Par Jessica Clements
J’ai 33 ans et je vis en Alberta, au Canada. Jusqu’à la naissance de mon fils, en septembre 2021, je travaillais dans l’industrie pétrolière. J’étais une femme active et très indépendante, et j’étais maman de quatre chiens. Aujourd’hui, j’ai un chien de plus et je suis également maman d’un petit garçon! Deux mois après mon accouchement, j’ai trouvé une grosseur dans l’un de mes seins. Les médecins pensaient qu’il s’agissait d’un canal lactifère bouché. La grosseur devenant de plus en plus importante, le 28 février 2022, on m’a envoyé faire une échographie, puis une mammographie, les 1er et 2 mars. Le 4 mars, on m’a fait une biopsie. Les résultats sont revenus le 21 mars et indiquaient que j’avais un carcinome canalaire invasif.
La maternité apportant déjà son lot de changements, avoir un cancer du sein alors que l’on doit s’occuper d’un bébé de cinq mois est dramatique. Est-ce la dernière célébration à laquelle j’assisterai? Est-ce le dernier petit-déjeuner que je lui ferai prendre? Bien que je reçois du soutien et que des gens m’aident avec mon fils, je suis la plupart du temps toute seule à m’occuper de lui. Je pense qu’il est arrivé au bon moment, comme si la vie savait que j’aurais besoin d’une mission noble pour être capable de surmonter cette épreuve qui allait se présenter à moi.
En mai 2022, j’ai commencé six séries de docétaxel dans le but de réduire la tumeur, qui mesurait 7 cm. J’ai été opérée le 7 octobre et, le 31 octobre, j’ai subi une mastectomie du sein gauche avec conservation de la plaque aréolo-mamelonnaire. J’ai suivi ensuite une hormonothérapie avec injection d’Herceptin toutes les trois semaines et, en décembre 2022, j’ai fait 16 jours de radiothérapie. En ce moment, je dois prendre une injection de Kadcyla toutes les trois semaines pour essayer de venir à bout des cellules cancéreuses résiduelles.
Le plus dur pour moi, ça a été la perte de mes cheveux : le regard des gens quand on n’a plus de cheveux est très dur à vivre. Physiquement, j’ai de la difficulté à m’occuper de mon bébé comme je le voudrais. Je suis passée d’une vie active à une vie où je dois choisir le moment auquel je peux faire une activité. Financièrement, c’est très dur. Il faut s’assurer d’avoir de l’argent pour mettre de l’essence dans sa voiture pour se rendre à ses différents rendez-vous et pour acheter à manger pour sa famille. Il faut aussi de l’argent pour pouvoir acheter certains médicaments qui permettent de limiter les effets indésirables des traitements.
Mes relations avec les autres sont devenues tendues. Beaucoup de choses ont changé. J’ai perdu des amis, mais j’ai aussi rencontré des gens formidables. Professionnellement, je ne pourrai plus faire ce que je faisais avant, ce qui est très dur à accepter. Ma perception de la vie a changé, car je vis chaque moment comme s’il s’agissait du dernier.
Mon partenaire et moi avons connu beaucoup de hauts et de bas. Nous nous sommes récemment remis ensemble, car je prenais des décisions irréfléchies en raison de ma dépression post-partum et du cancer. Les membres de ma famille me regardent différemment, mais me soutiennent. Mes amis sont très présents et les plus proches m’apportent un réel soutien quand j’ai en le plus besoin. La plupart des gens ont eu du mal à croire que j’avais un cancer du sein. En effet, c’est difficile de croire que cela peut arriver à une jeune femme qui vient d’avoir un bébé.
J’ai une « marraine de cancer » qui m’aide. Je peux aussi compter sur ma sœur, mon père, mes tantes, mes cousins et des amis proches qui sont à mes côtés depuis le début et qui viennent voir comment je vais et me motivent pour aller mieux. Mais ma plus grande source de motivation, c’est mon fils. Prenez autant de photos que possible, car dans les moments les plus difficiles, lorsque l’on pense ne pas pouvoir y arriver, les photos aident à se sortir de cette mauvaise passe et nous rappellent ce pour quoi on se bat.
N’oubliez pas qu’il existe une énorme communauté de femmes tout comme vous, luttant ou ayant déjà eu à lutter contre un cancer du sein, qui sont là pour vous remonter le moral. N’hésitez pas à les rejoindre! Et puis battez-vous pour vos droits et vos intérêts, car différentes solutions et options existent.