Par Tammy Gunn
Voici la deuxième partie du témoignage de Tammy; la première partie se trouve ici. Originaire des Prairies, Tammy Gunn a grandi en Saskatchewan. Depuis plus de dix ans, elle est instructrice de Zumba auprès des jeunes et de personnes aux capacités physiques variées dans la région du Grand Toronto. Elle vit actuellement avec son mari, Nino, et leur schnauzer nain, Senna. Elle a deux belles-filles qui vivent dans l’Ouest et qu’elle aime comme ses propres enfants! Elle a le don de trouver l’humour dans toutes les situations, y compris dans un diagnostic de cancer. Sa passion est de partager son parcours personnel et d’être un guide de confiance pour toutes les aventures imprévisibles de la vie qui se présentent à nous.
Vous pouvez acheter des copies de son livre, Dancing Through Diagnosis — Navigating Breast Cancer; the good, bad, and surprisingly funny sur son site Web, à www.tammygunn.com
Chapitre 14
(traduction libre)
L’autre homme dans ma vie
Évidemment que Nino, mon mari, mon âme sœur, est le premier homme dans ma vie. C’est lui qui s’est occupé de moi pendant toute la maladie. C’est lui qui m’a amenée à l’hôpital et qui m’a attendue dehors en raison des restrictions dues à la COVID. C’est lui qui a cuisiné pour moi et qui m’a calmée quand l’anxiété m’envahissait. S’il existait un prix du meilleur conjoint à incarner « pour le meilleur et pour le pire, dans la maladie comme dans la santé », Nino le remporterait à coup sûr! Mais, je m’égare, ce chapitre ne le concerne pas…
Pendant mon traitement, je voyais trois oncologues de différentes spécialités. Il y avait un oncologue chirurgical, qui s’occupait de mon opération. Un oncologue médical, qui s’occupait de mes médicaments et des traitements de chimiothérapie; c’est lui que j’ai vu le plus souvent et même après la fin des traitements. Et un radio-oncologue qui, vous l’avez deviné, s’occupait de mes séances de radiothérapie après les chimiothérapies et l’opération. Il y avait aussi mon chirurgien plastique!
Trois oncologues et un chirurgien plastique entre dans un bar…
C’est cette phrase qui me vient à l’esprit chaque fois qu’on évoque mon équipe médicale. Si vous pensez à une bonne blague commençant comme ça, je suis totalement preneuse!
Revenons à nos moutons… Mon oncologue médical était super! Il expliquait très bien les choses et avait autorisé Nino à m’accompagner lors de notre premier rendez-vous. Je lui accorde une étoile pour avoir autorisé cela pendant la COVID! L’Hôpital Princess Margaret étant un centre hospitalier universitaire, notre premier rendez-vous fut également l’occasion de rencontrer les deux médecins résidents qui assisteraient à nos interactions. Toujours respectueux, mon oncologue me demandait, chaque fois, si leur présence ne me dérangeait avant de commencer. Ça ne me dérangeait pas et, au fil du temps, je me suis habituée à ce qu’il y ait plusieurs personnes masquées dans la salle lorsqu’on me demandait d’enlever mon chandail : c’était pour la bonne cause, la formation de nos futurs médecins!
«Tammy, c’est une grosse tumeur que vous avez au sein droit. Elle est d’origine hormonale et nous devons réduire sa taille avant d’opérer, m’annonça-t-il sans détour.
– OK. Quand est-ce qu’on commence? dis-je, tellement contente qu’on me propose enfin un plan pour traiter cette maladie. L’infirmière m’avait dit que j’allais survivre, alors MONTREZ COMMENT FAIRE!!!
– Eh bien, nous devons tout d’abord parler de la chimiothérapie pour que vous soyez au courant des effets secondaires et de ce qui vous attend, continua-t-il.
– OK. Que dois-je savoir? »
Ce qu’il m’a expliqué ensuite m’a semblé normal. N’importe quel médicament peut causer ce genre d’effets indésirables : nausées, maux de tête, extrême fatigue. Rien d’exceptionnel. Je m’y attendais.
« Vous devez aussi savoir que la chimiothérapie peut causer une leucémie plus tard.
– Quoi??! Vous êtes sérieux? Ça me semble paradoxal, quand même! m’écriai-je, soudainement en colère contre ce plan de traitement.
– Oui, c’est vrai. Mais, ça peut être causé par l’accumulation de produits chimiques dans votre organisme. Ça dépendra de la façon dont votre corps répondra à la chimiothérapie.
– OK. »
Après ça, je me suis déconnectée et j’ai manqué la plupart de ce qui s’est dit — j’étais bien contente que Nino soit là pour écouter à ma place.
Je me suis reconnectée quand il parlait de la perte de cheveux. Le médicament qu’on allait m’injecter — le démon rouge, comme on l’appelle — entraînerait très certainement une perte de cheveux. C’était inévitable.
Mais, là, j’étais préparée. J’avais fait quelques recherches avant de venir.
« Pourrais-je faire du refroidissement de cuir chevelu? Est-ce que vous offrez ce type de traitement? ai-je demandé immédiatement.
– Oh, vous connaissez cette technique? Peu de personnes la connaissent. Oui, nous travaillons avec une compagnie qui s’appelle Paxman Scalp Cooling. Je vous donnerai les informations. Ce n’est pas couvert par l’Assurance-santé de l’Ontario, mais vous pouvez les contacter pour payer en plusieurs fois.
– Super, merci! C’est ce que je vais faire. »
J’avais l’impression d’avoir gagné un trophée! Ou, du moins, un bon point pour ma participation! J’étais désormais un membre actif de mon plan de traitement et j’allais régler tout ça. Félicitations à moi!
Ensuite, je me suis déconnectée à nouveau jusqu’à la fin de la conversation. Je suis sûre que ce n’était pas très important; si ça l’était, Nico me raconterait plus tard.
« Quand souhaitez-vous commencer la chimio?
– Cette semaine?
– Plutôt la semaine prochaine? Comme ça, ça nous donne le temps de faire les analyses préliminaires.
– Oui, pas de problème. Le plus tôt sera le mieux, dis-je, soulagée de pouvoir commencer bientôt.
– Super. Vous devrez remplir un certain nombre de documents et puis je vais vous prescrire des médicaments que vous devrez prendre en même temps que la chimio. Ils sont un peu chers et vous pouvez les acheter à la pharmacie qui se trouve en bas. Ce sera plus pratique. J’ai aussi envoyé une demande d’analyses sanguines à notre laboratoire. Vous pouvez y aller en vous rendant à la pharmacie.
– Nino, peux-tu aller à la pharmacie pendant que je vais faire la prise de sang, et ensuite je te rejoins à la pharmacie?
– Certainement, répondit-il, content de faire lui aussi partie du processus. »
En disant au revoir au médecin et à ses résidents, j’étais ravie d’avoir un plan! Les choses commençaient enfin à bouger et j’avais des responsabilités. Que dis-je? NOUS avions des responsabilités!
Il n’y a pas de meilleure sensation que de se sentir responsable de quelque chose lorsque l’on est atteinte d’une maladie comme celle-là. Tout était sous contrôle. J’étais informée, j’avais gagné un bon point pour mes connaissances, et là, je devais faire des analyses et récupérer des médicaments. Qu’est-ce qui pouvait mal se passer?
Beaucoup de choses. Beaucoup de choses pouvaient mal se passer.