By continuing to use our site, you consent to the processing of cookies, user data (location information, type and version of the OS, the type and version of the browser, the type of device and the resolution of its screen, the source of where the user came from, from which site or for what advertisement, language OS and Browser, which pages are opened and to which buttons the user presses, ip-address) for the purpose of site functioning, retargeting and statistical surveys and reviews. If you do not want your data to be processed, please leave the site.

La voix des personnes atteintes d'un cancer du sein

Éducation

blogue À nous la parole

L’amour est la clé de la persévérance, voire de la survie

Dans notre rubrique mensuelle, la rédactrice en chef et auteure Adriana Ermter raconte son expérience du cancer du sein.

Par Adriana Ermter

Je crois en l’amour. L’amour romantique, oui, mais plus important encore, je crois en l’amour de soi et en l’amour de la vie elle-même. Si je vous dis ça, c’est parce que c’est cette conviction véritable et authentique que l’amour est au cœur de tout qui me donne le courage et la force d’aller de l’avant, chaque jour. C’est ce que j’appelle l’amour de Dieu, mais on peut y voir le fait d’un autre être spirituel supérieur, de l’univers ou de toute autre entité. C’est cet amour qui m’a aidé à garder la foi en ma guérison.

Voir les côtés positifs ou négatifs? Tout n’est que choix.
Quand j’ai appris que j’avais un cancer du sein, j’ai, délibérément et en toute conscience, choisi de me concentrer sur les côtés positifs. Ça n’a pas été facile. J’étais extrêmement inquiète. J’avais peur de l’inconnu et j’avais l’impression de n’avoir aucun contrôle, ni sur mon corps ni sur la tumeur que j’avais à l’aisselle droite et qui s’étendait à mon sein droit. Je ne supportais pas de ne pas savoir ce qui se passait. J’étais terrifiée à l’idée de me laisser envahir par les pensées et les émotions négatives qui cherchaient constamment à s’immiscer dans ma tête. J’étais aussi en colère. En colère d’avoir à faire face à cette maladie — le cancer avec un grand « C » — toute seule et sans le soutien d’un partenaire sur lequel j’aurais pu me reposer et qui aurait pris soin de moi. Je voulais qu’on m’en lève ce poids. Je voulais que quelqu’un vienne à ma rescousse.

Ça m’énerve de devoir admettre ça. C’est humiliant et embarrassant. Je me suis toujours considérée comme une femme indépendante — ce qui n’est pas faux. Mais, à l’époque, je ne me sentais pas indépendante. Divorcée et célibataire, je me sentais seule. Paradoxalement, j’avais perdu l’amour de celui que j’aimais juste avant de développer cette tumeur que je n’aimais pas. Lorsque j’étais à l’hôpital et que je regardais les femmes assises à côté de moi, accompagnées d’un homme, c’est cette pensée qui venait assombrir mon cœur et mon moral. Ces femmes avaient la possibilité de tenir la main de quelqu’un et de s’appuyer sur ses épaules. Elles avaient quelqu’un pour les conduire à leurs différents rendez-vous, leur demander comment ça allait. Quelqu’un qui pouvait cuisiner, à qui parler et avec qui parler de leurs angoisses. Et moi? Je n’avais rien de tout ça.

Être spéciale ou être connectée à soi-même? Encore un choix.
Au début, j’ai laissé ce vide, cette absence d’un être aimant m’envahir. Je me morfondais sur mon sort. C’était ancré au plus profond de moi. C’était un sentiment laid et inconfortable. Je savais que si j’en parlais, les gens auraient pitié de moi et que je pourrais alors continuer à me replier sur moi-même et à me morfondre avec tous leurs « oh, pauvre Adriana ». Ç’aurait été facile et je me serais sentie bien. Ça m’aurait permis de blâmer la malchance et de ne prendre aucune responsabilité quant à ma vie. Croyez-moi quand je vous dis que ces sentiments étaient bien réels. Ils n’étaient pas aussi clairs et concis que ce que je décris maintenant, mais ils étaient très ancrés en moi. Le fait de croire que j’étais différente, que personne ne pouvait comprendre ce que je vivais ou ressentais, me faisait penser que j’étais quelqu’un de spécial. Or, je savais que ce n’était pas vrai. Je n’étais pas spéciale, ce sont les statistiques qui le disent.

Selon la Société canadienne du cancer, 78 femmes canadiennes apprennent chaque jour qu’elles sont atteintes d’un cancer du sein. Aussi aléatoire, horrible et dévastateur que cela puisse être, le cancer du sein n’est pas une maladie rare ni spéciale. Je n’étais donc pas quelqu’un de spécial et je devais trouver un moyen de surmonter cette situation sans jouer la victime.

