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La voix des personnes atteintes d'un cancer du sein

Éducation

blogue À nous la parole

Sept façons de répondre aux réactions de ses proches face à son cancer du sein

Par Adriana Ermter

Dans notre rubrique mensuelle, la rédactrice en chef et auteure Adriana Ermter raconte son expérience du cancer du sein.

Lorsque l’on m’a dit que j’avais un cancer du sein, j’ai été submergée par la nouvelle et par le flot continu d’informations que je devais absorber et traiter. Ma vie, telle que je la connaissais, a été totalement bouleversée. « Vous avez un cancer du sein… » Ces quelques mots ont déclenché en moi de l’anxiété, de la dépression, la peur de la récidive et de l’incertitude par rapport à mon avenir. Mon psychisme, mon sentiment de sécurité et mon bien-être en ont été ébranlés. De nature farouchement indépendante, j’aime généralement aborder seule les défis qui se présentent à quelques mois, mais là, c’en était trop.

Je ne me voyais pas annoncer à ma famille et à mes amis que j’avais un cancer du sein. J’avais l’impression de vouloir attirer l’attention sur moi. C’est parce qu’avoir un cancer est surréaliste et déforme la réalité. Il m’était presque impossible, moi-même, de comprendre ce qui se passait. Divulguer cette information profondément personnelle me demandait d’être à la fois vulnérable, forte et courageuse. Ce n’était pas une mince affaire. Alors bien sûr, une fois que je me suis confiée à eux, je m’attendais à ce qu’ils disent et fassent exactement ce dont j’avais besoin.

Ça ne s’est pas du tout passé comme ça.

Oui, certains ont été formidables, m’ont fait plein de câlins, m’ont préparé à manger ou m’ont encouragée. D’autres ont pris des jours de congé et l’avion pour être auprès de moi après l’opération ou pour m’accompagner à mes rendez-vous. Ils ont tous été incroyables et je leur en serai reconnaissante à vie. Et puis, d’autres, pas vraiment. Je me suis sentie blessée par leur absence, ou leur attitude dédaigneuse ou condescendante, et je me suis renfermée sur moi-même. J’ai arrêté de les contacter et de leur donner des nouvelles, et je refusais catégoriquement de leur demander de l’aide. Je ne regrette pas d’avoir réagi ainsi, car ça m’a fait voir une nouvelle facette de ma personnalité. Mais depuis, j’ai eu le temps de réfléchir aux raisons et à la manière dont j’ai réagi à ces comportements. Si c’était à refaire (ce que je ne me souhaite pas), je ferais les choses différemment, car je sais maintenant que les réactions des autres n’ont rien à voir avec moi ni avec mon cancer.

Tout le monde ne peut pas ou ne veut pas répondre avec l’empathie, l’attention et le soutien dont nous avons besoin. Certains s’engagent, d’autres se retirent. Ça n’a rien de personnel. Ce que les gens disent et font est simplement le reflet de leur personnalité, de leur situation et de leur capacité à faire face et à réagir. Mais, ce n’est pas pour autant qu’on ne se sent pas blessé(e) ou qu’on ne trouve pas ça plate, car ça l’est. Il existe des moyens de se préparer mentalement aux réactions de nos proches, afin que celles-ci ne viennent pas perturber notre guérison. Et puis, au final, la seule réponse que nous pouvons contrôler est la nôtre.

Voici sept types courants de réactions auxquels on peut s’attendre lorsqu’on informe quelqu’un qu’on a un cancer du sein ainsi que les façons dont on peut y répondre :

  1. Choc et inaction
    • Réaction : Certaines personnes se figent ou ne parviennent pas à offrir un soutien immédiat et sont accablées par la nouvelle.
    • Explication : Cette réaction peut découler de la peur ou de l’incapacité de la personne à traiter des informations pénibles. Il se peut qu’elle ne sache pas comment aider ou qu’elle ait peur de dire quelque chose qu’il ne faut pas, alors elle se met en retrait et ne fait rien. Quelques-uns de mes amis ont agi comme ça et m’ont ensuite expliqué pourquoi et présenté leurs excuses.
    • Comment y répondre? Faites preuve de patience et de compréhension. Reconnaissez leur choc, mais exprimez également votre besoin de soutien. Dites-leur que vous savez que c’est dur à encaisser, mais qu’elles n’ont rien à faire ou à dire, et que vous souhaiteriez tout simplement qu’elles soient là pour vous. Cela pourra peut-être les aider à surmonter leur paralysie.
       
  2. Minimisation ou rejet
    • Réaction : Certaines personnes peuvent minimiser la gravité du diagnostic en faisant des commentaires tels que « Tu vas t’en sortir », « Ma voisine a eu un cancer du sein et elle a dit que ce n’était pas si grave » ou « Au moins, ce n’est que le stade 1 ».
    • Explication : Ce type de réaction peut refléter un mécanisme d’adaptation utilisé pour se protéger de la peur. En minimisant la situation, ces personnes tentent de maintenir un sentiment de normalité et, parfois, de prendre le dessus pour éviter d’être confrontées à la gravité de la maladie. Trois membres de ma famille ont réagi comme ça et j’étais tellement furieuse que j’avais envie de les frapper. Mais, je n’ai rien fait.
    • Comment y répondre? Voici ce que j’aurais aimé leur dire : « Je n’ai jamais eu de cancer du sein auparavant, alors comprenez que c’est grave et difficile pour moi. »
       
