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La voix des personnes atteintes d'un cancer du sein

Éducation

blogue À nous la parole

Qu’est-ce que la radiothérapie?

Par Adriana Ermter

Dans notre rubrique mensuelle, la rédactrice en chef et auteure Adriana Ermter raconte son expérience du cancer du sein.

Radiothérapie. Un mot qui m’a semblé surréaliste lorsque je l’ai entendu dans mon plan de traitement. Techniquement, je savais ce qu’étaient les radiations, mais je n’avais aucune idée de ce que cela serait réellement ni de l’effet que cela aurait sur moi. Principalement, parce que mon équipe médicale m’avait décrit ce traitement et ses effets secondaires potentiels en des termes assez vagues.

Apparemment, ce n’est pas inhabituel pour les femmes qui, comme moi, ont reçu un diagnostic de cancer du sein. Selon une étude de 2018 publiée dans le Journal of Cancer Education, la plupart des femmes ayant un cancer du sein éprouvent de la peur et de la méfiance, ou ont une fausse idée de ce qu’est la radiothérapie à cause d’un manque d’informations de la part des professionnels de la santé. Pour vous aider à y voir plus clair, je vous présente ici ma version de ce à quoi vous devez vous attendre lorsque vous subissez un traitement de radiothérapie.

Qu’est-ce que la radiothérapie?
La radiothérapie est un traitement qui permet de réduire les risques de récidive du cancer. Il existe différents types de radiothérapie, notamment la curiethérapie et la radiothérapie externe. La curiethérapie est un traitement interne utilisé pour certains cancers de stade précoce où l’on place du matériel radioactif à l’intérieur ou à proximité de la tumeur. La radiothérapie externe, plus commune, est celle que j’ai subie. C’est un traitement non effractif qui utilise des rayons intenses à haute énergie — un peu comme des rayons X — pour tuer les cellules cancéreuses : une grosse machine envoie des rayons dans le sein, la paroi thoracique, les aisselles et/ou les ganglions lymphatiques qui se trouvent à proximité.

Mes séances de radiothérapie étaient rapides et indolores. J’ai dû en faire cinq jours par semaine, du lundi au vendredi, pendant environ trois mois, suivi de quelques séances supplémentaires de « rappel » à la fin. L’irradiation en tant que telle ne durait que quelques minutes. Je passais plus de temps assise dans la salle d’attente et couchée sur la table d’examen glacée, revêtue d’une camisole qui laissait ma poitrine découverte, à attendre que tout soit correctement configuré. Une fois cela fait, l’irradiation pouvait commencer.

Déroulement des séances
Par souci de régularité, les séances de radiothérapie avaient lieu chaque jour à la même heure. En général, deux à trois techniciens étaient présents et, chaque matin, ils m’accueillaient et me remettaient des lunettes de protection avant de commencer.

Ensuite, un ou deux techniciens s’en allaient dans une salle vitrée adjacente d’où ils pouvaient voir la salle d’examen où je me trouvais. De là, ils commençaient à donner au technicien qui était resté avec moi des instructions qui ressemblaient à une suite interminable de coordonnées GPS : « 42 nord… 53 ouest… Retourne à 52 ouest… ». Celui-ci devait ensuite tirer, contorsionner et appuyer sur mon sein droit, mon aisselle et le reste de mon corps afin de me mettre dans la position — inconfortable — qui correspondait aux coordonnées. Une fois qu’il avait sécurisé mon corps en place avec du matériel, le technicien me rappelait de ne pas bouger avant de se précipiter hors de la salle d’examen et de refermer les lourdes portes en métal derrière lui. Une fois qu’il était à l’abri derrière la vitre avec ses collègues, la grosse machine qui se trouvait au-dessus de moi s’enclenchait en émettant un faisceau de rayons invisibles qui pénétraient sans bruit dans mon corps en suivant les coordonnées représentées par des points bleu-noir qu’on m’avait tatoués sur la peau.

De petits tatouages
Oui, c’est bien ça. On vous tatouera des petits points sur le corps avant le début du traitement. Ce qui fut une grosse surprise pour moi, puisqu’aucun des membres de mon équipe médicale ne m’en avait parlé. Malgré le fait que cela soit mes seuls tatouages, bizarrement, ça ne m’a pas fait plus d’effet que ça. En fait, ça s’est passé très vite, au début, alors que je venais d’apprendre que j’étais atteinte d’un cancer du sein et que j’étais toujours sous le choc du diagnostic. À l’époque, j’étais bombardée d’informations, j’essayais tant bien que mal d’ajuster mon horaire pour intégrer mes nouvelles obligations liées au cancer, tout en essayant de maintenir les apparences afin de pouvoir continuer à travailler et faire tout le nécessaire pour prendre soin de moi, alors qu’au plus profond de moi, c’était le chaos.

Effets secondaires physiques
Si les radiations ne font pas mal sur le moment, leurs effets secondaires cumulés sont brutaux. Pour moi, les pires ont été les maux de tête, la fatigue incessante et les pertes de mémoire. Et je ne parle pas d’une fatigue du type de celle que l’on ressent après être resté trop tard à regarder La Servante écarlate en rafales. C’est une fatigue profonde, qui pénètre au plus profond de soi. C’est une fatigue que l’on accumule semaine après semaine, qui vous envahit par vagues et qui vous déstabilise complètement, et ce, quelle que soit la quantité de sommeil que vous prenez. J’étais continuellement fatiguée et j’avais l’impression que ma mémoire avait été complètement effacée. Mon incapacité à retenir la moindre parcelle d’information était exaspérante; je ne me suis jamais sentie aussi inutile et stupide.

