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La voix des personnes atteintes d'un cancer du sein

Éducation

blogue À nous la parole

Les points de vue et les expériences exprimés à travers les histoires personnelles sur le blog Our Voices sont ceux des auteurs et de leurs expériences vécues. Ils ne reflètent pas nécessairement la position du Réseau canadien du cancer du sein. Les informations fournies n’ont pas été examinées médicalement et ne sont pas destinées à remplacer un avis médical professionnel. Demandez toujours conseil à votre équipe de soins lorsque vous envisagez vos plans et objectifs de traitement.

Trouver la paix après une reconstruction mammaire

Par Christina Anston

J’avais quarante ans. Je dirigeais une entreprise prospère, j’étais à l’aise financièrement et je me sentais prête à m’installer et à fonder une famille. Un diagnostic de cancer du sein bouleversa soudainement mon état de contentement et me força à entamer un parcours marqué par la chimiothérapie, l’immunothérapie, l’hormonothérapie, une mastectomie prophylactique bilatérale et, finalement, une reconstruction mammaire.

Bien entendu, aucune de ces étapes ne s’avéra facile, mais pour moi, un des plus grands défis fut de comprendre la reconstruction mammaire et de m’y préparer. Bien que difficile, mon expérience m’inspira à parler ouvertement de mon cheminement et de là où j’en suis maintenant pour que d’autres femmes aient un meilleur accès à des renseignements, du réconfort et de l’autonomisation.

Lorsque je cherchais des photographies de survivantes du cancer du sein qui avaient choisi la reconstruction après une mastectomie, je ne trouvais que des images de torses sans tête. Les femmes étaient considérées comme des sujets plutôt que des humains. Les photos exposaient le parcours médical de la reconstruction mammaire, mais je désirais en voir l’aspect humain, c’est-à-dire les femmes derrière ces opérations, le bonheur après les épreuves. Je restais à l’affût de signes me démontrant que ces femmes s’estimaient encore belles, confiantes et attirantes, même avec des seins refaits. Lorsque je me rendis compte que je n’arrivais pas à trouver ces indices, je m’effondrai dans les bras de mon père.

Je lui confiai mes nombreuses craintes secrètes dont celles de mourir jeune et seule, d’être incapable d’avoir des enfants, que mon conjoint ne me considère plus comme séduisante, qu’il me laisse ou pire, qu’il reste avec moi par pitié, et que personne, y compris moi-même dans un miroir, ne veuille encore me regarder.

Malgré tout, je décidai d’aller de l’avant avec mon opération. J’endurai huit mois d’inconfort causé par mes expanseurs tissulaires placés sous les muscles et la peau de ma poitrine. Les expanseurs devaient lentement augmenter en volume pour étirer la peau et les muscles afin de permettre la pose des prothèses. Je n’avais plus le cancer et j’en étais reconnaissante, mais j’aurais tout de même aimé trouver des photos non tronquées de femmes souriantes qui avaient subi la même intervention.

Je rencontrais souvent au cabinet de mon médecin des femmes qui peinaient à décider de subir ou non une mastectomie. Lorsqu’elles apprenaient que j’étais passée à travers tout le processus, elles demandaient à voir mes seins (en privé). La première fois que je reçus une telle demande, j’hésitai à montrer à une inconnue une partie aussi intime de mon anatomie. Mais après un court moment de réflexion, je compris que je détenais le pouvoir de les encourager. Ces femmes avaient besoin de constater de visu qu’elles faisaient le bon choix et je pouvais les aider.

Voilà pourquoi j’acceptai de collaborer avec une amie photographe pour représenter à l’aide de photographies mon cheminement en tant que femme après une reconstruction mammaire. Je lançai la Shirts Off for Breast Reconstruction Initiative et produisit un livre axé sur la photographie intitulé Harmony after Breast Cancer and Reconstruction. Il comprend des photos de moi après ma reconstruction et un récit inspirant sur la vie après un cancer du sein.

Mon objectif était simple. Je voulais que d’autres femmes sachent qu’une mastectomie ne signifie pas qu’il faille renoncer à se sentir féminine et séduisante. En fait, ce n’est que le début ! Je sais que mes seins actuels m’ont maintenant ouvert la porte la plus importante qui soit : celle du reste de ma vie, une vie belle et qui a davantage de sens. La sensualité émane de l’intérieur.

Christina Anston a fondé le Centre de la douleur CAP. Cela fait maintenant dix ans qu’elle n’a plus le cancer. Elle figure dans le livre (Extra)Ordinary Women: Ten Inspirational Stories offert sur Amazon et elle publiera cet automne son propre ouvrage, Harmony after Breast Cancer and Reconstruction.