Par Peggy Wilson
Nous devons toutes, à un certain moment, assumer la responsabilité de proche aidante. Pour certaines d’entre nous, ce moment coïncide avec celui durant lequel nous avons également besoin de soins. Au moment où mon mari se remettait d’une opération cardiaque et attendait une greffe de rein pour laquelle j’étais donneuse, je reçus un diagnostic de cancer du sein. Mon intervention chirurgicale ne tarda pas et je pus éviter les épreuves et les traumatismes occasionnés par la radiothérapie et la chimiothérapie. J’en demeure à jamais très reconnaissante. Cependant, la détresse occasionnée par tout cela fut incommensurable.
Notre garçon de 24 ans intervint en passant les tests requis et en donnant un rein. À ce moment de ma vie, mes parents approchaient les 90 ans. Ils ne conduisaient plus la nuit et mon père se déplaçait avec un déambulateur. La mémoire de ma mère défaillait. Mes parents avaient besoin de soutien.
Nous sommes surnommés la génération sandwich et aider les personnes dans le besoin ne me dérange pas. Mais lorsque toute votre vie, vous êtes celle qui répare les pots cassés, qui organise, celle vers qui les gens se tournent parce que vous dites toujours « oui », il s’avère difficile de changer de rôle du jour au lendemain.
Je constatai que dire « non » était incroyablement ardu, et ce l’est encore aujourd’hui. Mes besoins se retrouvaient toujours derniers sur la liste de priorités et c’était ainsi que je fonctionnais. Cela ne correspondait toutefois pas à ce qu’il me fallait. J’en voulais à tous ces gens qui s’attendaient à obtenir mon aide et mon soutien, même si je persistais à dire oui. J’écartais mon diagnostic du revers de la main en me disant « ça ira », puis j’espérais que les autres soient plus préoccupés qu’ils ne l’étaient.
Si je retiens une chose de tout cela, c’est que certaines personnes pensent à elles-mêmes d’abord et avant tout. Je n’en fais pas partie. Je vis sans cancer depuis onze ans et demi. J’ai appris à accepter mon diagnostic, mon état physique modifié et mes limites. Un jour, j’apprendrai peut-être à penser à moi d’abord. Si vous vous reconnaissez dans ce billet de blogue, prenez un moment pour imaginer où vous serez dans onze ans et demi. Je suis heureuse et j’ai la chance d’avoir encore mes parents de 90 et 91 ans et un mari et un fils en bonne santé. Je vis toujours sans trace de cancer. Bientôt, il se pourrait bien que j’apprenne à devenir une de ces autres personnes lorsque j’en aurai besoin.