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La voix des personnes atteintes d'un cancer du sein

Éducation

blogue À nous la parole

Qu’est-ce que l’oncofertilité et quelles sont vos options en la matière?

Par Adriana Ermter

Dans notre rubrique mensuelle, la rédactrice en chef et auteure Adriana Ermter raconte son expérience du cancer du sein.

« Souhaitez-vous faire congeler tes ovules? »

On m’a posé cette question de nombreuses fois après mon diagnostic de cancer du sein. Oui, j’avais encore mes menstruations et non, je n’étais pas ménopausée. Mais, comme j’avais 47 ans, cette question me paraissait incongrue. Lorsque je rappelais mon âge aux médecins, ils soupiraient et disaient : « Oui, c’est vrai, mais vous paraissez plus jeune. Est-ce que ça vous intéresse? ». Euh, non. Pas du tout. En tant que femme divorcée, célibataire et proche de la cinquantaine, je ne souhaitais pas du tout fonder une famille toute seule. Et puis, j’avais essayé, sans succès, d’avoir des enfants avec mon ex-mari et ces échecs avaient été très éprouvants.

Cela dit, beaucoup de femmes atteintes d’un cancer du sein sont en âge de procréer et souhaite fonder une famille une fois les traitements terminés. Selon la Société canadienne du cancer, 0,5 % des femmes de moins de 30 ans et 16,3 % des femmes âgées de 30 à 49 ans apprennent, chaque année, qu’elles ont un cancer du sein. Il peut donc être très important de comprendre ce qu’est l’oncofertilité et de connaître ses options en la matière.

L’oncofertilité consiste à conserver ou à préserver ses ovules dans le but d’avoir des enfants biologiques plus tard. Les traitements contre le cancer, comme la radiothérapie et la chimiothérapie, peuvent endommager les organes du système reproducteur, ce qui peut altérer votre capacité à tomber enceinte ou à maintenir une grossesse après les traitements. Selon la Société canadienne du cancer, la chimiothérapie pourrait être le principal facteur entraînant des problèmes de fertilité dépendamment du type de chimiothérapie, des doses administrées, de la durée du traitement et du nombre de médicaments administrés. Bien qu’il soit possible, selon l’âge, que votre fertilité se rétablisse une fois le traitement terminé, il est préférable de connaître et d’évaluer les différentes options disponibles en matière de préservation de la fertilité. Par conséquent, le meilleur conseil que je puisse vous donner est le suivant : si vous voulez avoir des enfants, demandez à votre oncologue de vous référer immédiatement à un ou une spécialiste de la fertilité.

Le ou la spécialiste de la fertilité évaluera votre désir de procréation et votre état de santé afin de vous fournir les informations dont vous aurez besoin. Pour vous aider à vous préparer à ces conversations, je vous explique ci-dessous les options les plus communes en matière d’oncofertilité, et vous indique leurs avantages et leurs inconvénients afin que vous puissiez avoir une idée de ce que vous voulez et garder le contrôle de votre corps et de votre avenir.

La congélation d’ovules
La congélation d’ovules, ou cryoconservation d’ovocytes, consiste à congeler ses ovules. C’est l’une des options d’oncofertilité les plus utilisées par les femmes atteintes d’un cancer du sein. Particulièrement utile pour les personnes qui ne sont pas en couple et qui souhaitent avoir des enfants plus tard, cette procédure permet de conserver ses ovules avant le début des traitements. Pour ce faire, on commence par stimuler les ovaires afin qu’ils produisent plusieurs ovules, que l’on va récupérer, congeler et entreposer pour une utilisation future.

Avantages : La congélation d’ovules permet de conserver son potentiel de fertilité afin de bénéficier de plus de flexibilité en termes de planification familiale.

Inconvénients : D’un point de vue psychologique, la congélation d’ovules peut être éprouvante, car elle nécessite du temps et un investissement émotionnel. Sur le plan physique, la stimulation hormonale peut temporairement causer des désagréments et entraîner des effets secondaires — ballonnements, sensibilité des seins, maux de tête, sautes d’humeur, insomnie, bouffées de chaleur et frissons.

