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La voix des personnes atteintes d'un cancer du sein

Éducation

blogue À nous la parole


Avoir peur, choisir le courage et aider les autres

Par Mirella Fucile

Quand j’étais jeune, ma mère s’est battue contre un lymphome pendant dix longues années pour finalement mourir d’une leucémie. Adolescente, je l’ai accompagnée tout au long de cette épreuve difficile sans me rendre compte que je développais un syndrome de stress post-traumatique. C’est ainsi que la santé physique et le bien-être sont devenus une fixation : ils représentaient pour moi des garanties contre le cancer. Cette obsession était ancrée dans la peur — une peur si profonde que je ne voulais pas avoir d’enfants, terrifiée à l’idée de devoir les soumettre à l’horreur des traitements que j’avais connue avec ma mère.

Ma mère avait reçu son diagnostic à 42 ans et, en dépit de ma peur, j’ai donné naissance à mon fils lorsque j’avais 43 ans, persuadée que j’avais passé la période à risque. En juin 2021, alors que j’avais 52 ans — âge auquel ma mère était morte, j’ai ressenti une grosseur de la taille d’une graine dans ma poitrine une semaine après ma première mammographie. Ce que je redoutais le plus m’était finalement tombé dessus : le cancer du sein. La grosseur étant située dans la partie supérieure de ma poitrine, elle n’aurait pas pu être détectée à la mammographie. C’est donc grâce à une échographie qu’on a pu trouver la masse suspicieuse, qui s’est révélée être un cancer du sein HR+ stade II.

Au lieu de me laisser envahir par la peur, j’ai accepté ce diagnostic et adopté un mode protecteur. Il était hors de question que mon fils de neuf ans sache que j’avais un cancer. En ce qui le concernait, je me faisais opérer à cause d’une mauvaise chute, la chimiothérapie était une vitamine spéciale et la radiothérapie, de la physiothérapie. Les effets secondaires étaient difficiles à supporter, car je suis hautement intolérante à toute sorte de médicaments. Toutefois, en dépit des douleurs atroces que je vivais, j’ai su maintenir un semblant de normalité en respectant nos habitudes et en ne parlant pas de la maladie à la maison.

Le bien-être de mon fils passait avant le mien. Ma peur s’est transformée en une détermination sans faille à le protéger contre tout ce chaos. J’avais choisi de l’avoir lui, mais je n’avais pas choisi d’avoir un cancer et je pouvais décider de la façon dont cela affectera ma famille. Aujourd’hui, deux ans après cette épreuve, mon fils se porte merveilleusement bien : c’est un excellent élève qui rêve de devenir champion olympique de judo. C’est à travers sa réussite que je trouve la mienne. En acceptant ce cancer, j’avais dissipé ma peur.

Au bout d’un an de rémission, j’ai commencé à faire du bénévolat dans un centre de bien-être pour personnes atteintes d’un cancer, où j’utilisais mes compétences en santé physique pour aider des personnes en cours de traitement et au-delà. Grâce à mon expérience comme spécialiste de la remise en forme et comme soignante de mes deux parents, et grâce à mon propre combat contre le cancer, j’arrivais à parler aux patients des douleurs, de la fatigue et de l’épuisement mental que j’avais connus avec empathie. Mon but était de les rassurer en leur montrant que je comprenais ce à quoi ils étaient confrontés et de leur donner de l’espoir en leur montrant que les choses pouvaient s’améliorer.

Les patients, leur famille et leurs amis me demandaient souvent pourquoi je faisais du bénévolat, et j’avais de la difficulté à leur donner une réponse jusqu’au jour où j’ai lu Le sens de l’action caritative du Père Giussani, dans lequel il a su, en une phrase, résumer ce que j’essayais de dire : « Je continue à aller à l’action caritative parce que ma souffrance et la leur ont un sens. » Lorsque je répondais cela à certains patients, je constatais une compréhension bien plus profonde de mon dévouement envers eux. Cela leur donnait également de la force et amplifiait leurs voix à mesure que, collectivement, nous abordions nos nouvelles identités, à savoir admettre la perte de nos anciens « moi » et accepter que malgré la repousse de nos cheveux, nous ne retournions pas à ces anciens « moi », mais que nous étions en train de créer de nouvelles versions de nous-mêmes.