Le Symposium sur le cancer du sein de San Antonio (SABCS) est la conférence annuelle sur le cancer du sein qui rassemble des chercheurs, des cliniciens, des patients et des fabricants du monde entier pour discuter des dernières recherches sur le cancer du sein. En décembre 2022, nous avons eu le plaisir de pouvoir y assister en personne et nous aimerions partager avec vous les faits saillants de SABCS.
- Comparée à l’association carboplatine-paclitaxel, l’association néoadjuvant olaparib (Lynparza)-paclitaxel n’a montré aucun avantage pour les personnes atteintes d’un cancer du sein HER2- présentant un défaut de recombinaison homologue.
Les données issues de l’étude GeparOLA ont montré qu’au bout d’une période médiane de suivi de 49,8 mois, le taux de survie sans survenue de la forme invasive chez les patientes ayant reçu la combinaison olaparib-paclitaxel était de 76 %, comparé à 88,5 % chez les patientes ayant reçu la combinaison carboplatine-paclitaxel. De plus, le taux de récidive locorégionale au bout de 4 ans s’est avéré plus élevé chez les patientes ayant reçu la combinaison olaparib-paclitaxel (10,3 %), comparé à celui observé chez les patientes ayant reçu la combinaison carboplatine-paclitaxel (4,9 %).
- Les personnes atteintes d’un cancer du sein invasif et présentant un faible score POLAR (Profile for the Omission of Local Adjuvant Radiation) pourraient ne pas avoir à subir de radiothérapie après une tumorectomie.
Le score POLAR est une signature moléculaire à 16 gènes qui permet de déterminer les différences d’expressions géniques chez les patientes présentant ou non une récidive locale après une tumorectomie. Dans cette étude, les chercheurs ont mené une méta-analyse de 623 patientes atteintes d’un cancer du sein ER+ et HER2- sans atteinte ganglionnaire afin d’évaluer la valeur prédictive du score POLAR concernant le taux de récidive avec ou sans radiothérapie. Les résultats ont montré qu’il n’y avait pas de différence significative dans le taux de récidive locale entre les patientes présentant un faible score POLAR qui avaient fait une radiothérapie adjuvante et celles qui n’en avaient pas fait.
- L’essai DESTINY-Breast03 promet des résultats intéressants pour les personnes atteintes d’un cancer du sein métastatique HER2+.
Les résultats de l’essai DESTINY-Breast03 ont montré un taux de survie globale statistiquement significatif ainsi qu’une durée de survie sans progression avantageuse chez les patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique HER2+ sous trastuzumab déruxtécan (Enhertu), comparés aux patientes sous trastuzumab emtansine (Kadcyla). Au bout de 24 mois de suivi, le taux de survie globale était de 77,4 % chez les patientes sous trastuzumab déruxtécan et de 69,9 % chez les patientes sous trastuzumab emtansine. La durée médiane de survie sans progression chez les patientes sous trastuzumab déruxtécan était de 28,8 mois, comparée à 6,8 mois chez les patientes sous trastuzumab emtansine. En outre, le risque de décès a été réduit de 36 % chez les patientes sous trastuzumab déruxtécan.
- La prise de faibles doses de tamoxifène conduit toujours à une réduction des risques de récidive du cancer chez les femmes présentant une néoplasie intraépithéliale.
Les résultats du suivi sur 10 ans réalisé après l’étude TAM-01, qui consistait à analyser les effets de la prise quotidienne de 5 mg de tamoxifène (babytam), ont été présentés lors du Symposium. Les femmes ayant participé à l’étude étaient âgées de 75 ans ou moins, et présentaient une hyperplasie canalaire atypique ou un carcinome canalaire in situ. Dans le cadre de cet essai randomisé, elles ont reçu du babytam ou un placebo. Les résultats ont montré une réduction de 42 % du taux d’incidence d’un cancer du sein invasif ou du carcinome canalaire in situ. Les cas de récidive ipsilatérale ont été réduits de 32 %, tandis que les cas de récidive controlatérale ont été réduits de 64 %.
