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La voix des personnes atteintes d'un cancer du sein

Éducation

blogue À nous la parole

Ce que je sais sur les vaccins contre le cancer du sein

Par Adriana Ermter

Dans notre rubrique mensuelle, la rédactrice en chef et auteure Adriana Ermter raconte son expérience du cancer du sein.

ernièrement, il semblerait que tout le monde parle des vaccins contre le cancer du sein — actualités, Reddit, Instagram. Mais, moi, ce qui m’intéresse, c’est de savoir si ces vaccins sont bien la poule aux œufs d’or que les femmes comme moi, qui sommes en prise avec un cancer du sein ou en rémission, attendons. Peuvent-ils vraiment garantir un risque zéro de récidive et nous débarrasser de nos peurs? Pour le savoir, je me suis plongée dans les informations les plus récentes sur le sujet et voici ce que j’ai appris.

Que sont les vaccins contre le cancer du sein?
Les vaccins contre le cancer du sein sont, selon moi, des « transformateurs » des traitements contre le cancer du sein et de la façon dont la maladie est prise en charge. Ils diffèrent des vaccins traditionnels contre les infections en ce sens qu’ils ont pour objectif d’apprendre à l’organisme à reconnaître les cellules cancéreuses et à les détruire. Ils sont donc susceptibles de changer la façon dont le cancer du sein est traité et peuvent aussi prévenir les récidives.

Comment fonctionnent-ils?
Présentement, les vaccins contre les cancers se répartissent en deux catégories : les vaccins prophylactiques et les vaccins thérapeutiques. Les vaccins prophylactiques, comme celui contre le virus du papillome humain, sont utilisés pour prévenir les cancers provoqués par des infections virales. À l’inverse, les vaccins contre le cancer du sein actuellement à l’étude sont principalement thérapeutiques et ont pour fonction de stimuler le système immunitaire afin qu’il puisse identifier les cellules cancéreuses présentes dans l’organisme et les détruire.

Selon l’American Association for Cancer Research (AACR), l’objectif d’un vaccin contre le cancer du sein est de provoquer une réponse immunitaire qui dure dans le temps, comme un souvenir, afin de permettre à l’organisme de se défendre contre toute tentative future de récidive. Mais ce n’est pas si facile, car le cancer du sein présente différentes formes — cancers du sein à récepteurs d’œstrogènes positifs (ER+), à récepteurs de progestérone positifs (PR+), à récepteurs de facteur de croissance épidermique humain (HER2+) et triple négatif. Il faudrait donc créer des vaccins spécifiques à chaque tumeur. Bien qu’il s’agisse là d’un idéal et qu’il n’existe pas encore de prototypes de ce type de vaccins, si jamais on arrive un jour à mettre au point de tels vaccins et qu’ils parviennent à faire ce que nous espérons qu’ils fassent, cela représenterait une avancée capitale dans le domaine de la médecine personnalisée.

Tout comme le vaccin contre la grippe, les vaccins contre le cancer du sein seraient administrés par injection. Toutefois, la fréquence et la durée de vaccination dépendraient du protocole thérapeutique. Certaines personnes recevraient une série d’injections sur plusieurs semaines, et d’autres pourraient avoir besoin de rappels périodiques afin de maintenir la réponse immunitaire. Idéalement, les vaccins seraient développés afin de correspondre aux caractéristiques uniques de chaque tumeur. Par exemple, l’AACR indique qu’on pourrait tout d’abord analyser la tumeur afin d’identifier des protéines et/ou des antigènes spécifiques qui pourraient servir de cibles, puis un vaccin serait mis au point pour amener le système immunitaire à reconnaître et à attaquer les cellules qui exprimeraient ces mêmes protéines et/ou antigènes.

Les cellules cancéreuses peuvent produire des protéines anormales que les cellules saines ne peuvent pas produire. Certains vaccins pourraient stimuler des cellules immunitaires appelées lymphocytes T — types de globules blancs produits par les cellules souches présentent dans la moelle osseuse, afin qu’elles attaquent les cellules exprimant les protéines anormales. Notre système immunitaire est plutôt bon pour lutter contre les bactéries et les virus externes, mais il ne reconnaît pas les cellules cancéreuses comme des menaces, car celles-ci sont produites par notre propre organisme. Bien que la recherche-développement concernant ces produits soit en cours et que ceux-ci ne seront vraisemblablement pas disponibles avant quelques années, je ne peux m’empêcher de penser que nous pourrions — et j’espère que nous le pourrons — y avoir accès de notre vivant.

