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La voix des personnes atteintes d'un cancer du sein

Éducation

blogue À nous la parole

Les points de vue et les expériences exprimés à travers les histoires personnelles sur le blog Our Voices sont ceux des auteurs et de leurs expériences vécues. Ils ne reflètent pas nécessairement la position du Réseau canadien du cancer du sein. Les informations fournies n’ont pas été examinées médicalement et ne sont pas destinées à remplacer un avis médical professionnel. Demandez toujours conseil à votre équipe de soins lorsque vous envisagez vos plans et objectifs de traitement.

Le parcours d’une vie

Par Janice Patton

Je n’aurais jamais pensé raconter mon histoire devant un grand groupe de personnes, mais aujourd’hui, j’estime que c’est un honneur.

Chaque jour des vingt-six derniers mois, j’ai savouré le fait d’être en vie, de vieillir, de célébrer des anniversaires et de constater l’émerveillement de mes petits-enfants qui découvrent de nouvelles choses. J’essaie de ne pas trop me plaindre. Avant, j’avais toujours l’habitude de me plaindre de mes cheveux indisciplinés et je souhaitais devenir chauve. Plus maintenant. J’aime le fait d’avoir à nouveau des cheveux, des sourcils et des cils.

Mon parcours contre le cancer a débuté en mars 2017 alors que j’ai reçu un appel à la suite d’une mammographie de routine. On me demandait de subir une autre mammographie à l’hôpital pour inspecter une zone qui semblait suspecte. Je me suis rendue chez mon médecin quelques jours plus tard pour y apprendre que les résultats indiquaient la présence d’un petit amas de microcalcifications. J’ai alors demandé à mon médecin de subir une biopsie, ce à quoi il répondit qu’il n’y avait aucune bosse et qu’il fallait seulement surveiller l’amas. Pour ce faire, je devais le rencontrer mensuellement pour un examen des seins et passer une autre mammographie dans six mois.

J’avais le pressentiment que quelque chose n’allait pas donc le mois suivant, j’ai à nouveau réclamé de subir une biopsie. Mon médecin de famille depuis vingt-cinq ans m’a toutefois expliqué qu’une biopsie à l’aiguille ne pouvait pas être pratiquée puisqu’il n’y avait aucune tumeur. Il faudrait procéder par voie chirurgicale et cela pourrait entraîner la formation de tissu cicatriciel qui pourrait par la suite cacher une tumeur. Une fois de plus, je suis partie avec l’assurance que nous avions de l’avance. Chaque fois que je mentionnais aux membres de ma famille et à mes amis proches que j’avais l’impression que quelque chose n’allait pas, on me disait de ne pas m’inquiéter, que tout était correct.

Deux mois plus tard, j’ai découvert une bosse à l’endroit où les calcifications se trouvaient. Une autre mammographie et une échographie ont été demandées. Cette fois, la radiologiste qui a étudié l’image est venue me voir pour me demander si elle pouvait pratiquer une biopsie. Finalement, je serais fixée dans un sens ou dans l’autre. Le 10 juillet 2017, j’ai reçu la nouvelle que je redoutais. Le lendemain, je devais rencontrer le chirurgien.

Ma fille m’a accompagnée lors de mon rendez-vous. L’avoir à mes côtés a été une vraie bénédiction parce que je n’ai entendu que quelques bribes d’information. Même si je savais que j’avais le cancer, ça a été tout un choc et mes pensées allaient dans tous les sens. Le chirurgien a demandé pourquoi le premier radiologiste n’avait pas suggéré une échographie puisque mes seins étaient denses. Que voulait-il bien dire ? Je sais maintenant que les tumeurs cancéreuses sont plus difficiles à détecter, car elles apparaissent en blanc sur les images, comme le tissu mammaire dense. Je devais passer un examen d’IRM pour vérifier si le cancer s’était propagé à mon sein droit. Le cas échéant, une double mastectomie m’attendait. J’ai fini par subir l’ablation de mon sein gauche et de dix-neuf ganglions lymphatiques dont dix-huit étaient cancéreux.

Comment ai-je pu être aussi en avance, comme me l’avait dit mon médecin en mars ? Ce que je veux dire, c’est que si vous pensez que quelque chose ne va pas, vous DEVEZ vous-même défendre vos intérêts. Vous connaissez votre corps mieux que quiconque. Je n’aurais jamais dû quitter le cabinet du médecin sans avoir obtenu le renvoi pour subir une biopsie. J’aurais dû demander : « Ai-je les seins denses ? » Mais à ce moment-là, je ne savais pas ce que cela signifiait. Est-ce que cela aurait pu faire la différence entre un diagnostic de stade I ou II et un de stade III comme celui que j’ai reçu ? Aurais-je ainsi pu éviter de souffrir de lymphœdème en raison de tous les ganglions retirés ? Ce sont des choses que je regrette, mais j’espère que le fait d’en parler sensibilisera d’autres femmes. Les femmes devraient savoir qu’un tissu mammaire dense complique le diagnostic et nécessite des tests de dépistage supplémentaires.

