Par Adriana Ermter
Dans notre rubrique mensuelle, la rédactrice en chef et auteure Adriana Ermter raconte son expérience du cancer du sein.
Les bouffées de chaleur dues au tamoxifène équivalent, selon moi, à des incendies suivis d’inondations! Quand elles surviennent, on a l’impression que tout son corps s’enflamme pour ensuite être inondé de sueur. C’est horrible, épuisant et totalement dégoûtant! J’aurais tout donné pour ne pas en avoir. J’aurais même abandonné le sucre.
Bien que je ne sois pas vraiment sucreries — j’aurais plus tendance à préférer un sachet de croustilles plutôt qu’une barre chocolatée, je ne fais preuve d’aucune maîtrise de soi. On m’offre des biscuits tout droit sortis du four? J’accepte volontiers et je les engloutis par poignées. On me met une part de tarte aux noix de pécan sous le nez? Même si je n’ai pas faim, elle disparaît en un rien de temps. Vous me dîtes que vous ne m’aimez plus — comme l’a fait mon mari avant notre séparation? J’engloutis un pot de crème glacée à la pâte à biscuits Häagen-Dazs — et mes sentiments par la même occasion — par jour pendant toute une année.
Quelle quantité de sucre consomme-t-on réellement?
Je ne suis pas une anomalie. Selon un sondage effectué par Talker Research, une société d’études de marché et de communication orientée données, l’Américain moyen mange ou boit 99 grammes de sucre par jour, ce qui équivaut à environ 80 livres (36 kg) de sucre par an. Je sais que ce chiffre semble ridicule, voire impossible à atteindre, mais ce n’est pas le cas et je vais vous expliquer pourquoi.
Par exemple, chaque matin, vous prenez un verre de jus d’orange et commandez un « café deux crèmes, deux sucres » chez Tim Hortons. Et puis, vous badigeonnez vos côtes levées de sauce épicée; vous trempez vos frites dans du ketchup; vous mettez du fromage industriel dans votre hamburger; et à l’anniversaire de votre père, vous buvez un, deux, trois verres de Sauvignon blanc à sa « santé »… Vous voyez où je veux en venir? Tous ces produits sont remplis de sucre. Et on pourrait continuer la liste, puisqu’il y a du sucre dans tout ce que nous mangeons et buvons. Les produits industriels en sont bourrés, y compris les produits qu’on ne soupçonnerait pas, comme les fruits et les légumes en conserves, les céréales, le pain, le bacon, la charcuterie, les plats préparés, le lait, les yaourts, etc. Tous ces produits contribuent à notre consommation de sucre selon des données publiées par l’Université de Californie à San Francisco dans le cadre du projet SugarScience. Compte tenu de cela, les chercheurs continuent d’étudier s’il existe un lien direct entre le sucre et le cancer du sein.
Le sucre peut-il affecter les cellules cancéreuses du sein ?
Un domaine de recherche en particulier s’intéresse au lien entre le sucre et la croissance des cellules cancéreuses. Des études publiées dans la National Library of Medicine et par le MD Anderson Cancer Center de l’Université du Texas affirment que les cellules cancéreuses sont capables d’ingérer le glucose — la forme la plus basique du sucre — beaucoup plus rapidement que les cellules normales. Il s’agit de « l’effet Warburg », un phénomène qui explique comment les cellules cancéreuses utilisent principalement la glycolyse — le processus de décomposition du glucose — pour produire de l’énergie. Cependant, cela ne signifie pas que manger du sucre nourrira directement votre cancer. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre pleinement ce lien, mais elles pourraient potentiellement conduire à de nouvelles approches thérapeutiques à l'avenir.
Maintenant, comme l’indique The Ottawa Cancer Foundation sur son site Web, toutes les cellules de notre corps utilisent du sucre comme source d’énergie. Alors que les chercheurs continuent d’explorer l’impact direct du sucre sur la croissance des cellules cancéreuses, il existe un lien indirect connu : un poids élevé augmente le risque de cancer, et la consommation d’aliments riches en sucres ajoutés peut contribuer à la prise de poids. Cela pourrait également expliquer pourquoi votre oncologue vous a conseillé de limiter votre consommation de sucre. En tout cas, c’est ce que l’on m’avait conseillé. Quand j’ai enfin écouté et que j’ai réduit ma consommation de crème glacée, j’ai réellement pu constater que le nombre et l’intensité des bouffées de chaleur causées par le tamoxifène diminuaient.
Sucre et inflammation
En effet, le sucre peut entraîner une inflammation chronique dans le corps. Comme l’explique un article publié sur Healthline, le sucre — en particulier le sucre raffiné et les glucides simples — entraîne la production d’insuline, une hormone qui aide à l’absorption du glucose pour la production d’énergie. Toutefois, la formation fréquente de pics de glucose et la production d’insuline qui en résulte peuvent entraîner une insulinorésistance, ce qui génère de l’inflammation chronique. L’inflammation chronique pourrait, à son tour, endommager les cellules et créer un environnement propice à la progression de la maladie.
Ce que tu peux faire
Pour les femmes aux prises avec un cancer du sein, comme vous et moi, il peut être très judicieux de réduire sa consommation de sucre ou d’arrêter d’en consommer tout simplement. Vous pouvez commencer par lire la liste des ingrédients contenus dans les produits industriels que vous achetez. Cela peut aussi vous aider à réduire l’inflammation dans votre corps, ce qui, de façon générale, est une bonne chose, puisque cela peut améliorer votre système immunitaire. En limitant votre apport en sucre, vous pouvez également améliorer votre sensibilité à l’insuline, réduire l’inflammation. Bien que le lien entre le sucre et le cancer du sein soit toujours à l’étude, il est de plus en plus évident que réduire sa consommation de sucre comporte d’importants avantages du point de vue de la santé. Et rien que pour cela, je pense que cela en vaut la peine.
Adriana Ermter est une auteure et rédactrice primée. Vous pouvez lire ses écrits dans Living Luxe, Figure Skater Fitness et IN Magazine, ainsi qu’en ligne sur les sites 29Secrets.com, RethinkBreastCancer.ca, Popsugar.com et AmongMen.com. L’ancienne chroniqueuse beauté du magazine FASHION et rédactrice en chef de Salon et Childview habite à Toronto avec ses deux chatons, Murphy et Olive. Vous pouvez la suivre sur Instagram (@AdrianaErmter).