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La voix des personnes atteintes d'un cancer du sein

Éducation

blogue À nous la parole


À la fille debout dans la jaquette d’hôpital bleue (3e partie)

Par Robyn Goldman

Adapté de billets initialement publiés sur le compte Instagram de Robyn et correspondant à des entrées de son journal intime destinées à ses abonnés et à elle-même alors qu’elle raconte son expérience avec un cancer du sein triple négatif à l’âge de 33 ans. Ce qui suit est la troisième partie.

93e jour : 21 janvier 2022

Alex, de Glow Up Wigs, m’a aidée avec une perruque et j’ai retrouvé ma coquetterie. Je t’en remercie du fond du cœur. Tu as su voir ma douleur à travers mes larmes, et tu as réussi à capturer ma beauté et mon énergie. Alex, ce que tu fais est incroyable. Maintenant, quand je me regarde dans un miroir, je fais un grand sourire. Et ça, le cancer ne peut pas me l’enlever. Même si je continue à m’aimer et accepter chaque version de moi-même, tu m’as redonné de la confiance au moment où j’en avais le plus besoin!

J’ai retrouvé ma couronne blonde.

104e jour : 1er février 2022

Câline… Moi, j’ai un cancer?

Pourtant, parfois, je n’en ai pas l’impression. Je suis toujours sous le choc. Comment? Pourquoi? Je passe à travers ces questions dans ma tête comme on fait défiler les pages des réseaux sociaux. Je sais que je n’obtiendrai jamais les réponses à ces questions et puis, quand bien même, quelle différence cela ferait-il?

Ce cancer représente un défi pour moi. J’ai parcouru la moitié du chemin et il me reste encore quatre tours à passer — cette fois-ci avec du Taxol. La joie d’avoir survécu au diable rouge (doxorubicine) a rapidement laissé place à l’incertitude de ce qui s’en vient.

Le mental est la partie la plus difficile de ce défi. Souvent, les bas prennent le dessus sur les hauts. La solitude est plus dure à supporter que les traitements. Je dois faire attention pour que la peur et l’incertitude ne gagnent pas.

En fait, ce cancer est un traumatisme. Je n’ai pas choisi cette situation et ce n’est pas comme si j’aurais pu l’éviter, mais il est hors de question que je le laisse gagner. La beauté est toujours là. De la beauté dans des choses que je ne voyais pas avant, mais qui me paraît si claire à présent.

134e jour : 3 mars 2022

Aujourd’hui, c’est la Journée mondiale du cancer du sein triple négatif (CSTN).

Il y a 134 jours, j’apprenais que j’avais un cancer du sein.

Il y a 134 jours, j’apprenais que j’avais un cancer du sein triple négatif.

Il y a 134 jours, ma vie changeait.

Il y a 134 jours, je suis tombée dans le terrier du lapin Google.

Selon Google, j’ai très peu de chance de survivre, car le cancer du sein triple négatif est l’un des cancers du sein les plus agressifs et les plus difficiles à traiter. Selon Google, il y a beaucoup de récidives. Mais ce que Google ne dit pas, c’est que je suis forte, courageuse et déterminée. Google ne dit pas non plus que ma famille, mes amis, mes collègues et ma communauté sont à mes côtés à chaque étape. Google ne m’a pas dit que je serais toujours sexy et coquine! Google ne m’a pas dit non plus que je continuerais à sourire et à rire, et que je m’en sortirais. Je ne suis pas une statistique et les pronostics ne reflètent pas ce que je suis. Je célébrerai chaque traitement, chaque radiographie et chaque rendez-vous comme s’il s’agissait d’étapes importantes à franchir pour parvenir à la guérison. Je célébrerai chaque jour de plus comme une victoire. Cette semaine, j’ai fait des analyses de sang, une IRM, de la chimio (pendant 5 heures et demie), une mammographie et une échographie en préparation à la prochaine étape, qui débutera le 15 mars : mon dernier de traitement de chimio.

146e jour : 15 mars 2022

C’est fait.

J’ai fait sonner la cloche.

Tout n’est pas encore fini. Il me reste à faire une opération et une séance de radiothérapie, mais j’ai fait un tiers du chemin.

172e jour : 10 avril 2022

Selon la science, il semblerait qu’en 2019, le cancer était déjà là. Je ne le savais pas. Pour être honnête, si on m’avait dit à l’époque que quelques années plus tard, on me diagnostiquerait un cancer, je ne l’aurais pas cru! Cela fait près d’un mois que j’ai terminé mon dernier traitement de chimio. Un mois que je plane. Un mois que je célèbre le passage de cette étape importante. Un mois à ne plus avoir de rendez-vous et à ne plus subir d’aiguilles. Un mois de réflexion. Un mois d’inquiétude et d’anxiété dues à cet état d’incertitude. Un mois de peur... La tumeur a-t-elle recommencé à grossir maintenant qu’on ne m’injecte plus ses poisons? Un mois à anticiper la suite et à me demander si les traitements étaient suffisants. Je suis en train de redescendre et d’épuiser les dernières gouttes d’adrénaline qu’il me reste. Quand je ne fais rien, je sens la peur grandir en moi. Derrière mon sourire, je suis terrorisée. Ce sentiment de peur s’en ira-t-il un jour? Ou devrai-je apprendre à vivre avec de la même façon que je devrai apprendre à vivre avec les cicatrices que le cancer aura laissées sur mon corps?

186e jour : 24 avril 2022

Nombre de jours depuis la fin de la chimio : 40

Nombre de jours depuis l’opération : 10

Cela fait six mois que j’ai ce cancer. J’ai de la difficulté à accepter tout ce temps passé et tout ce temps perdu. Combien de fois ai-je passé mes journées à pleurer? Combien de fois ai-je souhaité ne pas avoir ce cancer et me suis-je demandé pourquoi moi? Combien de fois ai-je prié pour que tout cela finisse et me suis-je imaginé une vie normale? Oui, ma bouche a exprimé ces pensées et mes yeux ont versé beaucoup de larmes. Mon corps souffre de ces nouvelles cicatrices qui couvrent ma poitrine et la douleur m’entraîne dans des recoins de mon âme que je ne connaissais pas. Et pourtant, ce temps perdu, je le récupérerai en années. Je m’efforce de me rappeler que mon corps ne sert pas seulement à souffrir, il sert également à aimer. Alors, j’apprends à adoucir ces pensées que ma bouche exprime parfois et à ouvrir mes yeux à la beauté qui m’entoure.

Si c’est ce à quoi ressemble ma nouvelle réalité, ça me va.