Apparus dans les années 1960, les implants mammaires en gel de silicone ont rendu possibles la reconstruction et les augmentations mammaires. Toutefois, à l’époque, il n’existait aucune norme claire sur le placement des implants.
Ceux-ci ont tout d’abord été placés au-dessus du muscle de la poitrine, le muscle grand pectoral, mais le risque de complications postopératoires s’est avéré élevé. Ces complications comprenaient la nécrose de l’étui cutané, c’est-à-dire la mort du tissu cutané laissé après la mastectomie due à un manque d’approvisionnement en sang, des infections et d’autres problèmes, tels que l’exposition externe de l’implant, une contracture capsulaire, c’est-à-dire le durcissement du tissu mammaire autour de l’implant et la formation de plis à la surface de la peau. Ces complications étaient dues au fait qu’il n’y avait pas assez de tissu pour couvrir l’implant de manière appropriée.
Pour pallier cela, les chirurgiens ont commencé à utiliser la méthode sous-pectorale qui permettait de positionner tout ou une partie de l’implant sous le muscle grand pectoral sans avoir à détacher le muscle de la paroi thoracique. Malgré son caractère fiable et sécuritaire, cette méthode présentait également des inconvénients : la contraction du muscle pouvait causer de la douleur, en raison des spasmes musculaires, ainsi qu’une déformation dynamique — phénomène où, en se contractant, le muscle pousse l’implant vers le haut, ce qui altère la forme du sein. La méthode sous-pectorale empêchait également l’expansion du pôle inférieur du sein, responsable du maintien du sein, ce qui donnait un sein mal défini et de forme peu optimale. Le placement d’une partie de l’implant sous le muscle pectoral, à partir du bas, permettait de donner une apparence plus naturelle au sein, mais cette méthode pouvait créer un « effet d’ombre », où le bord du muscle se voit à travers l’implant lors des fortes contractions du muscle.
Avec l’avancée des techniques de chirurgie plastique et de reconstruction mammaire, ainsi que l’apparition de nouveaux matériaux, les implants prépectoraux connaissent un regain de popularité. Les matrices dermiques acellulaires (MDA) ont fait partie des principaux responsables du succès de la reconstruction mammaire prépectorale moderne. Tout d’abord utilisées sur les grands brûlés dans les années 1990, les MDA sont des tissus biosynthétiques dérivés de source humaine, porcine ou bovine. Ces tissus sont utilisés comme des échafauds sur lesquels les tissus nouvellement créés peuvent se fixer et croître après l’opération. Les MDA ont commencé à être utilisées dans la reconstruction mammaire au début des années 2000. La méthode consiste à créer une poche de MDA dans laquelle on coud ou on enveloppe l’implant. On insère ensuite cette poche sous l’étui cutané laissé lors de la mastectomie, au-dessus du muscle pectoral, puis on suture le tout en place. Cette technique a permis de diminuer les risques associés aux implants sous-pectoraux et d’améliorer de manière significative les résultats obtenus dans les années 1960 et 1970 avec les implants prépectoraux, puisque la poche de MDA fonctionne comme une couche protectrice supplémentaire de tissu mou sous l’étui cutané.
Votre chirurgien pourra vous dire si un placement prépectoral de l’implant est possible dans votre cas en fonction de certains facteurs, comme la quantité et l’état du tissu mammaire restant à la suite de la mastectomie. Enfin, sachez qu’il est parfois nécessaire de réaliser une à trois greffes de graisse après une reconstruction mammaire afin d’épaissir la couche de tissu mou qui recouvre l’implant et empêcher la formation de plis à la surface de la peau.