Par Brenda Cummings
Ceci est la deuxième partie de l’histoire Brenda. Pour lire la première partie de l’histoire de Brenda, cliquez ici.
Je pense que je n’ai pas besoin de vous décrire ce que nous avons tous vécu entre 2019 et 2023. En mai 2022, j’avais reçu quatre vaccins contre la COVID et je me sentais capable d’aller voir une production musicale avec ma nièce. Nous étions assises au premier rang et devions être les seules personnes à porter un masque — que nous avons vite d’enlever, je dois l’avouer. Quelques jours plus tard, j’ai commencé à tousser. Je me suis dit que j’avais dû attraper la COVID lors de la représentation musicale et je m’en suis remise à mon système immunitaire. Trois semaines plus tard, comme je toussais toujours, je me suis résolue à faire un test rapide de dépistage de la COVID. Il était négatif. Je me suis dit que c’était parce que cela faisait longtemps que je n’étais plus contagieuse. En plus, la pandémie était devenue une triple pandémie (COVID, grippe et virus respiratoire syncytial) et je n’avais pas du tout envie de me retrouver dans un cabinet médical bondé. Et puis, les médias disaient que les enfants ayant des symptômes respiratoires étaient prioritaires. J’ai donc suivi les consignes en restant chez moi pour attendre que cela passe.
La toux sèche avait duré pendant tout l’été. À la mi-septembre, j’ai donc décidé de prendre rendez-vous avec mon médecin. Le premier rendez-vous disponible était le 7 novembre, ce qui n’était pas idéal. Mais, compte tenu du fait que je n’avais pas d’autres symptômes, à part un point de côté de temps en temps, et du fait que j’avais fait de l’asthme à l’adolescence, je ne trouvais pas cela nécessaire de me plaindre. Entre-temps, j’ai reçu mon cinquième vaccin contre la COVID — le premier vaccin bivalent disponible. Malheureusement, en raison de ma participation à une poursuite judiciaire, j’ai dû repousser mon rendez-vous chez le médecin au 14 décembre.
Lorsque je me suis enfin retrouvée dans le cabinet de mon médecin, qui se trouve à 35 minutes en voiture de chez moi, la toux était devenue persistante. En plus de cela, j’avais commencé à avoir des démangeaisons à la poitrine et j’avais de la difficulté à respirer. Le médecin m’a envoyé faire des analyses de sang ainsi qu’une radio des poumons, ce que j’ai fait juste avant Noël. Pendant les vacances, j’ai ressenti une vive douleur sur mon côté gauche lorsque je me suis penchée au-dessus de mon canapé pour brancher la guirlande lumineuse du sapin. M’étais-je cassé une côte?
Le 27 décembre, à ma grande surprise, j’ai reçu un appel de mon médecin qui m’a annoncé que la radio des poumons avait révélé un épanchement pleural modéré, c’est-à-dire une accumulation de liquide sur les poumons. Du liquide s’accumulait entre la paroi extérieure de mon poumon droit et la paroi de ma cage thoracique. Je lui ai demandé ce qui avait pu causer cela, et elle m’a répondu que cela pouvait être dû à un problème cardiaque — ce qui était peu probable, à une inflammation à la suite d’une infection ou, dans le pire des cas, à un cancer du sein métastatique. Elle m’a dit m’avoir pris un rendez-vous avec un pneumologue ainsi qu’un rendez-vous pour faire une tomodensitométrie, puis elle m’a dit de revenir la voir le 3 janvier. En raccrochant, j’étais persuadée que je traînais une infection due à l’un des trois virus respiratoires qui circulaient dans l’air. On m’avait enlevé le sein droit, j’avais fait de la chimiothérapie et j’étais en rémission totale depuis 24 ans, il était impossible que ce soit un cancer du sein métastatique.
À mon rendez-vous de janvier, j’ai parlé à mon médecin de ma douleur au côté droit pendant les vacances de Noël, qui était toujours présente. Après avoir palpé la zone, mon médecin m’a pris rendez-vous pour faire également une ostéodensitométrie.
Je dois vous dire que j’avais laissé une carrière dans les services financiers huit ans auparavant et qu’âgée de 61 ans, je me considérais en semi-retraite, vivant de modestes revenus provenant de quelques biens en location en région rurale. Je n’ai plus de voiture depuis la fin des années 80. Pour me déplacer, je dois donc compter sur les taxis, les services de chauffeurs et les rares bus dans ma région.
Ma première course en taxi pour aller et revenir de mon rendez-vous chez le pneumologue, à Sarnia, m’a coûté 260 $. Mais, cela allait être le dernier de mes soucis. Le pneumologue m’a envoyé faire une thoracentèse à l’hôpital de Sarnia afin que l’on puisse retirer le liquide pleural à des fins thérapeutiques et pour l’analyser. Le jour de la procédure, la quantité de liquide avait augmenté, et on a pu envoyer près d’un litre au laboratoire. Juste après la procédure, on m’a fait faire une radio qui a montré que l’expansion de mon poumon droit ne se faisait plus de manière satisfaisante, car le demi-diaphragme était bloqué dans une position haute. Pour le pneumologue, cela était préoccupant et quand je lui ai dit la date de ma tomodensitométrie, il a réclamé un rendez-vous d’urgence dans les trois semaines à venir.
En attendant, j’ai fait mon ostéodensitométrie ainsi qu’un suivi avec mon médecin et le pneumologue. Le matin du 27 janvier, mon médecin m’a appelée pour me dire que j’avais de l’ostéoporose et qu’elle me prescrivait de l’alendronate, le traitement standard, à prendre une fois par semaine. Cela n’était pas une bonne nouvelle. Bizarrement, me disant que l’éclair ne frappait jamais deux fois à la même place, je restais optimiste quant au prochain appel que je devais recevoir en fin d’après-midi.
J’ai reçu l’appel du pneumologue un peu après 17 h. Il avait une voix sinistre. La cytologie du liquide pleural avait permis d’identifier ce qui était probablement des cellules cancéreuses d’un cancer du sein métastatique. Tout est devenu flou autour de moi pendant qu’il m’expliquait que la présence de cellules cancéreuses dans le liquide pleural signifiait que le cancer « nageait dans mon corps ». Il m’a dit qu’il me recommandait à l’un de ses collègues, à London (Ontario), qui essaierait de prélever des échantillons de tissu à l’aide d’un instrument spécial. Puis, il m’a dit qu’il m’appellerait pour me donner les résultats de ma tomodensitométrie.
Perplexe, j’ai reposé le téléphone. Comment était-il possible qu’en l’espace de quelques semaines, je sois passée d’une personne sans problème de santé — mis à part une petite toux irritante — à une personne ayant les os fragiles et un cancer en phase terminale? J’ai passé tout le week-end à ruminer les pires scénarios, puis j’ai pleuré.
Rendez-vous en juillet pour la troisième partie!