Tout s’est déroulé rapidement après mon diagnostic. Une semaine plus tard, j’étais opérée. J’ai ensuite subi huit cycles de chimiothérapie, treize cycles de Herceptin et vingt-huit séances de radiothérapie. Je ne saurais trop insister sur la compassion sans faille du formidable personnel infirmier, la si grande gentillesse des techniciens en radiologie et la présence de mes oncologues qui ont répondu à mes nombreuses questions et qui m’ont donné espoir.

Pendant un certain temps, je me suis posé la question : « Pourquoi moi ? » Je faisais tout ce qu’il fallait : j’étais active, je mangeais sainement, j’ai eu mes enfants jeunes, je les ai allaités, je n’ai pas subi d’hormonothérapie substitutive, je ne buvais pas de façon excessive. Puis, ça m’a frappée : « Pourquoi pas moi ? » Le cancer choisit qui il veut : les gens en santé ou pas, les jeunes ou les vieux. J’ai constaté que cette maladie était aussi dure émotionnellement que physiquement. Mes émotions passaient et passent encore de la reconnaissance et du sentiment d’être bénie à la colère et la tristesse. Une de mes collègues de travail, une survivante du cancer depuis plus de vingt ans, m’a parlé de l’importance de l’aspect psychologique dans cette lutte. Vous devez à la fois être forte et combattive tout en étant consciente des émotions ressenties. C’est acceptable de pleurer ; il faut laisser le trop-plein sortir. J’ai profité de plusieurs rencontres (individuelles et en groupe) de counselling offertes par la B.C. Cancer Agency. Avoir accès à un tel service est précieux, surtout pour celles qui manquent de soutien ou qui se sentent seules.

Pour ma part, j’ai eu la chance d’avoir à mes côtés un mari qui refusait la possibilité que je puisse mourir. Il était et est encore mon roc. J’ai aussi pu compter sur mes trois magnifiques filles qui m’ont amenée à mes rendez-vous et à mes traitements de chimiothérapie, qui ont cuisiné des repas et qui ont nettoyé ma maison. Avant d’être malade, j’avais prévu mes vacances pour pouvoir les aider. Les deux plus vieilles étaient enceintes et la benjamine se faisait opérer à l’épaule. Ce sont elles qui ont pris soin de moi finalement. Je suis certaine que tenir des nouveau-nés dans mes bras a été aussi efficace que le reste de mes traitements. Mon fils a également été présent pour moi. Il m’a offert la musique en cadeau. Il a composé huit pièces pour piano, soit une pour chaque séance de chimiothérapie. Il les a enregistrées et il espère s’en servir pour amasser des fonds pour le cancer du sein.

J’ai aussi pu compter sur l’appui incroyable de ma famille élargie et de mes innombrables amis qui demandaient de mes nouvelles, qui m’envoyaient des messages texte d’encouragement, qui faisaient des promenades avec moi, qui m’apportaient de la nourriture et qui m’écoutaient toujours parler de mes dilemmes sans fin liés au cancer. Je ne vous remercierai jamais assez.

Je suis si chanceuse de pouvoir compter sur un système de santé qui offre de nouveaux médicaments toujours plus efficaces grâce à la recherche. Rien de tout cela ne serait possible sans les sommes amassées. Je me rappelle une séance de chimiothérapie au cours de laquelle j’ai vu une affiche de la Course à la vie. Je me suis fixé comme objectif d’y participer et d’amasser des fonds. Me voici, deux ans plus tard, capable de courir cinq kilomètres. C’est incroyable de constater à quel point le corps peut guérir vite.

J’ai rencontré une femme formidable au Victoria Cancer Clinic. Je pense parfois qu’il s’agissait d’un ange. Elle en était à sa 75e injection d’Herceptin. Quatre ans et demi auparavant, elle avait reçu un diagnostic de cancer du sein de stade IV. Je n’arrivais pas à croire à quel point elle paraissait bien. Nous avons parlé pendant un certain temps. J’ai appris que nous avions le même âge, qu’elle travaillait encore et qu’elle revenait tout juste de Haida Gwaii. Je lui ai demandé si elle ressentait de la douleur. Elle m’a répondu que ses articulations étaient douloureuses le matin, mais qu’elle se levait et bougeait. Elle était encore là et vivait sa vie avec enthousiasme grâce à de nouveaux et meilleurs médicaments.

J’ai toujours eu peur que mon cancer récidive et je pense que je dois faire tout en mon possible pour l’empêcher de réapparaître. Je ne devrais pas manger de sucre ni d’aliments transformés, je ne devrais pas boire de vin, je devrais manger plus de légumes et moins de viande, boire plus d’eau, suivre plus de cours de yoga, méditer davantage, écrire plus souvent. Mais ce que j’ai appris de mon ange, c’est que même si le cancer revient, nous allons tous mourir un jour et que je dois vivre ma vie et en profiter pleinement en faisant de mon mieux pour ne pas ressasser le passé ni m’inquiéter de l’avenir.

Donc, à ce moment-ci, je vous présente le Moment.

Aujourd’hui, nous prouvons que peu importe qui vous êtes et les conséquences de la maladie votre vie, ensemble, nous sommes une force vivante face au cancer du sein.

En ce moment, des milliers de personnes sont unies partout au pays par leur promesse de soutenir la cause du cancer du sein.

Ensemble, nous sommes plus grandes que le cancer du sein.

Ensemble, nous sommes plus grandes que le cancer du sein !