Par le comité d’organisation du Mois de la sensibilisation à la médecine de précision
En ce mois de novembre (#KNOWvember), Mois de la sensibilisation à la médecine de précision (#PMAM), il est essentiel de souligner le besoin d’équité, de diversité et d’inclusion dans cette nouvelle discipline médicale qu’est la médecine de précision et qui évolue rapidement :
- Équité : assurer un accès équitable au dépistage génomique et à différents traitements pour tous en s’attaquant aux barrières systémiques pouvant entraîner des disparités dans le domaine de la santé.
- Diversité : reconnaître et valoriser les différences génétiques entre les personnes d’origines diverses afin d’améliorer l’efficacité des approches de médecine de précision.
- Inclusion : impliquer, de manière active, les personnes d’origines diverses dans les essais cliniques et dans la recherche afin de recueillir des données exhaustives reflétant l’intégralité du spectre de la variété génétique.
Bien que la médecine de précision ait le potentiel de révolutionner les traitements contre les cancers, on constate que l’accès au dépistage génomique et aux traitements ciblés demeure inéquitable pour un bon nombre de personnes. Pour garantir l’équité du système de soins de santé, il est essentiel de comprendre pourquoi certaines communautés ou certains groupes de personnes sont touchés, de manière disproportionnée, par certaines mutations génomiques, et de mettre en place un système qui représente la diversité de la population canadienne.
Pourquoi l’équité, la diversité et l’inclusion sont-elles importantes en médecine de précision?
L’intégration des principes d’équité, de diversité et d’inclusion en médecine de précision permet de prendre en compte les différentes prédispositions génétiques et les différents facteurs de risque aux cancers que l’on rencontre dans la population. Les études ont montré que certains groupes raciaux et ethniques ont plus de risques de développer certains types de cancers, notamment en raison de facteurs à la fois génétiques et environnementaux.
- Mutations de l’EGFR — epidermal growth factor receptor ou récepteur du facteur de croissance épidermique — chez les personnes d’origine asiatique atteintes d’un cancer broncho-pulmonaire non à petites cellules (CBNPC) : selon les études actuelles, il semblerait que la race joue un rôle dans la génomique du CBNPC. En effet, les personnes d’origine asiatique non fumeuses seraient plus susceptibles de développer un cancer du poumon caractérisé par des mutations du récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR). La prévalence de telles mutations chez les personnes d’origine asiatique atteintes d’un adénocarcinome pulmonaire est d’environ 50 à 60 %, alors qu’elle n’est que de 15 à 20 % chez les personnes d’origine caucasienne. Les mutations de l’EGFR sont également celles que l’on retrouve le plus fréquemment chez les femmes d’origine asiatique atteintes d’un adénocarcinome pulmonaire qui n’ont jamais fumé. Il en va de même pour les personnes d’origine hispanique, qui sont plus susceptibles d’être porteuses d’une mutation de l’EGFR que les personnes blanches non hispaniques.
- Cancer du poumon chez les personnes d’origine latino-américaine : la prévalence de mutations conductrices dans l’EGFR et sur le gène KRAS chez les personnes d’origine latino-américaine diffère de la prévalence de ces mutations chez les personnes d’origines asiatique et européenne. Des études ont montré que les mutations du gène KRAS étaient plus communes chez les personnes d’origine latino-américaine atteintes d’un cancer du poumon.
- Cancer du sein triple négatif chez les femmes noires : les femmes noires sont davantage concernées par le cancer du sein triple négatif (CSTN), une forme particulièrement agressive du cancer du sein qui est souvent associée aux mutations du gène BRCA1. Cette forme de cancer du sein est dépourvue des récepteurs communément ciblés par les traitements hormonaux et nécessite souvent des traitements intensifs, dont l’issue est généralement moins favorable. Un dépistage plus précoce ainsi qu’un meilleur accès au dépistage génomique et à des traitements personnalisés permettraient d’augmenter le taux de survie des femmes noires atteintes d’un CSTN. Or, malgré l’incidence plus élevée de cette forme de cancer du sein chez ces femmes, celles-ci sont beaucoup moins susceptibles de bénéficier d’un dépistage génomique (selon des statistiques américaines).
- Cancer de la prostate chez les hommes noirs : les hommes afrodescendants présentent le taux le plus élevé de mortalité lié au cancer de la prostate au monde. Chez ces personnes, les tumeurs sont plus susceptibles de contenir des mutations du gène SPOP (speckle-type POZ protein), un gène suppresseur de tumeurs qui est l’objet de mutations dans environ 10 à 15 % des cancers de la prostate. Les mutations du gène SPOP ont déjà été associées à la forme agressive du cancer de la prostate.
Ces informations ont pour but de vous aider à comprendre l’importance de l’équité, de la diversité et de l’inclusion en médecine de précision et, en particulier, de la façon dont certains groupes raciaux et ethniques sont davantage touchés par certaines mutations génétiques et génomiques. Si vous avez des questions sur les mutations touchant plus particulièrement votre groupe racial ou ethnique, nous vous invitons à en discuter avec votre médecin, qui pourra vous fournir plus d’informations sur les options potentielles de dépistage qui s’offrent à vous et qui vous aidera à comprendre les répercussions qu’un tel dépistage pourrait avoir sur votre santé et vos options de traitement.
Défis liés à l’équité, à la diversité et à l’inclusion
- Sous-représentation dans les essais cliniques : de nombreux groupes ethniques minoritaires sont sous-représentés dans les essais cliniques, ce qui empêche de comprendre la façon dont ces groupes sont affectés par diverses mutations génétiques.
- Accès aux soins : les barrières socio-économiques peuvent limiter l’accès au dépistage génomique et aux différentes possibilités de traitements des personnes mal desservies.
- Sensibilités culturelles : les croyances culturelles et la défiance dans les systèmes de soins de santé peuvent amener certaines personnes à ne pas vouloir participer aux initiatives de médecine de précision.
Stratégies d’inclusion
- Améliorer la représentation dans la recherche : intensifier les efforts de recrutement de personnes d’origines ethniques diverses pour les essais cliniques afin que les données reflètent la diversité génétique.
- Améliorer l’accès aux soins : s’attaquer aux contraintes financières et aux disparités géographiques grâce à la mise en place de services de télésoins étendus et à de la sensibilisation dans les communautés.
- Faire de l’éducation ciblée : élaborer des ressources éducationnelles en adéquation avec les besoins et les préoccupations des différentes communautés ethniques dans un but de médecine préventive.
- Établir des partenariats avec des organismes communautaires : travailler avec des organismes communautaires dans le but de rétablir la confiance et d’intensifier les efforts de sensibilisation concernant le dépistage génomique et la médecine de précision.
Cliquez ici pour lire le rapport (en anglais) de l’organisme Health eMatters sur la promotion de l’équité, de la diversité et de l’inclusion dans les essais cliniques.