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La voix des personnes atteintes d'un cancer du sein

Éducation

blogue À nous la parole

Trois sœurs combatives face au cancer

Par Betty

Je suis une Loirétaine de 51 ans et j’habite près d’Orléans, à 120 kilomètres au sud de Paris. J’ai grandi entourée de femmes. Je suis la plus jeune d’une famille comptant cinq filles. J’ai 20 ans de moins que ma sœur aînée et 10 ans me séparent de ma quatrième sœur. Notre mère a reçu son diagnostic de cancer du sein en 1985 et à cette époque, les soins étaient terribles. En juillet 1986, mon père est décédé d’un arrêt cardiaque sûrement attribuable à son chagrin. Ma mère a été très courageuse et elle s’est battue de toutes ses forces. Elle est décédée en mai 1989. J’avais alors 20 ans. En raison de son diagnostic de cancer du sein, mes sœurs et moi faisons l’objet d’un suivi étroit.

En octobre 2015, j’ai appelé ma troisième sœur et j’ai ressenti un terrible choc en apprenant qu’elle était atteinte d’un cancer du pancréas inopérable. Je savais qu’il était difficile d’en guérir sans intervention. Je me rappelle crier : « Ce n’est pas possible ! Ce n’est pas possible ! » Ma sœur avait toujours été très douce avec moi. Elle s’était occupée de moi lorsque j’étais bébé, elle m’a changée, elle m’a dorlotée. La nouvelle de son diagnostic m’a atterrée.

Quelques jours après notre conversation, j’ai passé une mammographie de contrôle. La radiologue était préoccupée par une tache de quatre millimètres. Elle m’a rassurée en me disant qu’étant donné les dimensions de cette masse, il ne s’agissait probablement que d’une calcification. Je suis retournée la voir un mois plus tard pour un prélèvement. Elle n’a pas réussi à atteindre la masse. J’ai dû revenir un mois plus tard pour une biopsie par Mammotome. J’ai été stressée tout au long de l’examen qui a duré plus d’une heure. J’étais dans une position très inconfortable, allongée sur le ventre alors que le sein à analyser était pressé par une machine.

J’ai obtenu les résultats de la biopsie en février 2016. Eh oui ! Moi aussi j’aurais à me battre. Même si j’étais préparée à recevoir cette nouvelle, l’entendre n’a pas été facile. Puis des tas de questions ont surgi. Vais-je souffrir ? Quel sera mon protocole de soins ? Vais-je mourir ? … Un mois plus tard, mon chirurgien m’a expliqué très froidement qu’il devait retirer le tiers de mon sein et que 25 séances de radiothérapie m’attendaient. L’accompagnement empathique des malades demeure rare. L’opération s’est bien déroulée, mais constater que mon sein opéré était noir, déformé et très douloureux s’est avéré pénible. Les soins reçus ont eux aussi été accablants ! En novembre, j’ai dû subir une hystérectomie totale en raison des effets secondaires de mon cancer du sein. Subir deux interventions qui touchaient à ma féminité a été un grand bouleversement.

Ma sœur qui souffrait d’un cancer du pancréas a également dû se soumettre à 25 séances de radiothérapie. Nous avons commencé et terminé nos traitements le même jour. Je ne crois pas au hasard. Même si nous étions éloignées de plus de 400 kilomètres, nous luttions ensemble.

Un mois après ma radiothérapie, j’ai appris que ma sœur aînée qui avait subi une mastectomie unilatérale sept ans auparavant en raison d’un cancer du sein avait fait une rechute. Cette fois, son cancer du sein était de stade IV. Ses métastases s’étaient propagées au cerveau, aux os et au foie. Je connaissais l’évolution de ce type de cancer.

Mes sœurs ont subi plusieurs interventions. Je savais qu’elles souffraient, mais jamais elles ne se sont plaintes. Je ne les ai pas beaucoup vues durant leurs traitements ; je n’en avais pas la force en raison de mes propres traitements. Lorsque je les ai revues, elles avaient beaucoup changé physiquement : elles étaient amaigries, épuisées. Mais leur courage et leur gentillesse demeurent un exemple pour nous toutes.

L’année 2016 en a été douloureuse. Elle s’est terminée comme elle avait commencé. Les fêtes de Noël ont été les plus éprouvantes que j’ai connues. Physiquement, j’étais auprès de mes trois filles et de mon mari, mais je pensais sans cesse à mes sœurs. Ma sœur atteinte d’un cancer du pancréas a été hospitalisée et a subi de multiples interventions chirurgicales. Elle s’est battue de toutes ses forces, mais elle est décédée en mars 2017. Ma sœur aînée est également décédée en janvier 2018 après de longs mois de soins en raison de son cancer du sein métastatique.

Ce n’est qu’un an après mon propre cancer et mes traitements que j’ai réalisé pleinement ce que je venais de traverser. Mon moral n’était pas bon. Je me suis mise à lire davantage, j’ai commencé des activités manuelles et j’ai pris du temps pour moi. J’ai suivi des cours de reiki, de relaxation, de sophrologie, de qi gong et d’art thérapie. Même si j’avais trouvé des activités pour passer le temps, ma vie ne serait plus jamais comme avant après tous ces bouleversements. En juillet 2019, j’ai subi une reconstruction mammaire et en 2020, un tatouage. Je souhaitais extérioriser ces épreuves. De plus, j’ai décidé de m’exprimer en ligne et d’offrir un soutien aux autres par l’entremise d’Instagram et Facebook.

De cinq sœurs, nous ne sommes plus que trois. L’amour de mes proches m’aide énormément et me donne le courage d’avancer. Je leur en suis très reconnaissante.

Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire mon témoignage.

Les points de vue et les expériences exprimés à travers les histoires personnelles sur le blog Our Voices sont ceux des auteurs et de leurs expériences vécues. Ils ne reflètent pas nécessairement la position du Réseau canadien du cancer du sein. Les informations fournies n’ont pas été examinées médicalement et ne sont pas destinées à remplacer un avis médical professionnel. Demandez toujours conseil à votre équipe de soins lorsque vous envisagez vos plans et objectifs de traitement.