Selon le National Cancer Institute, aux États-Unis, lorsque l’on injecte un vaccin contenant des antigènes associés à une tumeur dans le corps, l’organisme peut apprendre à identifier et à détruire les cellules cancéreuses. Mieux encore, les vaccins ont le potentiel d’éliminer les cellules cancéreuses qui restent en dormance après un traitement initial, comme une chimiothérapie ou une radiothérapie, et peuvent fournir une protection à long terme. La précision avec laquelle chaque vaccin serait mis au point permettrait d’améliorer son efficacité, mais aussi de minimiser les effets secondaires en ne ciblant que les cellules cancéreuses. Pour vous et moi, et en particulier pour les personnes atteintes d’un cancer du sein triple négatif ou HER2+, ces vaccins que l’on pourrait personnaliser en fonction des caractéristiques biologiques des tumeurs pourraient occuper une place vitale dans nos traitements et pour notre santé. Si cela vous semble super idéaliste et prometteur, c’est parce que ça l’est! Attendons de voir ce que la médecine du futur nous apportera!

Qui peut en bénéficier?
Personnellement, j’aimerais me faire vacciner tout de suite. Mais, en réalité, les vaccins contre le cancer du sein sont, pour la plupart, au stade des essais cliniques et sont réservés aux personnes qui y participent. Il faudra attendre plusieurs années avant qu’ils ne fassent partie des traitements standards contre le cancer du sein. Aux États-Unis, la Food And Drug Administration a accordé la dénomination de traitement novateur (« breakthrough therapy ») à certains de ces vaccins — en particulier, les vaccins à ARNm combinés avec Keytruda pour le traitement des mélanomes — afin d’accélérer leur développement. Le Canada, en revanche, suivra son propre processus d’approbation et, donc, son propre calendrier.

Que réserve l’avenir?
Selon un article de BioSpace publié en septembre 2024, la recherche sur le potentiel de personnalisation des immunothérapies anticancéreuses, dont les vaccins, pourrait également mener à de nouvelles approches thérapeutiques. En combinant les vaccins avec d’autres immunothérapies, telles que les inhibiteurs de point de contrôle, les médicaments et les traitements anticancéreux, il serait possible de bloquer les protéines qui empêchent le système immunitaire d’attaquer les cellules anticancéreuses. Et avec le développement des vaccins néoantigènes, il serait possible de cibler les protéines mutantes que l’on retrouve uniquement sur les cellules cancéreuses.

Il reste à espérer qu’à force de recherche, d’études et d’essais, ces vaccins deviendront plus précis et plus personnalisables. Lorsque cela arrivera, ils pourraient révolutionner la prise en charge du cancer du sein, et alors nous pourrons nous éloigner des traitements standards pour adopter des traitements plus ciblés et moins toxiques. J’ai beaucoup d’espoir pour vous, pour moi, ainsi que toutes les femmes qui seront un jour atteintes d’un cancer du sein.

Adriana Ermter est une auteure et rédactrice primée. Vous pouvez lire ses écrits dans Living Luxe, Figure Skater Fitness et IN Magazine, ainsi qu’en ligne sur les sites 29Secrets.com, RethinkBreastCancer.ca, Popsugar.com et AmongMen.com. L’ancienne chroniqueuse beauté du magazine FASHION et rédactrice en chef de Salon et Childview habite à Toronto avec ses deux chatons, Murphy et Olive. Vous pouvez la suivre sur Instagram (@AdrianaErmter).


Les points de vue et les expériences exprimés à travers les histoires personnelles sur le blog Our Voices sont ceux des auteurs et de leurs expériences vécues. Ils ne reflètent pas nécessairement la position du Réseau canadien du cancer du sein. Les informations fournies n’ont pas été examinées médicalement et ne sont pas destinées à remplacer un avis médical professionnel. Demandez toujours conseil à votre équipe de soins lorsque vous envisagez vos plans et objectifs de traitement.