Par Kaye Powell
Adapté d’un billet initialement écrit le jour du cinquième anniversaire du diagnostic de Kaye.
Il y a cinq ans, je fus happée par une tempête lors d’un rendez-vous chez mon médecin : j’étais atteinte d’un cancer du sein.
Cette tempête était si puissante que je crus que je ne m’en remettrais jamais. Je n’étais ni équipée ni préparée pour les rafales à venir. Au début, j’eus l’impression d’être en plein dans l’œil du cyclone : alors que la tempête faisait rage autour de moi tout était calme ailleurs. Je savais qu’il me faudrait affronter la tempête pour atteindre l’autre côté. J’avais besoin de chasseurs de tempêtes pour m’aider à y parvenir.
Les larmes aux yeux, je marchai aussi vite et aussi longtemps que je pus, mais je n’arrivai pas à lutter contre la tempête. Elle ne faiblissait pas. Les jours et les nuits sombres semblaient sans fin. Les nuages noirs continuaient de s’amonceler. La foudre finit par me frapper, laissant derrière elle des dommages irréversibles qui me rappelleraient à jamais cette expérience. La foudre ne frappa pas une fois, mais deux fois. S’en suivit une période calme avant que la tempête ne reprenne de plus belle. J’essayai alors de m’en sortir désespérément tout en sachant que je n’étais pas au bout de mes peines.
Mon esprit était divisé en deux : je pouvais à la fois vivre dans le présent tout en ayant constamment à l’esprit ces nuages noirs. C’est ainsi que j’ai découvert que j’étais très bonne actrice! J’arrivais à rire, à m’amuser, à travailler et à vivre ma vie, alors que rien n’était normal et que ça ne le serait pas avant un certain temps. La tempête revint, mais cette fois c’était différent. Elle fit rage pendant 28 jours d’affilée. Que se passait-il? Comment se pouvait-il que j’aie attrapé un coup de soleil alors que cette tempête incessante ne laissait jamais passer le soleil?
Puis, un beau jour, les chasseurs de tempêtes commencèrent à faire effet et j’entre-aperçu un faible rayon de soleil à travers les nuages. Cela prit un certain temps avant que le soleil ne perce complètement les nuages et ne se mette à briller pleinement. La peur causée par la moindre goutte de pluie ou le moindre souffle de vent finit par lentement se dissiper. Je peux maintenant marcher aussi vite et aussi longtemps que je le veux, sans voir ces nuages noirs réapparaître.
Dans les prochains mois, je devrai dire au revoir à mes chasseurs de tempêtes. J’irai pour la dernière fois dans ce cabinet dans lequel je suis rentrée il y a cinq ans. J’avalerai la dernière de ces toutes petites pilules et je dirai adieu à cette tempête inoubliable.
L’orage est passé, ma vie peut enfin recommencer!