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La voix des personnes atteintes d'un cancer du sein

Éducation

blogue À nous la parole


Comment j’ai appris à composer avec les réactions des étrangers

Par Tracy Thibault Tarnowski

J'ai découvert une bosse dans mon sein gauche par accident à l'été 2006, peu après avoir eu 40 ans. Après une mammographie et une biopsie, j'ai eu droit à un diagnostic de cancer du sein. C'était un CCIS multicentrique et très agressif. En bref, il en a résulté un tourbillon de plans de traitement et de chirurgie impliquant une chimio, une mastectomie bilatérale, de la radiothérapie, une hystérectomie et enfin une chirurgie reconstructive. J'étais déterminée à apprendre tout ce que je pouvais et à lutter contre ce cancer avec tout ce que j'avais en moi. Il n'allait pas briser mon attitude positive et mon optimisme face à la vie. Avec mon mari, nos deux jeunes enfants et nos familles à nos côtés, nous allions aborder ce défi une journée à la fois.

En m’aventurant dans le monde de la chimio, les messages que je recevais des amis et la famille m'ont vraiment aidée à conserver quotidiennement mon attitude positive et optimiste. La plupart des journées se déroulaient assez bien, mais il y en a eu quelques unes où j’étais en public à faire des choses ordinaires comme fréquenter l'épicerie, la pharmacie ou le bureau de poste et il arrivait souvent que les gens me dévisagent. Après tout, comme j'étais chauve, la plupart des gens prenaient pour acquis que j'avais le cancer et que j’étais probablement en train de mourir d'une mort lente et horrible. Je le sais parce que c'est l’impression que j’avais quand je voyais une jeune personne chauve à la peau très pâle. J’étais désolé pour elles et soit je les dévisageais, soit je détournais à dessein le regard pour les ignorer, ce que je trouve aujourd’hui pire encore qu’un regard soutenu.

J’ai trouvé cela difficile parce que d'une part je tentais de garder le moral et voulais être traitée comme n'importe qui d'autre, mais d'autre part il m’arrivait de vouloir hurler aux gens.

Une fois, j'attendais en ligne à la pharmacie et il y avait un enfant avec ses parents dans la ligne en face de moi et l'enfant me dévisageait ouvertement. J'ai souri et il a eu l’air mort de peur. Ma première envie a été de lui tirer la langue et de crier à ce gosse,
« C’est quoi ton problème? N'as-tu jamais vu une dame chauve avant? Ne sais-tu pas que j'ai le cancer? ARRÊTE DE ME DÉVISAGER, PETIT GARNEMENT!!! » Mais c’aurait été grossier et inapproprié et l’aurait probablement marqué pour la vie. Sans compter que je suis certaine que ses parents m’auraient fait une scène, eux aussi.

Ma deuxième envie a été de juste courir hors du magasin, monter dans ma voiture et rentrer aussi vite que je le pouvais chez moi où j'étais en sécurité, pour ne plus jamais sortir en public. Je n'ai fait ni l'une ni l’autre de ces choses, bien sûr. Je suis demeurée en ligne à sentir ces petits yeux globuleux sur moi et essayer de respirer normalement et de rester calme et d'agir comme tout était parfaitement normal. J'ai pris quelques respirations profondes, avalé la boule dans ma gorge et pris la décision de juste essayer désespérément d'agir normalement si cette situation devait se reproduire. Je ne voulais pas me cacher. En fait, oui, peut-être un petit peu. Mais je n'allais pas laisser ce cancer stupide me traiter de la sorte. J'étais trop têtue pour cela.

Une autre fois, je faisais des courses dans un magasin et une dame plus âgée, qui devait être dans les 70 ans avancés, est venue vers moi, m’a touché le bras et m'a demandé de but en blanc si j'avais un cancer du sein. J'étais un peu surprise et j’imagine que j’aurais pu lui répondre que ça ne la regardait fichtrement pas, mais je lui ai simplement répondu, «Oui». Elle m'a dit : «Ne vous inquiétez pas. Ma belle-fille l’a et elle va s’en tirer. Vous allez passer è travers et vous irez bien. Maintenant, prenez bien soin de vous. » Je lui ai juste dit merci et lui ai souri faiblement, et je suis restée là à la regarder s'éloigner. Je ne sais pas vraiment si elle essayait de me faire sentir mieux ou de se sentir mieux elle-même. Je savais qu'elle voulait bien faire et j'ai apprécié ses paroles, mais j'ai aussi eu l'impression que l’on avait transgressé mes luttes personnelles dans mon espace personnel. Ce jeu de yo-yo émotionnel était un élément auquel je n'avais pas vraiment été préparée. Ces petites situations peuvent vraiment jouer sur votre état mental et émotionnel si vous n’y prenez garde.

Les gens que je ne connaissais me demandaient souvent comment j’allais. D'autres tentaient d’ignorer l'éléphant au milieu de la pièce. D'autres encore pleuraient quand ils me voyaient. Certains étaient simplement curieux et me demandaient si j’acceptais qu’ils me demandent des choses sur le cancer et les traitements. C'était parfait pour moi. Cela ne me dérangeait vraiment pas quand on me le demandait cette façon et c’était l’approche que je préférais.

Il est toujours difficile de savoir quoi faire ou quoi dire. C'est un peu comme quand l’en croise quelqu'un qui vient de perdre un être cher. Vous ne savez pas tout simplement pas comment vous comporter parce que nous sommes toutes et tous si différents dans la façon dont nous réagissons à ces situations délicates. Vous voulez éviter les clichés, mais on a toujours l’impression d’être attiré vers des directions différentes quant à ce qu'il faut dire et ce qu'il faut faire. Je pense que la meilleure chose à faire est de simplement être vous-même et espérer que l'autre personne comprendra que vos intentions sont sincères.

Je suis maintenant libre du cancer depuis six ans et quand je me remémore tout ce que ma famille et moi avons franchi, cela peut sembler écrasant et difficile à croire que c’est vraiment arrivé. Mais c’est arrivé et je suis aujourd'hui heureuse, en santé et reconnaissante pour chaque nouveau jour.

Lisez la suite de mon itinéraire du cancer du sein sur mon blog à http://itsnotforeveritsjustfornow.blogspot.ca/.