza)
- le talazoparib (Talzenna)
- l’ado-trastuzumab emtansine (Kadcyla)
- le pertuzumab (Perjeta)
- le trastuzumab (Herceptin)
Les traitements contre le cancer du sein métastatique peuvent également entraîner une neutropénie. En effet, la prise en continu de ces traitements accroît les risques d’effets cumulatifs sur la moelle osseuse, ce qui augmente les risques de diminution de la numération leucocytaire. Ainsi, les personnes atteintes d’un cancer du sein métastatique qui développent une neutropénie sont plus susceptibles de développer une grave infection du fait de ces traitements. En outre, bien que cela soit rare, une neutropénie peut également survenir en présence de métastases osseuses aggravées causées par le cancer du sein. Lorsque des métastases se développent dans des os contenant beaucoup de moelle osseuse, comme le pelvis ou le fémur, elles peuvent petit à petit remplacer les cellules saines de la moelle osseuse, ce qui peut entraîner une neutropénie étant donné que la moelle osseuse est une importante source de globules blancs.
Afin de permettre aux personnes atteintes de neutropénie fébrile de retrouver une numération leucocytaire adéquate, il est possible que les traitements contre le cancer soient suspendus. Par exemple, si le ou la patient(e) développe une complication ou une grave infection en raison de son état neutropénique, il se peut que l’équipe médicale choisisse de modifier ou d’arrêter certains de ses traitements contre le cancer. En général, une chimiothérapie donne de meilleurs résultats lorsqu’elle est administrée à la dose d’origine et selon un calendrier établi. Si vous présentez un risque élevé de neutropénie fébrile ou si vous en développez une pendant une chimiothérapie, votre médecin vous prescrira des médicaments dans le but de réduire le risque d’infection, comme des antibiotiques ou un G-CSF — un facteur de croissance qui stimule la production de globules blancs dans la moelle osseuse.
Les facteurs de croissance ne sont prescrits qu’en cas de nécessité et ne peuvent être administrés à tout le monde; votre médecin devrait s’entretenir avec vous afin de déterminer la solution la mieux adaptée à votre situation. Ce sont des médicaments qui présentent un certain nombre d’effets indésirables, qui diffèrent en fonction des individus. Les effets indésirables les plus communs sont les douleurs osseuses. Il peut s’agit d’une douleur sourde ou d’une gêne dans les os du dos, des bras, des jambes ou des hanches; la douleur est généralement d’intensité modérée et disparaît à l’arrêt du traitement. Une rougeur ou des démangeaisons peuvent survenir autour du point d’injection, et vous pouvez développer de la fièvre ou avoir des frissons.
Les personnes présentant une faible numération leucocytaire sont plus susceptibles de développer des bactéries ainsi que des infections. Il est donc important de signaler tout signe d’infection à votre médecin.
Vous trouverez ci-dessous quelques conseils pour rester en santé pendant vos traitements :
- Lavez-vous souvent les mains.
- Maintenez une bonne hygiène orale.
- Évitez les contacts avec les personnes malades et les personnes vivant avec des personnes malades ou récemment malades.
- Ne ramassez pas les excréments de vos animaux domestiques (chiens ou chats) et ne nettoyez pas d’aquarium ou de bocal à poissons.
- En cas de coupure cutanée, nettoyez la plaie et recouvrez-la d’un pansement.
- Évitez les endroits achalandés, comme les centres d’achat, les lieux de culte et autres, qui présentent un plus grand risque d’attraper des microbes.
- Ne vous baignez pas dans les bains-tourbillon, les étangs, les lacs et les rivières.
- Reposez-vous, mangez équilibré, restez hydraté(e) et faites régulièrement de l’exercice physique.
- Faites cuire les légumes, lavez et pelez les fruits pour les débarrasser des bactéries présentes à la surface. Évitez les œufs non cuits, les viandes crues ou peu cuites, la volaille, le poisson et les fruits de mer.
- Abordez le sujet de la sexualité avec votre médecin. Il se peut que vous ayez besoin de plus de lubrifiant. Prenez une douche tiède et nettoyez-vous bien après chaque rapport sexuel. Toutefois, si votre numération leucocytaire est faible, vous ne devriez pas avoir de rapports sexuels.