Peut-être est-ce parce que je suis rédactrice et que j’ai l’habitude d’éviter les clichés de type « quand on veut, on peut » ou « les bonnes choses n’arrivent qu’aux gens bien » que j’ai tout de suite compris que seul l’amour vrai et authentique serait la solution. En me forçant, de manière consciente et délibérée — et parfois douloureuse — à rediriger mes pensées sur ce que je possédais réellement, j’ai pu trouver en moi une certaine dignité et une force émotionnelle. Lorsque j’étais trop malade, que je me sentais trop fatiguée ou que je n’avais pas la force d’être reconnaissante envers la vie, je me concentrais sur les petites choses. Je me rappelais mes étagères pleines de livres, mon lit douillet, mon ordinateur qui me permettait d’écrire mes idées et mes articles, et les serviettes de toilette qui pendaient dans ma salle de bain — même si leur état de propreté pouvait parfois laisser à désirer.

Mais, en règle générale, le fait de m’astreindre à trouver chaque jour quelque chose — n’importe quoi — pour laquelle j’étais reconnaissante m’a beaucoup aidée.

Créer ou s’apitoyer? Tous deux demandent des efforts.
Et je continue à le faire. Chaque matin, je me réveille de bonne heure, me fais un café et m’assois sur mon canapé et m’adonne à ce que j’appelle, mon « rituel du matin » : je lis quelques pages d’un mémoire inspirant – en ce moment, je lis Touch the Dragon, de Karen Connelly. Ensuite, je reprends A Course In Miracles (Un cours en miracles) là où je l’ai laissé, la veille, et pratique la leçon du jour. Ce n’est pas le livre de développement personnel spirituel le plus facile à lire, mais les messages qu’il contient me permettent de trouver du réconfort et le sentiment d’une entité spirituelle supérieure. Ensuite, je lis un extrait de The Success Principles (Le succès selon Jack), de Jack Canfield, auteur de la série Chicken Noodle Soup For The Soul, ou de La loi de l’attraction (The Law of Attraction) d’Esther et de Jerry Hick, et j’utilise leurs directives pour influencer mes pensées et mes actions.

Pour finir, je fais une séance de méditation. Pas de la méditation de type yoga, en faisant « ommm », ça n’a jamais fonctionné pour moi. Au lieu de ça, je récite des affirmations en pleine conscience. Je m’enveloppe dans des pensées d’amour pour mes chats, ma famille, mes amis et, tout particulièrement, les personnes avec lesquelles j’ai de la difficulté, tout en invitant mon être spirituel supérieur — pour moi, Dieu — à vivre en moi et en eux. Ensuite, je redirige tout cet amour vers mon corps en insistant particulièrement sur mon aisselle et mon sein droit. Et enfin, j’envoie toujours, toujours, de l’amour et des pensées de guérison à ces personnes que je ne connais pas, mais qui elles aussi sont en prise avec un cancer du sein. C’est quelque chose que je n’oublie jamais. Pas parce que ça me fait me sentir mieux ou supérieure, mais parce que je me sens connectée à ces personnes et que je me soucie d’elles, même si on ne se connaît pas personnellement. Voilà, c’est comme ça que je crée mon sentiment d’harmonie et de paix intérieure, et je pense que c’est ça qui m’a aidée à guérir.

Les cicatrices que j’ai sur le corps sont des preuves de ma guérison physique et je suis fière de les avoir. Ma guérison mentale, elle, prend plus de temps. Il y a des jours où je n’ai pas envie de faire mon rituel du matin et où je préfère manger un paquet entier de croustilles No Name, saveur crème sûre et oignon, en guise de déjeuner au lieu de gérer cette anxiété que je continue à ressentir. Mais j’essaie, inlassablement. Pendant les traitements, pour gérer mes fringales sucrées, j’avais ressorti mes tubes de peinture acrylique, acheté une grande toile et peint dessus le mot « love » (amour) à répétition. Cette toile entourée d’un cadre doré est maintenant accrochée au mur de mon salon où je peux la voir tous les jours. Elle me rappelle que la réponse est toujours... l’amour.

Adriana Ermter est une auteure et rédactrice primée. Vous pouvez lire ses écrits dans Living Luxe, Figure Skater Fitness et IN Magazine, ainsi qu’en ligne sur les sites 29Secrets.com, RethinkBreastCancer.ca, Popsugar.com et AmongMen.com. L’ancienne chroniqueuse beauté du magazine FASHION et rédactrice en chef de Salon et Childview habite à Toronto avec ses deux chatons, Murphy et Olive. Vous pouvez la suivre sur Instagram (@AdrianaErmter).


Racontez-nous votre histoire ici

Les points de vue et les expériences exprimés à travers les histoires personnelles sur le blog Our Voices sont ceux des auteurs et de leurs expériences vécues. Ils ne reflètent pas nécessairement la position du Réseau canadien du cancer du sein. Les informations fournies n’ont pas été examinées médicalement et ne sont pas destinées à remplacer un avis médical professionnel. Demandez toujours conseil à votre équipe de soins lorsque vous envisagez vos plans et objectifs de traitement.