J’avais également des nausées constantes et un appétit capricieux. Les aliments que j’aimais auparavant me donnaient soudain des haut-le-cœur. Je ne comptais plus les soirs où je ne pouvais pas me résoudre à me préparer à manger et où je préférais aller me coucher sans manger.

Mon radiologue m’avait prévenu dès le début qu’après un certain nombre de séances, j’aurais l’impression d’avoir reçu le pire coup de soleil imaginable. J’ai donc demandé si je pouvais utiliser de la crème solaire au préalable. Oui, tant que j’utilisais une crème solaire chimique avec une protection UVA/UVB à large spectre. Les crèmes solaires minérales étaient totalement contrindiquées, car le zinc et d’autres ingrédients pouvaient interférer avec les radiations. Bien que ça ne soit pas une option pour tout le monde — vérifiez auprès de votre équipe médicale avant d’en utiliser — l’application d’une crème solaire avant chaque séance m’a permis de sauver ma peau. Oui, ma peau a été brûlée et est devenue rouge, puis noirâtre, mais cela m’a aidé. Les techniciens constataient, chaque jour, l’aspect sain de ma peau, ainsi que mon radiologue lors de nos visites hebdomadaires. J’attribue cela à l’utilisation systématique d’un écran solaire avant chaque séance et à l’application de la crème hydratante Glaxal Base de WellSpring après le traitement. Ma peau a résisté grâce à ma routine. Je n’ai eu aucun gonflement ni aucune plaie ouverte et suintante.

Bien qu’elle n’affecte généralement pas la fertilité, la radiothérapie a également marqué la fin de toute chance de grossesse pour moi. Mon ex-mari et moi avions essayé de concevoir, sans succès. Mon équipe médicale avait abordé avec moi les options de préservation de la fertilité, comme la congélation d’ovules avant les traitements, mais je venais de divorcer et j’avais plus de 40 ans; cette option ne me semblait pas envisageable. Que je le veuille ou non, le cancer m’a fait comprendre de façon déchirante que je ne serais jamais mère. Ce n’est qu’une facette de plus de la charge émotionnelle que le cancer du sein et la radiothérapie ont fait peser sur moi.

Effets secondaires psychologiques
Personne ne vous prévient vraiment de l’impact psychologique que peut avoir la radiothérapie. La fatigue incessante que j’ai mentionnée plus haut embrume également votre cerveau. Il m’arrivait d’oublier des noms, de perdre le fil de ma pensée au milieu d’une phrase et d’entrer dans une pièce en me demandant ce que je faisais là. Je devais faire liste sur liste pour ne pas perdre le fil de mes pensées. Cet épuisement permanent me donnait l’impression d’être une vieille femme exténuée. De plus, j’avais l’impression de disparaître parce que j’étais trop fatiguée pour me préoccuper d’autre chose que de survivre au jour le jour. Une fois les séances finies, j’ai continué à être lourdement affectée par l’effet cumulatif des radiations sur mon corps et mon esprit pendant les deux années qui ont suivi. Pour être tout à fait honnête, je n’ai jamais complètement retrouvé mon cerveau et ma mémoire d’avant. C’est ma nouvelle réalité. Une réalité que je n’aime pas, mais que j’accepte. La prise quotidienne de vitamine B12 m’a définitivement aidé à éclaircir mon cerveau, alors demandez à votre médecin si cela pourrait vous convenir également.

Il est toutefois rassurant de savoir que la radiothérapie fait partie des plans de traitement standard parce qu’elle est efficace. Elle a réduit mon risque de récidive, d’autant plus qu’elle a été associée à une opération, une chimiothérapie orale et une thérapie hormonale. Oui, c’était un défi quotidien que de continuer à se présenter aux séances alors que mon corps me faisait souffrir et que mon moral se trouvait six pieds sous terre, mais je ne regrette pas de l’avoir fait. Cela m’a donné l’impression de mieux contrôler ma santé et ma vie. Par-dessus tout, cela m’a rendue incroyablement reconnaissante d’être vivante, d’être parvenue jusqu’ici malgré le fait que je fasse partie du club des femmes sur huit auxquelles on diagnostique un cancer du sein chaque année.

Adriana Ermter est une auteure et rédactrice primée. Vous pouvez lire ses écrits dans IN Magazine, Living Luxe, 29Secrets.com, RethinkBreastCancer.ca et AmongMen.com. L’ancienne chroniqueuse beauté du magazine FASHION et rédactrice en chef des magazines Salon et Childview habite à Toronto avec ses deux chatons très gâtés, Murphy et Olive, qu’elle a recueillis. Vous pouvez la suivre sur Instagram (@AdrianaErmter).


Les points de vue et les expériences exprimés à travers les histoires personnelles sur le blog Our Voices sont ceux des auteurs et de leurs expériences vécues. Ils ne reflètent pas nécessairement la position du Réseau canadien du cancer du sein. Les informations fournies n’ont pas été examinées médicalement et ne sont pas destinées à remplacer un avis médical professionnel. Demandez toujours conseil à votre équipe de soins lorsque vous envisagez vos plans et objectifs de traitement.