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La voix des personnes atteintes d'un cancer du sein

Éducation

blogue À nous la parole

Comment gérer les douleurs qui persistent après une opération du cancer du sein?

Par le Dr. James Khan

Les progrès réalisés dans le dépistage et la prise en charge du cancer du sein ont considérablement amélioré la gestion de la maladie. Par exemple, grâce à la médecine moderne, les patientes y survivent beaucoup plus longtemps. Pourtant, à cause de cela, les complications associées aux traitements (opérations, radiothérapie, chimiothérapie) sont de plus en plus présentes, comme les douleurs persistantes qui s’installent dans la région mammaire, au niveau de la résection réalisée lors d’une opération chirurgicale.

Bien que ces douleurs chroniques puissent également survenir à la suite d’une tumorectomie, on les qualifie de syndrome douloureux post-mastectomie (SDPM). Les chercheurs considèrent qu’une douleur est persistante lorsqu’elle dure plus de trois mois après l’opération — temps nécessaire de convalescence. Le SDPM est malheureusement commun et des données de haute qualité suggèrent qu’une personne sur trois subissant une opération du cancer du sein est atteinte de ce syndrome. Il s’agit -là d’un taux considérable de cas de douleurs persistantes postopératoires. Curieusement, de tous les types d’opérations chirurgicales, les opérations du cancer du sein sont associées à l’un des plus hauts taux de douleurs persistantes postopératoires.

Ces douleurs sont dues à plusieurs facteurs. Le tissu mammaire est rempli de petits nerfs qui peuvent être accidentellement irrités ou endommagés lors d’une opération. Les traitements adjuvants (administrés après l’opération), comme la chimiothérapie et la radiothérapie, peuvent également contribuer à l’irritation et à l’endommagement de ces nerfs. Les personnes plus jeunes sont plus susceptibles de développer des douleurs persistantes, ainsi que les personnes qui ressentent déjà des douleurs avant l’opération, celles qui ressentent de très fortes douleurs juste après l’opération ou encore celles qui souffrent de facteurs psychosociaux, comme l’anxiété.

Les personnes touchées par ce syndrome décrivent souvent les douleurs comme étant d’intensité légère à modérée. Toutefois, chez certaines personnes, ces douleurs s’avèrent très intenses. Il peut s’agir de douleurs aiguës, de sensations de brûlure ou d’engourdissements accompagnés de caractéristiques neuropathiques, telles qu’une sensibilité au toucher ou des picotements. L’impact sur le quotidien est significatif puisque bon nombre de ces personnes signalent une limitation de l’activité physique et une dégradation de leur bien-être général.

La prise en charge des douleurs post-chirurgicales peut comprendre différentes approches pouvant combiner des traitements physiques, de la psychothérapie, des médicaments et, dans certains cas, des interventions chirurgicales. Les traitements non pharmacologiques comprennent la physiothérapie, pour l’amélioration de mobilité et la gestion des lymphœdèmes, et l’aide psychologique, pour la prise en charge des aspects émotionnels liés aux douleurs chroniques et au rétablissement après un cancer. Sur le plan pharmacologique, bien qu’il y ait peu d’indices pouvant mener à l’administration de médicaments spécifiques, la prise d’antidépresseurs, d’anticonvulsifs et d’agents topiques, comme la capsaïcine, a montré des effets bénéfiques. Dans notre centre de gestion de la douleur, nous avons observé qu’un analgésique en crème, comme la lidocaïne 4 % (disponible sans ordonnance), ou qu’une préparation magistrale sous forme de crème fonctionnent bien en tant que traitements de première intention. En ce qui concerne les options interventionnelles, on peut tenter de mettre en place un bloc nerveux, plus précisément un bloc serratus, des blocs pectoraux ou un bloc des érecteurs du rachis, ou de réaliser une ablation des nerfs impliqués par radiofréquence pour procurer un soulagement temporaire à certains patients.

Malgré les diverses options thérapeutiques existantes, on parvient très rarement à totalement éradiquer les douleurs. Il faut donc se concentrer sur les solutions préventives. Au Réseau universitaire de santé de Toronto, nous sommes en train de mener un essai randomisé contrôlé multicentrique et international dans le but d’évaluer l’administration de lidocaïne intraveineuse pendant une opération afin de déterminer si cela peut prévenir le développement de douleurs persistantes. Bien que plusieurs études aient déjà documenté le potentiel prometteur de la lidocaïne intraveineuse pendant les opérations du cancer du sein, nous réalisons cette nouvelle étude impliquant 1 602 patients dans le but de prouver définitivement son utilité. La lidocaïne étant peu coûteuse et largement accessible, si notre étude prouve qu’elle permet effectivement de prévenir les douleurs, elle pourrait être systématiquement utilisée lors d’une opération du cancer du sein.

Par ailleurs, des efforts multidisciplinaires doivent être effectués pour aider et accompagner les personnes qui souffrent de ces complications postopératoires. À cet effet, nous avons mis en place le Persistent Breast Cancer Pain Program, premier de son genre, à l’Hôpital Mount Sinai. Il s’agit d’une initiative collaborative multidisciplinaire entre chirurgiens, anesthésistes, médecins spécialistes de la douleur et infirmiers praticiens pour que les personnes souffrant de douleurs problématiques soient examinées et prises en charge dès le troisième mois après leur opération. Nous essayons différentes stratégies de gestion de la douleur, des plus conservatrices ou plus invasives.

Le cancer du sein étant l’un des cancers les plus communs au monde et demeurant incontournable en matière de gestion de la douleur, nous devons intensifier nos efforts pour réduire ces douleurs chroniques postopératoires et améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d’un cancer du sein ayant subi une intervention chirurgicale. Nos programmes cliniques et de recherche ont pour but de trouver de nouvelles stratégies de prévention et de traitement des douleurs chroniques, et nous cherchons à recruter des collaborateurs et des partenaires à cet effet. Pour en savoir plus sur nos programmes, lisez ce document d’information (en anglais) ou vous pouvez faire un don ici.

Le Dr James Khan est professeur adjoint dans le département d’anesthésiologie et de médecine de la douleur à l’Université de Toronto et pratique ces deux spécialités à l’Hôpital Mount Sinai de Toronto. Il est spécialisé dans la gestion des douleurs chroniques postopératoires et dirige la Persistent Breast Cancer Pain Clinic à l’Hôpital Mount Sinai. Il dirige également un programme dont le but est de trouver de nouveaux traitements qui permettent de prévenir et de traiter les douleurs chroniques.