- Les résultats de l’essai POSITIVE peuvent représenter un espoir pour les jeunes femmes suivant une hormonothérapie et souhaitant avoir un enfant.
Les résultats de l’essai POSITIVE ont montré des taux de récidive à court terme similaires chez les femmes ayant interrompu l’hormonothérapie et celles ayant continué. Le taux de récidive à 3 ans des femmes ayant interrompu leur traitement était de 8,9 %, tandis qu’il était de 9,2 % chez celles ayant continué. Au moins une grossesse a été menée à terme chez 74 % des 497 femmes ayant essayé de tomber enceintes. 63,8 % sont tombées enceintes, 8 % des bébés présentaient un faible poids à la naissance et 2 % des bébés présentaient des anomalies congénitales. Ces chiffres sont comparables à ceux que l’on retrouve dans le reste de la population.
- Les chimiothérapies, y compris les chimiothérapies à base de taxane, n’augmentent pas le risque de lymphœdème lié au cancer du sein.
Les chimiothérapies à base de taxane entraînent une rétention de fluides aux extrémités, ce qui peut accroître le risque de lymphœdème lié au cancer du sein. Afin de mieux étudier cela, des patientes ayant subi une chimiothérapie, y compris les chimiothérapies à base de taxane, ont été comparées à des patientes qui n’avaient jamais subi de chimiothérapie. Aucune différence n’a pu être trouvée entre ces deux groupes de femmes en termes de risque de survenue d’un lymphœdème lié au cancer du sein. En revanche, les chercheurs ont découvert que l’âge, un indice de masse corporelle supérieur ou égal à 30, et des antécédents d’évidement ganglionnaire axillaire entraînaient une hausse significative du risque de lymphœdème lié au cancer du sein.
- Les résultats de l’essai HER2CLIMB ont été confirmés à l’aide de données réelles provenant de patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique HER2+.
Une analyse dans le monde réel a permis de confirmer le profil d’innocuité de la combinaison tucatinib (Tukysa), trastuzumab (Herceptin) et capécitabine. Les effets secondaires les plus signalés étaient l’extrême fatigue (70 %), l’érythrodysesthésie palmo-plantaire (61 %), les nausées (61 %) et l’anémie (61 %). 26 % des patientes ont obtenu une réponse partielle, alors que 44 % des patientes présentant des métastases au cerveau ont obtenu une réponse partielle.
- Des données compilées pendant une période de suivi de 12 ans sur la récidive à long terme et le taux de survie globale suggèrent qu’une partie des personnes atteintes d’un cancer du sein à un stade précoce pourraient se passer de la chimiothérapie.
Les données de suivi sur 12 ans de l’essai TAILORx continuent de montrer que pour une grande partie des personnes atteintes d’un cancer du sein à un stade précoce, la chimiothérapie ne présenterait aucun avantage. Les personnes qui pourraient se passer de la chimiothérapie en toute sécurité seraient les femmes postménopausées ou âgées de plus de 50 ans au moment de leur diagnostic de cancer du sein ER+ et HER2- sans atteinte ganglionnaire, et présentant un score de récidive déterminé à partir de l’expression de 21 gènes 21 gènes compris entre 0 et 25. Ces patientes pourraient se contenter d’une hormonothérapie. Compte tenu de ces résultats, les oncologues pourraient continuer d’utiliser ce score de récidive pour décider si leurs patientes doivent ou non faire de la chimiothérapie.
Pour en savoir plus sur les études et les essais cliniques présentés lors de l’édition 2022 du Symposium sur le cancer du sein de San Antonio, vous pouvez consulter les sites Web suivants :
Sites en français :
cancero.net
Le cancer.fr
Sites en anglais :
Onc Live
Cancer Network
The ASCO Post
Oncology Nursing News