  3. Trop d’émotions
    • Réponse : Certaines personnes peuvent réagir de manière excessive, se mettre à pleurer de manière incontrôlable ou exprimer plus de peur et d’anxiété que vous. Il se peut même qu’elles vous répètent, encore et encore, qu’elles sont inquiètes pour vous.
    • Explication : Elles sont peut-être en train de projeter leurs propres peurs sur votre situation, cela leur fait revivre un traumatisme ou elles ne savent pas gérer les nouvelles stressantes. Certains aiment faire part de leur inquiétude pour prouver leur valeur ou, malheureusement, pour détourner l’attention sur eux. Ma mère m’a souvent dit à quel point elle était inquiète. Lorsque je lui ai demandé si elle pouvait avoir de bonnes pensées à la place, elle m’a rappelé qu’en tant que mère, elle avait le droit de s’inquiéter. Elle n’avait pas tort.
    • Comment y répondre? S’il est important de valider les émotions de ces personnes, vous pouvez aussi fixer des limites en leur rappelant gentiment que vous comprenez que cela soit difficile pour elles, mais que vous avez besoin d’énergies positives et de soutien autour de vous.
       
  4. Repli ou évitement
    • Réponse : Certaines personnes peuvent prendre leurs distances, éviter certaines conversations ou le contact.
    • Explication : Il se peut qu’elles se sentent vraiment mal à l’aise avec les personnes malades ou l’idée de la mort. Il se peut qu’elles n’arrivent pas à gérer leurs propres peurs ou qu’elles pensent être incapables de vous aider. C’est le genre de personnes qui ne va pas souvent vous contacter et quand elles le font, c’est juste pour vous demander comment vous allez avant de passer à un autre sujet. Mon père était un peu comme ça, et je comprends pourquoi : je suis sa fille. Du coup, lorsque je lui donnais de mes nouvelles, je restais brève, concise et factuelle.
    • Comment y répondre? Si c’est quelque chose que vous n’appréciez pas, dites-leur qu’elles vous manquent afin d’essayer de retrouver une connexion plus profonde.
       
  5. Humour inapproprié
    • Réaction : Certaines personnes font des blagues ou prennent la situation à la légère afin d’en minimiser la gravité.
    • Explication : Avoir le sens de l’humour est une bonne chose dans ce genre de situation. Toutefois, si l’on s’en sert comme mode principal ou unique de communication, ça peut devenir un mécanisme de défense que l’on utilise dans les situations inconfortables et ça peut être vu comme un manque d’empathie.
    • Comment y répondre? Reconnaissez leur intention, puis redirigez la conversation en exprimant vos besoins en les remerciant, par exemple, de détendre l’atmosphère et de toujours vous faire rire, puis en lui annonçant que vous avez quelque chose de sérieux à leur dire.
       
  6. Questionnements et curiosité
    • Réaction : Certaines personnes souhaitent comprendre la situation pour mieux vous aider.
    • Explication : Elles souhaitent comprendre et trouver des solutions. Je suis moi-même comme ça. J’aime apprendre et comprendre. J’ai l’impression de contrôler les choses lorsque je détiens des informations. Mais, je sais également que mes questions peuvent être ennuyantes.
    • Comment y répondre? Bien que la curiosité soit une merveilleuse chose, vous n’êtes pas obligé(e) de divulguer quoi que ce soit si vous ne le voulez pas. Vous pouvez, par exemple, remercier ces personnes de s’en préoccuper, puis leur dire ce que vous savez pour l’instant.
       
  7. Présence non sollicitée
    • Réaction : Certaines personnes vous accompagnent à vos rendez-vous, que vous le leur ayez demandé ou non. Elles vous apportent à manger, vous racontent plein d’anecdotes, restent avec vous pour regarder les rediffusions de Below Deck, nourrissent vos chats, vont acheter du liquide vaisselle et font la vaisselle, et lisent pendant que vous dormez.
    • Explication : Ces personnes pensent vous aider par leur présence. Je peux comprendre, car je suis moi-même comme ça : faire des choses pour quelqu’un me donne l’impression d’être une bonne amie.
    • Comment y répondre? Laissez-les faire. Laissez-les cuisiner, vous accompagner à vos séances de chimio, vous raconter les péripéties de leurs collègues déjantés, etc. Ce sont des personnes précieuses! Dites-leur tout simplement merci et que vous appréciez vraiment tout ce qu’elles font pour vous.

Il est essentiel de comprendre les réactions des gens qui vous entourent pour garder la tête froide et faire face à la maladie. À ceux qui vous soutiennent, exprimez votre gratitude et appuyez-vous sur eux. Pour ceux qui se retirent, reconnaissez que leur réaction découle de leurs propres limitations et qu’elles ne remettent en cause ni votre valeur ni l’importance de ce que vous vivez. Tout le monde ne sera pas à la hauteur et c’est correct. En vous préparant à différentes réactions, vous pourrez favoriser la compréhension et le soutien de votre entourage.

Adriana Ermter est une auteure et rédactrice primée. Vous pouvez lire ses écrits dans Living Luxe, Figure Skater Fitness et IN Magazine, ainsi qu’en ligne sur les sites 29Secrets.com, RethinkBreastCancer.ca, Popsugar.com et AmongMen.com. L’ancienne chroniqueuse beauté du magazine FASHION et rédactrice en chef de Salon et Childview habite à Toronto avec ses deux chatons, Murphy et Olive. Vous pouvez la suivre sur Instagram (@AdrianaErmter).


Les points de vue et les expériences exprimés à travers les histoires personnelles sur le blog Our Voices sont ceux des auteurs et de leurs expériences vécues. Ils ne reflètent pas nécessairement la position du Réseau canadien du cancer du sein. Les informations fournies n’ont pas été examinées médicalement et ne sont pas destinées à remplacer un avis médical professionnel. Demandez toujours conseil à votre équipe de soins lorsque vous envisagez vos plans et objectifs de traitement.