La congélation d’embryons
La congélation d’embryons, ou cryopréservation d’embryons, consiste à féconder des ovules avec du sperme afin d’obtenir des embryons. C’est une excellente option si vous êtes mariée ou dans une relation sérieuse et que votre partenaire et vous souhaitez fonder une famille plus tard.

Avantages : Cette méthode a un meilleur taux de réussite que la congélation d’ovules. De plus, vous n’êtes pas seule, puisque votre partenaire vous accompagne tout au long du processus.

Inconvénients : Vous devez avoir un partenaire homme ou un donneur de sperme, et en fonction de votre calendrier de traitement, la procédure peut s’avérer urgente.

La congélation de tissu ovarien
La congélation de tissu ovarien consiste à prélever un petit morceau de tissu ovarien et à le congeler pour pouvoir vous le regreffer à une date ultérieure. Cette méthode est particulièrement adaptée aux jeunes filles prépubères et aux femmes qui ne peuvent pas subir de stimulation hormonale.

Avantages : D’un point de vue psychologique, cette procédure est moins éprouvante, car elle vous offre la possibilité de concevoir naturellement une fois les traitements terminés.

Inconvénients : Cette méthode est toujours considérée comme expérimentale et son taux de réussite n’est pas aussi établi que ceux des autres méthodes. Lors de la greffe du tissu ovarien, il existe un risque de réintroduire des cellules cancéreuses, sans compter les risques inhérents à l’opération chirurgicale en elle-même, à savoir les risques d’hémorragie et d’infections.

La gonadolibérine
La gonadolibérine, l’hormone de libération des gonadotrophines (GnRH), peut indirectement stimuler la production d’œstrogènes et de progestérone, des hormones sexuelles indispensables à l’ovulation et à la fécondation. La GnRH est un produit chimique qui peut être administré pendant la chimiothérapie afin de supprimer la fonction ovarienne de façon temporaire et ainsi protéger vos ovaires des effets néfastes de la chimiothérapie.

Avantages : Il s’agit d’une méthode non invasive qui peut être facilement intégrée à votre plan de traitement.

Inconvénients : Cette méthode n’est pas compatible avec tous les types de cancer du sein. Elle peut entraîner des symptômes de la ménopause, tels qu’en autres, des bouffées de chaleur, des sueurs nocturnes, des douleurs aux articulations, de la sécheresse vaginale et des maux de tête, ce qui peut affecter votre qualité de vie pendant le traitement.

La maturation in vitro
La maturation in vitro (MIV) consiste à prélever des ovules et à les rendre matures en laboratoire. Comme elle ne nécessite pas de stimulation hormonale, la pertinence de cette méthode dépend du stade du cancer du sein.

Avantages : La maturation in vitro constitue une option d’oncofertilité pour les femmes qui ne peuvent pas utiliser les méthodes standard de préservation de la fertilité.

Inconvénients : Le taux de réussite de la maturation in vitro peut s’avérer inférieur à ceux des méthodes traditionnelles. De plus, il n’est pas garanti que la totalité des ovules prélevés arrive à maturité à l’issue de la procédure.

Adriana Ermter est une auteure et rédactrice primée. Vous pouvez lire ses écrits dans Living Luxe, Figure Skater Fitness et IN Magazine, ainsi qu’en ligne sur les sites 29Secrets.com, RethinkBreastCancer.ca, Popsugar.com et AmongMen.com. L’ancienne chroniqueuse beauté du magazine FASHION et rédactrice en chef de Salon et Childview habite à Toronto avec ses deux chatons, Murphy et Olive. Vous pouvez la suivre sur Instagram (@AdrianaErmter).

Les points de vue et les expériences exprimés à travers les histoires personnelles sur le blog Our Voices sont ceux des auteurs et de leurs expériences vécues. Ils ne reflètent pas nécessairement la position du Réseau canadien du cancer du sein. Les informations fournies n’ont pas été examinées médicalement et ne sont pas destinées à remplacer un avis médical professionnel. Demandez toujours conseil à votre équipe de soins lorsque vous envisagez vos plans et objectifs de traitement.